Le 11 août, Le Figaro a publié sur ses réseaux une vidéo de la « journaliste » Isabelle Schmitz, dans laquelle celle-ci reprend à son compte les thèses de Pío Moa, écrivain espagnol vivement critiqué pour ses positions révisionnistes au sujet de la guerre d’Espagne.
En quatre minutes elle se livre à une réécriture totale des origines du conflit qui culmine lorsqu’elle nous explique que le général Franco était en vérité un partisan de la voie légale et un opposant à la violence. Elle n’hésite pas non plus à qualifier sur son compte Twitter le bombardement de Guernica comme d’un « cas d’école de propagande efficace très éloignée de la réalité ».
Le franquisme a été l’une des périodes les plus sombres de l’histoire espagnole. Francisco Franco était un dictateur, directement responsable de la mort de dizaines de milliers d’individus. Vouloir réécrire l’histoire et le présenter comme le sauveur du pays relève du mensonge, de la manipulation, de la tromperie, et c’est là quelque chose de dangereux.
De même qu’il est on ne peut plus malhonnête de résumer la révolution espagnole à l’action du PSOE, qui est d’ailleurs en partie responsable de son échec. En quatre minutes de vidéo pas une seule fois il n’est mentionné l’existence de la CNT ou des milices du POUM, qui jouaient un rôle tout aussi important dans les premières heures de la révolution et qui jamais, n’ont tenu Staline en admiration ou cherché à mettre en place un « pays soviétique »
Le Figaro relaye des propos mensongers, en les présentant comme étant une vérité absolue et tentent ainsi de renverser complètement l’échelle des valeurs de la guerre civile. A ses premières heures, la révolution espagnole était porteuse de justice sociale, d’égalité, de fraternité et d’émancipation, tandis qu’en face, ses adversaires défendaient une ligne réactionnaire, autoritariste et cléricale.
Ces tentatives de réécriture de l’histoire sont d’autant plus inquiétantes qu’elles deviennent de plus en plus fréquentes. Hier, Pétain, sombre souvenir d’une France collaborationniste, responsable de la déportation des milliers de personnes de confession juive, était réinvesti par plusieurs personnalité politique. Aujourd’hui, Franco, dictateur de la pire espèce, nous est présenté comme le sauveur de l’Espagne. Quelle est la prochaine étape ? Viendra-t-on nous expliquer demain qu’Hitler a sauvé l’Allemagne de l’effondrement et que le pire génocide de l’histoire de l’humanité n’était en faite qu’une simple propagande très éloignée de la réalité ? Il s’agit là d’une démarche qui vise à faire passer l’extrême-droite comme une alternative acceptable.
Ces manipulations incessantes qui émanent de la droite la plus réactionnaire qui soit doivent donc absolument être combattues. Elles n’ont leur place nulle part, encore moins dans les médias puisqu’elles contribuent à alimenter un ridicule mais inquiétant renversement des valeurs.
Carlos Thomas Images Juggler et 288 autres personnes
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