POINT SUR LA SÉCHERESSE EN EUROPE : MANQUE D’EAU ET INCENDIES, UN PRÉSENT POST-APOCALYPTIQUE

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POINT SUR LA SÉCHERESSE EN EUROPE : MANQUE D’EAU ET INCENDIES, UN PRÉSENT POST-APOCALYPTIQUE
En moins d’un mois, déjà plusieurs pics de chaleurs et canicules ont traversé une partie de l’Europe et des régions méridionales, d’abord au milieu du mois Juin, puis cette dernière semaine.
Avant de faire un bref état des lieux de la situation catastrophique que connaît l’Europe, nous avons un petit message adressé aux climato-sceptiques. Oui, la météo est changeante par définition. Il y a parfois des surprises, des imprévus, et il peut faire parfois plus chaud ou plus froid que prévu, des tempêtes peuvent survenir brutalement, on peut avoir un hiver trop doux ou glacial, un été pourri, de la neige dans le Sahara, nos grands parents avec des photos de grêlons de la taille d’une balle de tennis et tout ce que vous voulez.
Vous trouverez des records de chaleur et de froid datant d’un siècle, parfois plus. Personne ne nie ça.
Néanmoins, un simple coup d’oeil aux tendances générales, nous permet d’énoncer des constats simples et factuels :
– ll fait de plus en plus chaud, partout sur la planète, et ces hausses sont significatives
– De plus en plus fréquemment, nous assistons à des phénomènes météorologiques extrêmes (tempêtes tropicales, cyclones…).
– Les principaux courants marins et certains vents se détraquent progressivement
– Les glaciers, la banquise et les Icebergs disparaissent à un rythme effrayant.
– Les rivières alternent de plus en plus entre sécheresses chroniques et crues passagères. Ce à quoi s’ajoute leur pollution toujours plus importante par l’activité humaine. Plastique, métaux lourds, pesticides, etc. Tous ces déchets toxiques contaminent ensuite les océans et les nappes phréatiques.
– La houle est également à prendre en compte. On constate d’importants changements concernant l’intensité et la force des vagues.
– La faune décline à un rythme effrayant à cause de l’activité humaine, pollution et climat
Nier les faits, et crier aux complots ou à la manipulation de masse ne fera que vous rendre complices de la poignée d’ultra riches qui ne se sentent pas concernée par la possible extinction du vivant, aux côtés de nos politiques et de nos institutions qui méprisent totalement les recommandations et alertes des scientifiques. Nous nous dirigeons à minima vers un déclin généralisé des espèces animales et végétales, ce qui s’apparente à la destruction des biosphères sur l’ensemble du globe. Il n’est plus possible de fermer les yeux. Cela étant dit, venons en maintenant aux événements des dernières semaines, qui sont on ne peut plus révélateurs.
QUELQUES DONNÉES SUR LA SITUATION EN EUROPE :
Cette semaine, en France 63 communes ont battu des records de chaleur, en particulier dans l’Ouest du pays. Ces régions aux climats océaniques sont généralement moins sujettes à de telles vagues de chaleur que les régions sous l’influence d’un climat continental dans lesquelles l’écart de température est plus élevé d’une saison à l’autre.
Pourtant, pour la première fois de son histoire, l’Angleterre à atteint les 40°C (le précédent record était de 38). De son côté, le Pays de Galle franchit pour la première fois la barre des 35°C. Dans le Nord de la France et en Belgique, la température a oscillé entre les 36 et les 40°C. Aux Pays-Bas, elles ont avoisiné le record de 2019 pourtant considéré comme exceptionnel (40,3 degré). Enfin, pour n’en citer qu’un, Dublin a également battu son record avec plus de 29°C, ce qui est normalement énorme pour l’Irlande.
Parmi les caractéristiques qui différencient le “simple” pic de chaleur de la canicule, on trouve notamment l’incapacité de l’air à se rafraîchir la nuit et l’absence de rosée. Nous sommes nombreux à avoir connu des nuits suffocantes en début de semaine. Un record absolu a d’ailleurs été battu en Normandie, à la Hague, où une température de 32,8 degrés a été enregistrée, à 3 heures du matin !
