2023, le soulèvement général ou l’asservissement durable en France

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Enfin, l’année 2022 touche à sa fin. Une année qui aura été marquée en France par l’écrasement des plus pauvres et fragiles, et ce dans une apathie assez étonnante et inédite.
Depuis 2018 et l’éclosion des Gilets Jaunes, nous n’avions jamais passé autant de temps sans que le pouvoir libéral ne soit bousculé et défié par le peuple.
Malgré le choc du covid et des restrictions, il y avait eu des luttes très fortes : GJ encore, mais aussi marches pour le climat, le mouvement BLM, contre la négrophobie et les violences policières, la mobilisation contre la loi sécurité globale ou encore contre le sexisme et le patriarcat.
En 2022, les crises ne se sont pas calmées, elles ont même prospéré : guerre en Ukraine, crise énergétique, crise climatique, inflation, violences d’état, sécheresse et canicule…
Pourtant rien sur l’écologie à part la mobilisation exemplaire menée contre le projet des megabassines, aucun mouvement anti-guerre et contre les états de guerre et donc contre l’impérialisme, ni même contre la hausse des prix ou la montée du fascisme.
On aurait pu croire que ces événements allaient provoquer des mouvements sociaux importants.
Le pouvoir économique et politique craignait une révolte face au coût de la vie. Il n’en fut rien. Alors oui, 2022 fut l’année des élections en France, historiquement un moment où les luttes sociales se figent pendant plusieurs mois avant et après les deux scrutins.
Ce fut aussi l’année d’une coupe du monde de football qui finalement a été l’une des plus politisées depuis longtemps.
Quand même ! Une telle apathie interroge.
Parallèlement, le Royaume-Uni a connu sa plus grosse grève depuis les années 20 et l’Allemagne a fait des concessions importantes concernant la mobilité et le transport, de même que le gouvernement espagnol a débloqué un fond d’aide en urgence pour les plus précaires. Rien en France pour le moment.
La population semble sonnée par l’accumulation des coups du pouvoir et du coût de la vie mais probablement aussi face aux impasses sur lesquelles se sont soldés tous les mouvements sociaux précédents confondus.
Une sorte de résilience semble s’être installée, une résilience à la misère, à se contenter des miettes de peur de ne plus rien avoir.
Et ce, en ayant pourtant conscience que les plus riches continuent de s’enrichir, que l’extrême-droite progresse et que la planète se meurt. C’est assez stupéfiant.
Un exemple : L’Unedic a publié un rapport indiquant que la dernière réforme de l’assurance chômage, entrée en vigueur fin 2021, avait baissé en moyenne de 16% les allocations des chômeurs.
Dans le même temps, l’inflation sur un an se situe entre 6 et 10%, en moyenne.
Mais elle est bien plus forte si l’on prend les dépenses des personnes les plus pauvres.
Résultat, on peut estimer que certains chômeurs ont vu leur niveau de vie baisser de près de 20 à 25% en un an, c’est-à-dire un quart de moins de pouvoir d’achat, du jamais vu dans l’histoire récente de la France.
Et pourtant, rien ne se passe, aucune réaction populaire en réponse à cette « crise » inédite.
2023 ne sera pourtant pas plus radieuse pour les pauvres.
Les remises provisoires sur le carburant vont prendre fin au 1er janvier, remplacées par des  » chèques énergie » dérisoires et concernant une minorité selon des critères inégalitaires.
Les prix des trains et métro vont encore augmenter (coucou le Navigo à 80 euros), hausses entièrement à charge des usagers, il ne faudrait pas toucher aux dividendes des actionnaires.
Les allocations (chômage, RSA, maladie) vont, elles, se restreindre en montant et en durée. La réforme des retraites devrait passer à priori avec un nouveau 49.3.
On sent que le pays est au bord de la rupture. Pourtant, il ne cesse de s’enfoncer et d’augmenter le fossé entre les ultras-riches et le reste de la population.
Finalement, ce qui se joue dépasse largement le cas de la France.
Les crises du Covid et de la guerre en Ukraine ont offert au système ultra libéral une occasion en or : celle de pouvoir précariser encore plus les travailleurs partout dans le monde, comme cela n’avait plus été le cas depuis des décennies.
Non pas pour le plaisir de rendre les gens plus pauvres. Mais « simplement » pour maximiser leurs profits. Et c’est ce qu’il se passe de façon évidente depuis plusieurs mois, en France comme ailleurs en Europe, et dans le monde.
Il y a encore quelques décennies, certains pensaient que le système dans lequel nous vivions était voué à améliorer sans cesse le niveau de vie du plus grand nombre, et notamment des plus pauvres.
On voit aujourd’hui qu’il n’en est rien, et qu’il peut tout à fait se développer en précarisant encore et encore sa propre population.
Concrètement, ces décisions ont des conséquences dramatiques. On ne parle pas « seulement » de personnes qui devront « un peu se serrer la ceinture ».
On parle littéralement de centaines de milliers (de millions) de personnes qui sont en train de tomber dans la pauvreté, voir l’extrême pauvreté. Des personnes qui ne peuvent déjà plus se nourrir et/ou nourrir leurs enfants. Qui ne peuvent et ne pourront plus se soigner.
On parle de personnes qui vont mourir de ce système, de toutes ces décisions qui précarisent les plus fragiles sous prétexte « qu’on n’a pas le choix ». Et ce, pendant que les milliardaires français battent record sur record de  » plus grosses fortunes ».
On se demande alors si 2023 va être l’année du basculement en France.
2 choix :
– Ou l’on continue dans la lignée de 2022 avec un système qui arrive à asservir totalement la population, qui, totalement précarisée et dans la peur permanente, deviendra encore plus docile et acceptera son funeste sort.
– Ou survient un réel sursaut de dignité d’une partie de la population qui décidera de ne plus accepter l’inacceptable.
La lueur, et l’inspiration, se trouvent peut-être aussi en dehors de l’Occident, du côté du Sud Global où l’année sociale 2022 a été extrêmement riche, à travers les combats menés dans la rue au Panama, en Équateur ou ple au Pérou ainsi que les résultats électoraux encourageants émanant des luttes sociales au Chili, au Brésil ou en Colombie.
Le Soudan continue sa révolution inachevée, le Tchad et le Burkina Faso se soulèvent contre la Françafrique. Nous pouvons aussi citer le Kazakhstan et la Mongolie, le Sri-Lanka et sa destitution du président, la Chine face à l’autoritarisme ambiant, l’Inde et ses grèves massives rassemblant plus de 270 millions de personnes ou encore la révolte en Iran, face à une répression pourtant inouïe.
Impérialisme, pauvreté, libertés individuelles et collectives, racisme, parfois aussi l’écologie, ou encore le patriarcat, autant de facteurs qui ont poussé aux soulèvements de ces peuples, nous donnant de l’espoir de faire mieux.
C’est à l’échelle mondiale que se produiront les changements profonds et durables. Mais c’est localement que les initiatives doivent émergées, même si cela paraît parfois vain. Il n’est jamais vain de résister et de se soulever pour préserver notre dignité.
Ce champ est nécessaire.

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