Blocages: l’exécutif face au risque de la contagion

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Emmanuel Macron. LUDOVIC MARIN/AFP

DÉCRYPTAGE – Les opposants de gauche cherchent à étendre les blocages et visent Emmanuel Macron.

Car le climat s’est singulièrement tendu mercredi dans les raffineries. En accentuant la pression sur les grévistes avec la menace de réquisitions, l’exécutif a vu des syndicats reconduire les appels à la grève et d’autres rejoindre le mouvement. Pour l’heure, le dépôt de carburant de TotalEnergies de Flandres, près de Dunkerque, n’est pas concerné par les réquisitions, mais, selon le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, il est le prochain sur la liste.
Là aussi, la CGT a reconduit la grève, mais, dans la journée de mercredi, la direction de TotalEnergies a annoncé qu’elle allait recevoir individuellement les syndicats. Peine perdue? Quelques heures plus tard, FO annonçait qu’il rejoignait la CGT dans la grève pour dénoncer la décision du gouvernement de procéder à des réquisitions de personnels. Bref, le climat social se tend alors que le temps presse pour permettre aux familles de partir en vacances dans dix jours. Et le climat politique est à l’avenant.

Dans une Assemblée nationale déjà chauffée à blanc par le débat sur le budget et l’ombre du 49-3 qui plane sur l’Hémicycle, les députés de la Nupes soufflent sur les braises de la contestation dans les raffineries. «J’espère que ce sera l’étincelle qui déclenchera un mouvement de grève générale, parce que la colère dans le pays est telle que je pense qu’il y a vraiment matière à bloquer et à changer les politiques libérales qui sont mises en place par le gouvernement», a déclaré la députée écologiste Sandrine Rousseau.

Mouvement spontané

Mais la grève générale ne se décrète pas. C’est un mouvement spontané qui part des salariés. Les syndicats le savent, qui ne lancent jamais un tel mot d’ordre. Les politiques aussi, qui tentent de mobiliser la base. «Toute une série de secteurs aujourd’hui qui trouvent qu’ils sont dans une situation de mauvaise rémunération devraient rentrer dans le mouvement», a ainsi demandé le député LFI Alexis Corbière sur RTL. De son côté, la patronne des députés LFI, Mathilde Panot, s’est rendue parmi les grévistes d’ExxonMobil à Gravenchon pour leur apporter son soutien et chauffer les grévistes: «Ce dont ils ont peur, au plus haut niveau de l’État, c’est que ces grèves fassent tache d’huile un peu partout.»

Pour la Nupes, il s’agit de réussir à coaguler les mécontentements qui montent dans le pays à partir de la grève dans les raffineries. Problème, les files d’attente qui s’allongent dans les stations-service et les difficultés à trouver de l’essence ne contribuent pas à rendre le mouvement populaire. Encore moins depuis que la direction de TotalEnergies a dévoilé le salaire moyen de 5 000 euros dans les raffineries.

Selon une enquête Elabe pour BFM, la mobilisation des grévistes des raffineries pour leur salaire n’est que modérément soutenue dans l’opinion. Pour 42 % des Français qui approuvent le mouvement, 40 % le désapprouvent. Et encore, le conflit social ne touche pour l’instant qu’une partie du territoire. Mais, dans cette crise, c’est l’exécutif qui est surtout mis en cause, avec 8 Français sur 10 qui jugent que le gouvernement d’Emmanuel Macron n’est pas à la hauteur.

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