Il y a également un phénomène qui a été très peu médiatisé au cours de la première vague de chaleur fin juin. Comme l’ont souligné à juste titre nos confrères de Contre-Attaque, on ne s’intéresse pas suffisamment aux vents. Définis par la circulation atmosphérique, les vents sont complexes, et comportent aussi leur lot d’anomalies ou de phénomènes rares qui se multiplient.
Quelques exemples :
– Le 19 juin, à Deauville, les températures ont chuté de 18°C, une tempête s’est levée en quelques instants avec des vents dépassant les 100km/h
– Dans les Pyrénées orientales, la nuit du 14 au 15 Juillet, au Cap Béart, un record de chaleur a été battu à 2h26 du matin. Un phénomène “Heat Burst”, a fait grimper le mercure de 22 à 37 degrés avec des rafales de vents allant de 100 à 150 km/h et le taux d’humidité s’est effondré en passant de 80 à 16%.
– Au Pays Basque de même qu’en Bretagne, on a enregistré des chutes de températures de près de 20 degrés en moins d’une heure.
46 % DE L’UNION EUROPÉENNE CONFRONTÉE À LA SÉCHERESSE, DÉJÀ 11% EN ÉTAT D’ALERTE
Un chiffre inquiétant pour la mi-juillet avancé par la Commission Européenne.
De l’Irlande au Royaume Uni en passant par l’Europe centrale, ainsi que par la Suisse, l’Autriche, le nord du Portugal, l’Italie, l’Espagne, la France ou encore l’Allemagne, il semblerait que l’agriculture soit fortement compromise cette année. “La France, la Roumanie, l’Espagne, le Portugal et l’Italie devront probablement faire face à la baisse du rendement des cultures », notamment de céréales, générée par « le stress hydrique et thermique », (source : exécutif européen) ».
Le manque d’eau a également des répercussions préoccupantes sur les centrales et les retenues : “La production d’énergie des centrales hydroélectriques jusqu’à début juillet était inférieure à la moyenne 2015-2021 pour de nombreux pays européens, notamment en Italie (– 5 039 GWh par rapport à la moyenne), en France (– 3 930 GWh) et au Portugal (– 2 244 GWh)” (source La Croix). De nombreuses rivières ont un niveau très bas, à l’image du Rhin.
Le nord de l’Italie est un exemple frappant, puisque la région traverse actuellement une période de sécheresse extrêmement inquiétante, la pire en 70 ans. Le Pô, principal fleuve du pays, est presque à sec par endroit. L’Agence Spatiale Européenne a récemment présenté une carte de l’évolution du fleuve qui nous informe que celui-ci a perdu 80 % de son débit. On y voit des plages de sable s’agrandir au fil du temps. La production de sauce tomate, de riz ou d’huile d’olive y est compromise.
Plus inquiétant encore, le recul du fleuve a engendré une avancée de l’eau salée de la mer Adriatique qui a pénétré de plus de 30km dans les terres (source Reporterre). Les conséquences d’un tel phénomène se feront ressentir sur le long terme. Il faudra des années pour dessaliniser la terre. Comme en France, l’une des causes principales serait l’absence de pluie significative durant l’hiver, peu de neige et qui plus est, une fonte précoce.
Dans l’Hexagone, la situation est similaire, il serait trop long de lister tous les départements touchés par la sécheresse et dont les rivières et les plans d’eau sont descendus des niveaux dangereusement bas. Beaucoup de départements ont atteint un niveau d’assèchement préoccupant, parfois inédit. Trois quart d’entre eux sont visés par des restrictions d’eau, plus exactement 76 le 20 Juillet, dont 13 placés en vigilance.
A court terme, c’est aussi la gestion d’eau potable qui devient un enjeu, certaines communes se retrouvent déjà à la limite de la pénurie.
N’oublions pas non plus toute la biodiversité qui résulte et dépend des cours d’eau.
Une rivière ou des plans d’eau, ce n’est pas seulement des poissons et des amphibiens. En effet, c’est l’ensemble des écosystèmes qui en dépendent plus ou moins directement.
