LR: Marine Le Pen n’a pas fait campagne pour les législatives, avançant même l’idée du danger pour les institutions que Macron ne dispose pas d’une majorité absolue. Elle est totalement dépassée par son succès qui l’oblige à avoir une politique et à agir alors qu’au cours de la précédente législature elle n’a rien fait d’autre que d’encaisser les chèques du pouvoir corrupteur. Dès son arrivée au Palais Bourbon, elle s’est vendue sans gêne à la macronie pour lui monnayer ses voix et en particulier pour empêcher qu’un soi-disant « anticapitaliste » puisse avoir un regard sur les finances de la France et les cadeaux faits aux milliardaires, qu’elle ne critique jamais. Le RN est un parti ultra-libéral qui est pour l’augmentation du « pouvoir d’achat » mais pas pour l’augmentation des salaires et encore moins de celle du SMIC. Dès les premières heures les « combinazione » avec LREM, LR et leurs alliés ont commencé, la collaboration en est à ses débuts, elle va prospérer et rapporter au RN un pognon de dingue. Et dire que des camarades avec un gilet jaune sur le dos, ont cru bon de voter et même d’appeler à voter pour le représentante du fascisme en marche, dernier rempart depuis toujours des puissants contre tout mouvement social. Que les nigauds se réveillent, le cirque parlementaire ne fait que commencer et va leur réserver bien des surprises !
Le député de La France insoumise a été élu, jeudi, à la tête de cette puissante commission après trois suspensions de séances et trois tours de scrutin.
Malgré la météo automnale, la température est vite montée, jeudi 30 juin à l’Assemblée nationale. Au Palais-Bourbon, il est 10h30 quand les députés se réunissent dans les huit commissions permanentes pour en désigner les présidents. Mais dans la salle des Quatre Colonnes, c’est la puissante commission des finances qui cristallise toutes les attentions.
Si les autres commissions sont présidées par la majorité, la « ComFi » revient à l’opposition. Mais à laquelle ? La Nupes et le RN se posent tous deux en principal groupe d’opposition dans l’hémicycle. La coalition de gauche est parvenue à se mettre d’accord sur un candidat unique : Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis et proche de Jean-Luc Mélenchon. Le RN envoie Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme et ancien bras droit de Nicolas Dupont-Aignan.
En embuscade, Les Républicains présentent la candidature de Véronique Louwagie, députée de l’Orne, tandis que le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot) porte celle de l’ex-LR Charles de Courson. Voilà pour les prétendants. La majorité respecte la tradition et ne prend pas part au vote, même si certains chez LR auraient souhaité qu’il en soit autrement pour contrer Eric Coquerel.
« Beaucoup de suspense »
« Nous avons respecté l’esprit des institutions, nous avons laissé les oppositions choisir », a ainsi insisté, devant la presse, Jean-René Cazeneuve, rapporteur général du Budget. De fait, un grand nombre de députés de la majorité a, dès l’ouverture de la séance, quitté la salle. « On n’a rien vu, on était tout le temps dehors. Les consignes étaient claires : on ne prenait pas part au vote », raconte Charles Sitzenstuhl, député LREM du Bas-Rhin. Résultat : sur les 72 membres de la commission des finances, seuls 41 députés vont déposer un bulletin dans l’urne. A 10h15, le scrutin est clos et le résultat est conforme aux pronostics : Eric Coquerel obtient les 20 voix de la Nupes, Philippe Tanguy, les 11 du RN, Véronique Louwagie les 8 de LR, et Charles de Courson les 2 de son groupe.
Pas de majorité absolue pour le député insoumis. Il faut organiser un deuxième tour, dont le résultat est identique au premier. Le troisième tour doit se jouer à la majorité relative. Sauf que le RN, LR et Charles de Courson tentent de faire basculer l’élection et de ravir le siège à Eric Coquerel. A 11 heures, les Républicains demandent une première suspension de séance de quinze minutes, suivie d’une nouvelle suspension à la demande du RN puis de Charles de Courson.
