NOUVEAUX BLINDÉS : DES ENGINS DE GUERRE ÉQUIPÉS POUR RÉPRIMER
– Nous sommes en guerre : mitrailleuses, lance-grenades, caméras nocturnes, pulvérisateurs chimiques… –
L’annonce avait eu lieu après les Gilets Jaunes, dans un pays sous état d’urgence sanitaire : le gouvernement passait une commande pour 90 nouveaux blindés destinés à «maintenir l’ordre». Les blindés de la gendarmerie n’étaient que très rarement utilisés en France métropolitaine contre des populations civiles. Macron les avait ressortis pour détruire les cabanes du la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, puis sur tout le territoire contre les Gilets Jaunes.
La facture totale avoisine les 60 millions d’euros. Il n’y a pas d’argent pour les écoles ni les hôpitaux, mais le budget semble illimité quand il s’agit de réprimer. Ces véhicules de guerre pèsent chacun 14,5 tonnes, bénéficient de 600 kilomètres d’autonomie, peuvent embarquer un équipage de 12 militaires et sont équipés d’un blindage. Ils devraient entrer en service très prochainement, et ont été exposés cette année au salon militaire Eurosatory, près de Paris. Pour ses promoteurs, «ils permettront aux forces de l’ordre de conduire des opérations de rétablissement de l’ordre dans des environnements dégradés, ainsi que des opérations sous le feu».
Les blindés sont conçus par une société française, Soframe, et assemblée en Alsace. Ce modèle est déjà utilisé dans un cadre de guerre. 90 de ces blindés ont par exemple déjà été vendus à l’Arabie Saoudite, actuellement en guerre au Yemen. La commande de l’État français est une aubaine pour la firme : «La commande de la gendarmerie va nous donner une excellente image à l’international. C’est un sacré label pour nous», explique un représentant de la marque. Quels sont les équipements de ce véhicule ?
Mitrailleuse
Au sommet se trouve un fusil mitrailleur FN MAG 58, fabriqué en Belgique, et capable de tirer jusqu’à 1000 coups à la minute. «Cette arme de guerre restera fixée au blindé peu importe la mission, même pour le maintien de l’ordre» explique le journaliste Maxime Reynié-Sirvins. Un représentant de la gendarmerie explique que «démonter et remonter l’arme en fonction des missions prendrait trop de temps et limiterait le blindé sur le terrain.» L’hybridation entre conflit militaire et maintien de l’ordre est parfaitement assumée. Une caméra intégrée permet de piloter la mitrailleuse, même pas besoin d’avoir un humain pour tirer depuis le toit du véhicule.
Lance-grenade en batterie
Un lance-grenades d’un genre nouveau est aussi placé sur le sommet. On peut y voir deux batteries de 15 canons. Ce lanceur permet de tirer 30 munitions d’un seul coup à deux reprises. Imaginez 30 grenades lacrymogènes ou explosives envoyées en une seule salve dans une ruelle. Saturation chimique totale. Il s’agit d’un lanceur conçu en Corée du Sud sous le nom de STARK-30n, pouvant tirer toutes la gamme de grenades utilisée par les forces de l’ordre française, fabriquées par Nobel Sécurité ou Alsetex.
Caméra HD
Derrière, une caméra haute définition ARES de l’entreprise française Syt Technologie, qui permet de voir dans «l’obscurité la plus totale.» De jour, la caméra est capable d’identifier une personne à presque 15 kilomètres contre 4 kilomètres de nuit. Pour compléter l’arsenal de surveillance, une tourelle est composée de micros «dédiés à la détection acoustique de tirs». Cette technologie équipe déjà des véhicules de l’armée.
Pulvérisateurs de gaz
Dernière innovation, la présence autour du véhicules de pulvérisateurs de gaz, situés à hauteur d’homme. «Une fois activé, ce système enveloppe le véhicule dans un brouillard lacrymal» en cas de «contact» avec les manifestants. Ce dispositif ressemble aux diffuseurs qui équipent les blindés de la police chilienne, qui propulsent du gaz hyper concentré sur leur passage. Lors des Gilets Jaunes, les anciens blindés français déployés à Paris avaient été dotés d’un dispositif de «pulvérisation» d’un produit «incapacitant». Un lacrymogène hyper concentré contenu dans des bouteilles sous pression, capable de «pulvériser» sous forme d’épandage sur l’équivalent d’une surface de «un à deux terrains de football» expliquait le journal Marianne. Il s’agit probablement du même dispositif en version «améliorée».
Le régime ne tient plus que par sa police. Il est en guerre contre sa propre population. Une guerre unilatérale, pour le moment, tant l’appareil répressif écrase toute forme de contestation, aussi timide qu’elle soit.
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Article réalisé avec l’aide de l’enquête du journaliste Maxime Reynié-Sirvins
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