La baisse du niveau d’eau et la hausse des températures en milieu aquatique sont un véritable danger pour de nombreux êtres vivants qui risquent l’asphyxie. Sans oublier qu’elles favorisent le développement des cyanobactéries (ou “algues” bleues) dont la prolifération a fortement progressé ces dernières années, empoisonnant humains et animaux. En plus de la chaleur, la dispersion d’azote et de phosphate amplifie leur propagation, de la même manière que pour les algues vertes ou encore les sargasses.
INCENDIES DES ZONES HUMIDES AUX PLUS SÈCHES : UN SANS PRÉCÉDENT
L’EFFIS, système d’information sur les incendies en Europe est sans équivoque : jamais les feux de forêt n’ont pris de telles proportions.
Les images n’ont échappé à personne : 20 300 hectares sont déjà partis en fumée en Gironde, c’est-à-dire la surface de Paris et de sa banlieue proche. Si cette région est connue pour régulièrement abriter des feux de forêts, notamment de résineux (conifères, landes…), propices à brûler plus vite, il est évident que la sécheresse joue un rôle considérable qui facilite largement leur propagation.
Beaucoup moins courant dans une région à l’accoutumée humide, 1700 hectares sont partis en fumée dans le Finistère, au centre de la Bretagne, avant que l’incendie soit progressivement maîtrisé par les sapeurs-pompiers.
Dans le reste de l’Europe, habituée aux incendies, l’Espagne a perdu 25 000 hectares en Galice et dans le Sud de l’Andalousie près de Malaga. C’est également le cas du Portugal qui a perdu près de 15 000 hectares, de même pour la Grèce où plusieurs cités de la banlieue d’Athènes ont été évacuées. Idem au Maroc, de l’autre côté de la Méditerranée.
L’Europe est tout sauf une exception et le problème est mondial
En 2019 et 2020 le monde regardait l’Amazonie, la Sibérie ou encore l’Australie brûler sans se soucier du deuxième poumon de la terre : la forêt équatoriale d’Afrique centrale. Celle-ci était pourtant elle aussi décimée par les flammes.
Depuis, aucune mesure n’a été prise et la situation continue de se détériorer. 2022 aura été une année dévastatrice.
L’Asie du Sud a récemment été confrontée à une canicule asphyxiante. Les températures ont dépassé les 50°C en Inde et au Pakistan. Selon le WWA (World Weather Attribution), cette vague de chaleur normalement exceptionnelle et centenaire a été rendue 30 fois plus probable par le réchauffement climatique.
En février dernier (équivalent du mois de Juillet dans l’hémisphère sud), ce sont plus de 800 000 hectares qui sont partis en fumée dans le Corrientes en Argentine.
L’Afrique du Sud, le Canada, le Bangladesh et une partie de l’Inde ont eux été submergés par des inondations conséquentes.
La montée des eaux et la chaleur extrême rendra bientôt des zones inhabitables, en particulier en Asie du Sud-Est, c’est-à-dire dans le premier foyer de peuplement humain, ou encore sur certaines îles, notamment dans le Pacifique.
Si le Sud Global sera dans un premier temps le plus touché, le désastre est d’ores et déjà mondial et nous courrons à notre propre perte.
De plus, du dérèglement climatique pourrait également survenir des catastrophes naturelles susceptibles de donner lieu à des catastrophes industrielles, y compris de
types nucléaires.
Fukushima ne nous a pas servi de leçon. Il suffirait d’un incendie incontrôlable trop près des réacteurs, d’un barrage qui cède sous la pression de l’eau (scénario redouté à Vouglans), d’une usine chimique emportée par les flots…les scénarios ne manquent pas. Il n’y a qu’à observer les événements du début de semaine. L’incendie des Monts d’Arrée est passé à proximité de l’ancienne centrale nucléaire de Brennilis. De même que de nombreuses usines classées Sevezo « seuil haut » se situent dans le Sud-Est de la France, en particulier dans les Landes où l’on en trouve une dizaine.
Marguerite Duras disait en 1986 : « Maintenant on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles comment la planète va mourir, non pas comme une probabilité mais comme l’histoire du futur. On leur dirait qu’on a découvert des feux, des brasiers, des fusions, que l’homme avait allumés et qu’il était incapable d’arrêter. Que c’était comme ça, qu’il y avait des sortes d’incendie qu’on ne pouvait plus arrêter du tout. Le capitalisme a fait son choix : plutôt ça que de perdre son règne. »
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