Des milliers de retraités dans la rue pour une hausse des pensions

information fournie parAFP24/03/2022 

Des retraités manifestent le 24 mars 2022 dans plusieurs grandes villes de France pour réclamer une hausse de leurs pensions ( AFP / Loic VENANCE )

« Ras-le-bol d’être maltraités »: plusieurs milliers de retraités ont manifesté jeudi dans une vingtaine de grandes villes pour réclamer une hausse des pensions, en pleine flambée de l’inflation et à deux semaines de l’élection présidentielle.

« Macron, rends les sous! »: dans le cortège parisien, le message était clair, son destinataire aussi. Selon les organisateurs, 3.000 personnes ont défilé dans la capitale en début d’après-midi, pour exiger comme certains un « 13e mois pour les retraités ». Le ministère de l’Intérieur en a dénombré 800 à Paris, 13.200 au total dans une soixantaine de manifestations en France.

Ancien chaudronnier, encarté à la CGT, Alain affirme qu’il « perd des sous tous les mois » quand « tout augmente, l’essence, les pâtes, les patates ». Résultat: « On ne va plus au resto une fois par semaine, on est obligé de se serrer la ceinture ».

Le pouvoir d’achat était au coeur des revendications du « groupe des neuf » syndicats et associations qui appelaient à cette journée de mobilisation, leur douzième depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron.

 

A deux semaines et demie du premier tour de l’élection présidentielle, et en pleine flambée de l’inflation, ils réclament un « rattrapage » de leurs pensions de retraite, qui n’ont déjà pas suivi la hausse des prix ces dernières années.

« On a trop longtemps estimé que les retraités étaient trop payés à ne rien foutre », déplore Gérard Gourguechon, ancien inspecteur des impôts et figure du syndicat Solidaires, dénonçant une « discrimination par l’âge ».

 

Des retraités manifestent à Paris, dans le cadre d'une journée nationale pour obtenir une hausse des pensions, le 24 mars 2022 ( AFP / Emmanuel DUNAND )

Des retraités manifestent à Paris, dans le cadre d’une journée nationale pour obtenir une hausse des pensions, le 24 mars 2022 ( AFP / Emmanuel DUNAND )

A Lyon également, dans une foule de 1.400 à 1.500 manifestants (respectivement selon la préfecture et la CGT), l’ex-informaticienne Sylvie Touleron regrette que les retraités soient « souvent oubliés, alors que notre niveau de vie ne suit pas », en particulier pour les femmes dont « beaucoup sont sous le seuil de pauvreté ».

Certains vivent même « dans la misère » et « on ne peut pas accepter ce genre de situation au XXIe siècle », s’indigne Robert Rutto, ancien employé dans une centrale nucléaire.

– « Manger des briques » –

Constat identique à Nantes, où 200 personnes ont manifesté en début d’après-midi, dont Régine Grasset, ancienne vendeuse: « J’ai travaillé 42 ans et aujourd’hui je touche 1.100 euros par mois. Parfois, en guettant les promotions au supermarché, je me dis +vraiment, tout ça pour ça ? »

Des retraités manifestent le 24 mars 2022 dans plusieurs grandes villes de France pour réclamer une hausse de leurs pensions ( AFP / Loic VENANCE )

Des retraités manifestent le 24 mars 2022 dans plusieurs grandes villes de France pour réclamer une hausse de leurs pensions ( AFP / Loic VENANCE )

A Lille aussi ont battu le pavé quelques centaines de « retraités intraitables », selon une pancarte. Venue dénoncer « une paupérisation des retraités », Agnès Hiret, ex-enseignante, juge la dernière revalorisation de janvier « très loin du compte » et demande « que la hausse des pensions suive celle de l’inflation ».

Ancien ouvrier de l’industrie chimique, Bernard Bourlon estime pour sa part qu’il a « des revenus corrects » mais se bat « surtout pour les suivants », car « si les jeunes ne se battent pas, ils vont manger des briques ».

Les doléances s’étendent aussi à la présence des services publics dans les zones rurales, au coût des complémentaires santé ou encore à la prise en charge de la dépendance par la Sécurité sociale.

« De plus en plus, on tend à passer de la carte Vitale à la carte bleue », a critiqué Jacques Auffèves, responsable de la CGT-Retraités du Rhône.

« Les retraités en ont ras-le bol-d’être maltraités », explique Monique Daune, secrétaire parisienne du syndicat d’enseignants retraités Snes-FSU.

Des retraités manifestent à Nantes le 24 mars 2022, lors d'une journée d'action nationale pour la hausse des pensions ( AFP / Loic VENANCE )

Des retraités manifestent à Nantes le 24 mars 2022, lors d’une journée d’action nationale pour la hausse des pensions ( AFP / Loic VENANCE )

« Les personnes âgées ont payé un lourd tribut pendant la crise sanitaire, et il a fallu le scandale Orpea pour que les pouvoirs publics se rendent compte qu’il y avait un problème », ajoute-t-elle.

D’autres manifestations ont réuni selon les autorités 700 personnes à Toulouse, ou encore une centaine au Puy-en-Velay et 220 à Caen (350 d’après la CGT).

Dans la capitale normande, Isabelle Cruchet, retraitée de la fonction publique, a estimé que « les pensions alimentent le dynamisme de l’économie » et lancé: « Quand aurons-nous le respect que nous méritons ? »

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