Près de « 1 500 activistes violents » sont attendus dans les Deux-Sèvres, sur un site déjà brièvement envahi par des manifestants fin octobre.
SAINTE-SOLINE – Plus de 3 000 forces de l’ordre mobilisées d’un côté, 1 500 « activistes violents » attendus de l’autre. La nouvelle manifestation contre les « bassines », symbole des tensions autour de l’accès à l’eau, est placée sous haute sécurité ce samedi 25 mars dans les Deux-Sèvres.
Jusqu’à 10 000 personnes sont attendues autour de Sainte-Soline, où l’un de ces réservoirs dédiés à l’irrigation agricole est en construction, cinq mois après un précédent rassemblement émaillé d’affrontements.
La préfecture a de nouveau interdit la manifestation, organisée par le collectif « Bassines non merci », le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne.
Le ministère de l’Intérieur a mobilisé 3 200 gendarmes et policiers, soit deux fois plus qu’en octobre. Ils sont arrivés vendredi matin en camions militaires, quads ou hélicoptères.
Selon la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, « environ 1 500 activistes radicaux », venus de France et de l’étranger, pourraient se mêler aux manifestants, restés majoritairement pacifiques à l’automne.
Le lieu précis de la manifestation encore flou
Des centaines d’entre eux ont déjà mené des « actions » vendredi après-midi, selon elle, s’en prenant à deux barrages de gendarmerie et réussissant à s’introduire brièvement sur une voie de TGV. Une simple « diversion » pour permettre au convoi de tracteurs de contourner le dispositif policier, selon les manifestants.
Des armes ont été saisies en amont du rassemblement – boules de pétanque, frondes, lance-pierres, produits incendiaires, couteaux, haches, a détaillé le commandant régional de la gendarmerie, Samuel Dubuis.
Le lieu précis de la manifestation était encore flou, les organisateurs ciblant la « bassine » de Sainte-Soline « et/ou » celle qui fonctionne déjà à Mauzé-sur-le-Mignon.
Elles font partie d’un ensemble de 16 retenues, d’une capacité totale d’environ six millions de mètres cubes, qui doivent être construites dans le cadre d’un projet porté depuis 2018 par une coopérative de 450 agriculteurs, et soutenu par l’État.
Il vise à stocker de l’eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d’irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes.
Les opposants dénoncent, eux, un « accaparement » de l’eau par « l’agro-industrie » à l’heure du changement climatique, et réclament un moratoire sur leurs constructions pour lancer « un vrai projet de territoire » sur le « partage de l’eau ».
Observateurs
Le raccordement aux bassines est conditionné à l’adoption de pratiques tournées vers l’agroécologie, mettent en avant les premiers, mais les seconds dénoncent de vaines promesses : le débat a tourné de longue date au dialogue de sourds.
« Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l’eau », ont lancé vendredi les organisateurs, après avoir installé un campement à quelques kilomètres du chantier, sur un terrain privé situé en dehors du périmètre d’interdiction.
Des dizaines de tracteurs et des « milliers » de manifestants, selon les organisateurs, sont arrivés vendredi, certains dans des véhicules aux plaques d’immatriculation dissimulées et de nombreux groupes cagoulés et habillés en noir.
Tendue de longue date dans la région, la situation s’est envenimée ces derniers jours, en dépit d’appels au calme, avec le sabotage d’une retenue d’eau agricole en Charente et le saccage de la maison d’un militant écologiste en Charente-Maritime par des agriculteurs.
La semaine dernière, la Coop’ de l’eau, qui porte le projet des 16 réserves, a déposé plainte pour dégradations de matériel et « harcèlement » sur les réseaux sociaux, tandis que la justice engageait des poursuites contre le fer de lance du collectif « Bassines non merci », privé de manifestation par une mesure de contrôle judiciaire.
Des élus EELV et LFI ont prévu de manifester ce samedi, ainsi que des observateurs indépendants des pratiques policières mandatés par la Ligue des droits de l’Homme pour « documenter le maintien de l’ordre » durant le week-end.
Poster un Commentaire