Juliette Desmonceaux avec AFP
Un risque nucléaire à Zaporijjia? La centrale, située dans l’est de l’Ukraine, à 300km au sud de Kharkiv, et placée sous contrôle russe, a été visée par de nouvelles frappes vendredi et dans la nuit de samedi à dimanche. Par précaution, un des réacteurs a été fermé samedi. Le bâtiment se trouve au coeur du conflit entre l’Ukraine et la Russie depuis plusieurs mois, alors que chaque camp s’accuse de la responsabilité des tirs.
Un nouvel « acte de terreur » selon Zelensky
Vendredi, de nouvelles activités militaires ont été menées autour de la centrale de Zaporijjia. Selon la compagnie ukrainienne de l’énergie atomique (Energoatom), les bombardements ont « gravement endommagé » une station renfermant de l’azote et de l’oxygène et un « bâtiment auxiliaire ».
« Il existe toujours des risques de fuite d’hydrogène et de substances radioactives, et le risque d’incendie est également élevé », s’est inquiétée la compagnie sur Telegram.
Ces frappes ont été fermement condamnées dans la nuit de vendredi à samedi par Volodymyr Zelensky, y voyant un « crime éhonté » et un « acte de terreur », mené, selon lui, par les forces de Moscou. « La Russie doit porter la responsabilité du fait même de créer une menace pour une centrale nucléaire », a-t-il affirmé.
De premiers tirs 9 jours seulement après le début du conflit
Les frappes survenues vendredi ne sont pas une première. Début mars, des bombardements ont visé le bâtiment, provoquant un incendie, neuf jours après le début du conflit. D’incroyables images, révélées par le New York Times, ont montré l’attaque depuis l’intérieur du bâtiment. « Arrêtez de tirer », peut-on entendre lancer une voix depuis l’un des haut-parleurs de l’installation.
Début juin, le directeur d’Energoatom, Petro Kotin, a confirmé le passage d’un missile à basse altitude au-dessus de la centrale, dénonçant un « acte extrêmement dangereux ». Il assure à l’époque qu’il s’agit du quatrième incident de ce type depuis le début du conflit.
Une situation « de plus en plus alarmante »
Ces tirs suscitent l’inquiétude de nombreux acteurs internationaux depuis plusieurs mois, alors que la centrale renferme de l’hydrogène et des substances radioactives, faisant courir un risque de catastrophe nucléaire dont les conséquences dépasseraient largement les frontières ukrainiennes.
Le ministère ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a mis en garde face aux risques potentiellement désastreux engendrés par les tirs, « équivalents à l’utilisation d’une bombe atomique », tandis que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a dénoncé une situation « préoccupante » dès fin avril. Elle a ensuite jugé samedi soir, après les derniers tirs, qu’elle apparaissait désormais « de plus en plus alarmante ».
L’Union européenne (UE) a elle aussi déploré samedi la « violation irresponsable » des règles de sécurité nucléaire, après les tirs, et condamné ce qui constitue, selon eux, un « nouvel exemple du mépris de la Russie pour les normes internationales ».
Ukraine et Russie se rejettent la faute
Après les frappes, Volodymyr Zelensky a accusé vendredi l’armée russe d’avoir frappé « à deux reprises la centrale nucléaire de Zaporijjia ». L’accusation est cependant rejetée par la Russie qui parle de son côté de tirs d’artillerie par les forces de Kiev.
Le 21 juillet, la Russie avait déjà accusé les forces ukrainiennes d’avoir frappé au drone sur le territoire de cette centrale nucléaire, la plus grande d’Europe.
Mi-juillet, Energoatom a par ailleurs accusé la Russie d’avoir déployé des lanceurs de missiles sur le site de la centrale ukrainienne pour tirer notamment sur les régions de Nikopol et de Dnipro.
Un site sous contrôle russe
Si l’Ukraine accuse la Russie d’être l’auteur des tirs, cette mise en cause pose question.
« Le site est occupé par les Russes et on ne voit pas très bien pourquoi ils auraient tiré dans la zone », s’interroge Michel Goya, consultant défense pour BFMTV.
En effet, les forces de Moscou ont pris le contrôle de la centrale début mars, tandis que la compagnie énergétique ukrainienne « en assure toujours le contrôle et l’exploitation », selon l’expert.
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