Emmanuel Macron à Pau/Pancartes confisquées chez un couple du Foirail : la police s’explique

Avant l’arrivée du président de la République, des habitants du quartier du Foirail avaient accroché une pancarte : « Je veux pouvoir partir à la retraite avant l’effondrement climatique »

Jean-Philippe Gionnet
PAR A-S. ESTRUCH, E.NORMAND ET S. LAMARQUE, PUBLIÉ LE , MODIFIÉ .
Avant l’arrivée d’Emmanuel Macron, la police est montée dans les étages d’un immeuble du Foirail pour confisquer des pancartes brandies par des voisins du pôle culturel. Le patron des policiers s’explique.

Le déploiement policier était massif dans les rues et autour de la place de Foirail pour cette venue présidentielle. Et les rares habitants qui se pressaient derrière les barrières pour essayer d’apercevoir Emmanuel Macron à son arrivée ont surtout touché de près la dimension sécuritaire qui entoure le déplacement d’un chef d’État.

Malheur ainsi à ceux qui stationnaient derrière les barrières. « Ne restez pas statiques, il faut bouger » ont lancé plusieurs fois les policiers en direction de rares quidams, un peu trop immobiles à leurs yeux. « C’est la consigne que nous avons reçue » justifiait l’un d’entre eux.

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Intervention chez un couple

Au deuxième étage d’une maison dominant la place, un couple a lui vécu une mésaventure plus marquante après avoir brandi une pancarte à sa fenêtre, une vingtaine de minutes avant l’arrivée du cortège. Un carré de carton affichant un message : « Je veux pouvoir partir en retraite avant l’effondrement climatique. » Une seconde pancarte, sur une fenêtre voisine, indiquait elle « Tout va bien dans le meilleur des mondes… Ou 1984, je ne sais plus ».

Les pancartes étaient installées aux fenêtres depuis 7h du matin.
 Les pancartes étaient installées aux fenêtres depuis 7h du matin.

Jean-Philippe Gionnet

Une action qui a déclenché une réponse policière rapide. Des policiers ont demandé que les pancartes soient retirées et ont, en suivant, gravi les étages pour les confisquer. Ils avaient un passe pour ouvrir la porte de l’immeuble et un bélier.

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« Les policiers ont menacé de défoncer la porte » témoigne le couple. « Ils ont dit « si vous gueulez, on vous emmène » ». À noter que ces pancartes n’avaient même pas été confectionnées pour l’occasion mais remontaient à une précédente mobilisation et ont été ressorties des placards pour l’occasion.

Trois policiers sont restés avec le couple dans l’appartement jusqu’à ce que le cortège entre dans le Foirail. Ils ont relevé les identités des occupants. « Je suis quand même chez moi. Je suis propriétaire » raconte l’habitante de 42 ans, incrédule, au regard de cette intervention, qui a suscité de nombreux commentaires désapprobateurs sur les réseaux sociaux.

« C’est choquant. Une inauguration avec les citoyens tenus à distance. Ou même une simple pancarte est interdite » s’est par exemple indigné l’élu et opposant palois Olivier Dartigolles.

Le couple a assisté à l’inauguration du Foirail depuis leur fenêtre… sans leurs pancartes.
 Le couple a assisté à l’inauguration du Foirail depuis leur fenêtre… sans leurs pancartes.

Anne-Sophie Estruch

« Ils ont proposé le café aux policiers »

Le directeur départemental de la sécurité publique, David Book, patron des policiers du département, explique que cette intervention des policiers « ne s’est pas déroulée hors cadre » et évoque « un climat très serein après l’ouverture de la porte ».

Les policiers sont intervenus dans le cadre du périmètre de protection établi par arrêté préfectoral. « Ce n’est pas l’interdiction de manifester sur la voie publique qui a justifié l’intervention, mais la protection de la personnalité du chef de l’État, précise David Book. À partir du moment où on a des personnes, qui, depuis leur balcon, affichent des slogans revendicatifs, il fallait qu’on s’assure qu’elles n’ont pas de velléité de s’en prendre au chef de l’État, ou à la foule, aussi près du lieu de dépose du président. »

Au-delà du premier échange « compliqué » avec le couple, l’intervention s’est déroulée « dans un climat très serein à partir du moment où ils ont ouvert leur porte sans difficulté, indique le commissaire divisionnaire. Ils ont même proposé le café aux policiers à plusieurs reprises par la suite ».

Du côté de la préfecture, on confirme que l’intervention a eu lieu dans le cadre du “périmètre de protection aux fins de prévention d’un acte de terrorisme et de sécurisation de la visite officielle du Président de la République française” prévu par l’article 2 de l’arrêté préfectoral.

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