LICENCIÉE POUR AVOIR DORMI A L’EHPAD

LICENCIÉE POUR AVOIR DORMI A L’EHPAD OU ELLE DOIT S’OCCUPER DE 45 SENIORS, SEULE LA NUIT !
𝐋’𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞 𝐝’𝐮𝐧𝐞 𝐚𝐢𝐝𝐞-𝐬𝐨𝐢𝐠𝐧𝐚𝐧𝐭𝐞 𝐦𝐚𝐥𝐭𝐫𝐚𝐢𝐭é𝐞….
Tout le monde s’offusque de voir les maltraitances se multiplier dans les maisons de retraite. Mettant en cause les institutions qui ne font rien, qui par leurs exigences amènent à une surproduction de soins au détriment du bien-être et de l’accompagnement de qualité.
Il y a dans le lot de vrais personnes maltraitantes, ça existe bien sûr, car elles sont à bout, ou tout simplement parce qu’elles ont un mauvais fond.
Il y a des deux…
Mais voilà comment la maltraitance peut être utilisée pour détruire…. Côté soignant….
Il y a maintenant plus de 2 ans j’ai été licencié… d’un EHPAD bien sûr… du jour au lendemain, sans prévenir, sans rien comprendre, juste par un courrier me mettant à pied à titre conservatoire avant l’entretien de licenciement… Après 5 ans de service de nuit sans aucuns incidents, aucunes remarques.
L’incompréhension, la peur, la tristesse commence… Personne ne m’explique pourquoi.
A l’entretien je me défends, je nie, on me reproche d’avoir dormi sur mon lieu de travail, et de ne pas veiller assez sur ces 45 résidents dont j’ai la charge, seule, avec comme aide un agent de service logistique qui s’occupe du ménage. Alors que…. Je prenais le temps pour eux, et je donnerais tout pour mes patients, j’exerce toujours avec amour.
Il l’entend… et m’appelle quelques jours après pour me proposer une mutation dans un autre établissement, plus loin, à mauvaise réputation, une punition…
Je refuse
Il s’en suit le licenciement accompagné d’un courrier où se mêle mépris, diffamation, d’une agressivité folle, où on me fait passer pour une personne inhumaine, ni douce ni bienveillante, qui ne devrait plus exercer.
J’ai été viré pour maltraitance.
Ce qui est à l’opposé même de mes valeurs. Mais c’était tellement plus facile pour eux, pour se débarrasser de moi.
Mais en me marquant de ce fer rouge ils m’ont détruite. Brisé la confiance que j’avais en moi, dans les autres, mis un poids sur mes épaules, et ils m’ont privé de revenu, laissant une famille avec 2 enfants… sans rien…
Ils ont anéanti l’image que j’avais de moi, même si je la savais fausse… c’est un poignard qui touche le point sensible, surtout quand ton métier… viens d’une vocation.
Je ne voulais plus exercer, je n’osais plus, j’avais peur, j’avais honte, j’avais mal, et surtout je n’avais plus aucune confiance.
Pour subvenir à nos besoin j’ai finis par retrouver un emploi, dans un hôpital, quand même, je me suis dit « promis, c’est en attendant, le temps que je trouve autre chose, c’est bientôt fini »
Et j’ai redécouvert au fil des mois mon métier autrement, avec des personnes formidables qui m’ont redonné goût, qui m’ont sauvé de ce sable mouvant, redonné confiance dans mon côté professionnel et dans ce que je pouvais apporter. J’ai compris que j’étais juste…. Sortie d’un environnement malsain…
J’ai entamé une procédure aux prud’hommes, où je voulais juste que la vérité soit rétablie. Pour tourner la page de ce tourment.
Au terme de 2 ans et demie de procédures éprouvantes le verdict tombe….
J’ai perdue…. La justice a préféré les croire. Et je dois vivre avec ça. Autant dire que c’est retour à la case départ avec une perte conséquente de confiance et d’estime. Parce qu’en fait… on n’est rien.
Rien que des pions sans sentiments qu’on jette pour un rien et peu importe les dégâts psychologique (même en CDI…)
Rien que des employés à usage unique qu’on utilise, sur-utilise, exploite, malmène.
Rien que des êtres humains qui doivent encaisser la douleur, la souffrance, la maladie, et rendre sourire et bienveillance.
Rien que des soignants, qui aiment, qui rassurent, qui aident sans contrepartie…
Rien pour les dirigeants, rien pour la justice.
Aujourd’hui je lutte tous les jours pour cette plaie qui me saigne, pour garder foi en l’avenir et en l’humanité.
Il suffit de pas grand-chose pour détruire quelqu’un…. Comme il ne fallait pas grand-chose pour détruire le système de santé et son personnel.
Merci de m’avoir entendue… j’imagine que c’est aussi la voix de bien d’autres, il ne faut pas taire ces injustices.
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Christian Ribaud, Yves Thebault et 94 autres personnes
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