La rue est à qui ?

TOPSHOT - Protesters stand around burning barriers during a demonstration on Place de la Concorde, as the Eiffel tower is seen in the background, after the French government pushed a pensions reform through parliament without a vote, using the article 49,3 of the constitution, in Paris on March 16, 2023. - The French president on March 16 rammed a controversial pension reform through parliament without a vote, deploying a rarely used constitutional power that risks inflaming protests. The move was an admission that his government lacked a majority in the National Assembly to pass the legislation to raise the retirement age from 62 to 64. (Photo by Alain JOCARD / AFP)
Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dans de nombreuses villes de France pour protester contre la réforme des retraites et le passage en force décidé par le gouvernement qui a décidé de recourir au vote bloqué sur le texte.

par LIBERATION et AFP

«Le 49.3 ça renforce forcément un peu la détermination». Sur la place de la Concorde, dans le centre de Paris jeudi soir, Ruben étudiant en sciences politiques à Paris-I, est dépité. «On se mobilise depuis des semaines, et derrière, la seule réponse du gouvernement, c’est l’utilisation du 49.3», lâche le jeune homme de 20 ans.

Comme lui, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés dans de nombreuses villes de France pour protester sur le fond contre la réforme des retraites et sur la forme – le passage en force décidé par le gouvernement qui a déclenché le 49.3 pour faire passer le texte sans vote. Des manifestations parfois marquées par des tensions et des dégradations.

Dès le milieu de l’après-midi, des manifestants se sont rassemblés à l’appel du syndicat Solidaires place de la Concorde, en face de l’Assemblée nationale où Elisabeth Borne venait de déclencher une bronca en annonçant le vote bloqué de la réforme.

Des représentants de plusieurs organisations de jeunesse, syndicats étudiants (Alternative), et organisations politiques (Jeunes insoumis, Jeunes écologistes, NPA Jeunes), à l’initiative de cette manifestation, étaient présents. Ils ont été rejoints par des travailleurs : cheminots, raffineurs notamment, puis par un cortège de plus de 1 600 jeunes partis de la place de la Sorbonne, aux cris de «Emmanuel Macron, président des patrons, on vient te chercher chez toi» et «A bas le 49.3».

Selon une source policière, ils étaient «quelques milliers» à Paris – on parle de 6 000 personnes – où les forces de l’ordre sont intervenues en début de soirée, notamment avec des canons à eau, après une tentative de dégradation du chantier de l’Obélisque, selon la préfecture de police. Plusieurs charges et des jets de gaz lacrymogène ont progressivement évacué les manifestants de la place vers les rues et les quartiers environnants.

Lyon, Amiens, Dijon, Lille, Grenoble…

A 22 heures, la manifestation était dispersée et 120 personnes avaient été interpellées, notamment pour participation à un groupement en vue de commettre des dégradations, a indiqué à l’AFP la préfecture de police.

Des incidents ont aussi éclaté dans d’autres villes, en particulier à Rennes, où la préfecture a évoqué huit interpellations et autant de gardes à vue en fin de soirée, après des dégradations multiples et «26 feux éteints». La maire socialiste, Nathalie Appéré, a évoqué sur Twitter des violences «sidérantes».

A Nantes, où environ 3 500 personnes se sont rassemblées en début de soirée, selon la police, l’ambiance s’est rapidement détériorée : feux de poubelles non ramassées, jets de cocktails Molotov, tirs de mortiers vers les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène.

A Marseille sur la Canebière, où des jeunes masqués ont fracassé la vitrine d’une agence bancaire et un panneau publicitaire tandis que d’autres ont mis le feu à des poubelles aux cris de «à bas l’Etat, les flics et le patronat», a constaté un journaliste de l’AFP.

Les CRS ont fait usage de gaz lacrymogène également à Amiens, Lille ou encore Grenoble. A Dijon, où 700 personnes se sont rassemblées, certains s’en sont «pris aux forces de l’ordre et ont commis des dégradations» tandis qu’un mannequin à l’effigie du président de la République a été brûlé, selon la préfecture. La mairie a annoncé qu’elle allait porter plainte.

A Lyon, sur fond de feux de poubelles et de jets de projectiles sur la mairie, la préfecture a fait état de quatre interpellations. Des manifestations ont également eu lieu à Toulouse, Bordeaux ou encore Besançon.

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