Pollution au PFAS : une enquête dévoile l’ampleur de la contamination en Europe

A picture taken on March 2, 2017 in Toulouse shows SNPE chemicals factory. (Photo by PASCAL PAVANI / AFP)

Dangereux pour la santé et pratiquement indestructible, ce composé chimique utilisé dans de nombreux produits du quotidien serait présent un peu partout en Europe. Et la France n’est pas épargnée.

PASCAL PAVANI / AFP
Les bassins de la chimie industrielle européenne seraient très largement contaminés par ces polluants éternels, surnommés ainsi en raison de leur cycle de vie très long. (Photo d’illustration)

POLLUTION – Les événements relatés dans le film Dark Waters n’étaient que la face émergée de l’iceberg au sujet des « polluants éternels ». Pas moins de 17 000 sites contaminés en Europe dont 2 100 à des niveaux dangereux pour la santé par les polluants PFASVoici ce que dévoilent ce jeudi 23 février les conclusions d’une enquête de plusieurs mois menée par 17 médias, dont Le Monde et le Guardian.

Baptisée « Forever Pollution Project », en allusion à ces composés chimiques de synthèse quasi-indestructibles et développés depuis les années 1940 pour résister à l’eau et à la chaleur, l’enquête s’appuie sur des méthodologies d’experts, des données et des « milliers de prélèvements environnementaux » ayant permis de réaliser, selon eux, la première cartographie européenne des sites contaminés et suspectés de l’être.

5 usines en France

Un lac norvégien, le Danube Bleu, une rivière tchèque et des zones immenses entourant la plupart des bassins de la chimie industrielle… Le collectif de journalistes présente sa cartographie validée selon « une forme de ’peer-reviewed journalism’+, sur le modèle des travaux scientifiques validés par des pairs ».

« D’après notre estimation prudente, l’Europe compte plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoirs publics (au-delà de 10 nanogrammes par litre). La contamination y atteint des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts que nous avons interrogés (plus de 100 nanogrammes par litre) dans plus de 2 100 hotspots », indique le quotidien français.

Les journalistes ont également localisé vingt usines de production de PFAS, dont cinq en France, et 230 usines identifiées comme utilisatrices de PFAS, des composés dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables, utilisés dans l’industrie et présents dans des objets de la vie courante : produits en Teflon, emballages alimentaires, textiles, automobiles.

Les usines de production sont principalement localisées en Allemagne, berceau de la chimie industrielle avec l’implantation notamment des entreprises Archroma et des américains 3M Dyneon et W.L. Gore, et en France avec Arkema et Daikin au sud de Lyon mais aussi Chemours et Solvay. « Viennent ensuite le Royaume-Uni avec trois sites, l’Italie (deux), puis la Pologne, l’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique (un) », ajoute Le Monde.

Peu d’endroits épargnés

À partir de ces localisations mais aussi de l’identification d’activités industrielles actuelles ou passées, les journalistes ont repéré 21 500 sites « présumés contaminés » en Europe, notamment les zones autour d’aéroports, qui utilisent des mousses anti-incendie contenant des PFAS.

« Prélevés par des équipes scientifiques et les agences environnementales de 2003 à 2023, les dizaines de milliers de données collectées le montrent : rares, désormais, sont les lieux épargnés par cette contamination omniprésente encore largement inconnue du public, y compris les plus intimes comme nos propres corps », ajoute le quotidien.

Les autorités sanitaires allemandes, danoises, néerlandaises, norvégiennes et suédoises ont déposé mi-janvier auprès de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) un projet visant à bannir ces composants appuyé par d’autres pays dont la France qui a récemment présenté son propre « plan d’action ».

Des études ont par ailleurs déjà montré que les PFAS pouvaient être trouvés dans le sol, dans l’eau potable, ainsi que dans des végétaux et animaux, notamment des poissons. Des chercheurs ont également mis en évidence le lien entre l’accumulation des PFAS dans le corps humain et une diminution de la réponse immunitaire à la vaccination, des cas de cancer, de diabète ou d’obésité, ou encore une perturbation du fonctionnement du foie.

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