Pendant quarante-cinq minutes, les tractations vont bon train pour tenter de trouver un accord. Aux Quatre Colonnes, certains députés de la majorité passent et observent de loin les négociations. « Il y a beaucoup de suspense. On n’a jamais vu autant de caméras ici », remarque, en souriant, le député MoDem des Yvelines, Jean-Noël Barrot.
Des tractations, mais aucun accord
Les Républicains proposent « deux solutions de consensus », selon un député de droite : « Louwagie » et « Courson ». En clair, les députés de droite sont prêts à retirer la candidature de Véronique Louwagie au profit d’« une candidature de consensus » en la personne de Charles de Courson. Sauf qu’il leur faut aussi les voix du RN pour espérer l’emporter.
Du côté du parti de Marine Le Pen, un retrait en faveur du député de la Marne n’est pas à l’ordre du jour. « Il y a eu des discussions concrètes entre le RN, LR et Liot. On a essayé de trouver une solution », élude, dans un premier temps, Jean-Philippe Tanguy, à la sortie de l’élection. Le candidat du RN, qui ne décolère pas que « le principal parti d’opposition » n’ait pas obtenu la commission des finances, confirme en revanche une autre rumeur. Celle d’une présidence tournante entre lui, Véronique Louwagie et Charles de Courson. Ce dernier y était favorable « à condition que ce soit public pour moi dès le début ». Mais cette proposition « comète », selon ses termes, n’a pas fait consensus.
A 11h45, la séance reprend. Surprise : Charles de Courson retire sa candidature. « A partir du moment où il n’y avait pas d’accord LR/RN, le match était joué », assure Michel Castellani, député corse qui fait partie de la Liot. « J’ai bien compris qu’il y avait de l’eau dans le gaz pour un compromis, il n’y avait aucun sens à maintenir une candidature au 3e tour », poursuit le parlementaire. D’autant plus que Charles de Courson, dont la famille a perdu des membres dans des camps de concentration en 1945, refuse de profiter des voix de l’extrême droite, précise son entourage à Libération. Seul un vote de soutien surprise de la majorité aurait pu changer la donne, mais les députés du camp présidentiel ont maintenu leur position jusqu’au bout en s’abstenant.
Eric Coquerel « satisfait »
Peu avant midi, le troisième tour se joue. Eric Coquerel est élu avec 21 voix, contre 11 pour le RN et 9 pour LR. Le député LFI l’emporte avec une voix supplémentaire par rapport aux deux autres tours. Celle de Michel Castellani ? « Le vote est secret », élude le député. En se retirant, Charles de Courson a permis de libérer deux voix, la sienne et celle de Michel Castellani. Alors que le député de la Marne regrette devant les caméras que la majorité n’ait pas pris part au vote, un coup de téléphone l’interrompt. Au bout du fil, Jean-Luc Mélenchon. Pour le remercier d’avoir retiré sa candidature ? Ce dernier refuse de dévoiler la teneur de la conversation. Même avec une alliance LR/RN, Eric Coquerel n’aurait donc pas pu être battu, comme le relève le député LR Pierre-Henri Dumont.
Entouré d’une flopée de caméras, Eric Coquerel savoure son élection, « satisfait » que la majorité n’ait pas pris part au vote. « Je suis président de toute la commission des finances et j’entends faire en sorte que les droits de l’Assemblée soient respectés », déclare-t-il, dans un discours consensuel qu’il a également tenu devant ses pairs.
« Il a eu des propos rassurants dans son discours, je lui fais confiance », confirme Jean-René Cazeneuve. Ce qui ne suffit pas à balayer les doutes des autres députés. « Vu l’état et les enjeux des finances publiques, je suis forcément inquiet », livre un député LR. La « ComFi » sera plus que jamais au cœur des attentions médiatiques et politiques de cette législature.
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