Bassines de Sainte-Soline : des dizaines de blessés, 5 personnes en «urgence absolue»

Affrontements

Les affrontements entre manifestants et force de l’ordre ont été très violents ce samedi. 4 véhicules de gendarmerie ont été incendiés.

par Pauline Moullot et Fabien Leboucq, Envoyés spéciaux à Sainte-Soline (Deux-Sèvres)

publié aujourd’hui à 12h04
(mis à jour le 25 mars 2023 à 20h54)
A Sainte-Soline, où sont prévues deux journées de rassemblements contre le projet de méga-bassine, les tensions ont été très vives ce samedi entre manifestants et forces de l’ordre. Le bilan provisoire est lourd, selon le parquet de Niort : «Trois manifestants en urgence absolue ont dû être évacués vers le centre hospitalier […], 28 gendarmes ont également été blessés [dont] 2 en urgence absolue évacués vers l’hôpital [et] 2 journalistes ont été pris en charge par les secours». Le parquet ajoute que «compte tenu de l’extrême violence des affrontements, aucune interpellation n’a pu être réalisée durant la manifestation».

Dès le milieu de journée, les affrontements ont éclaté, avec de nombreux feux d’artifices, des cocktails Molotov, des tirs continus de lacrymogènes, des grenades GM2L. Quatre véhicules de gendarmerie ont pris feu.

Le bilan, encore provisoire, fait état, à ce stade, de 200 blessés parmi les manifestants, selon les organisateurs. Libération a pu constater la présence d’au moins une dizaine de personnes allongées sur des brancards de fortune, dont plusieurs ont été évacués par les secours. Côté gendarmes, on dénombre 28 gendarmes blessés, parmi lesquels deux personnes en urgence absolue.
Le collectif Bassines non merci, les Soulèvements de la terre, la Confédération paysanne et 200 organisations s’attendaient ce week-end à une participation encore plus massive que le 29 octobre dernier à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), où plus de 5 000 personnes s’étaient réunies, avec à la clé une surenchère gouvernementale, Gérald Darmanin taxant même ces actions militantes «d’éco-terrorisme». Les manifestations de ce week-end avaient été interdites par la préfecture.

«Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l’eau», revendiquent les organisateurs, qui ont installé un campement à quelques kilomètres de Sainte-Soline, sur la commune de Vanzay, en bordure du périmètre d’interdiction. Dans un communiqué relayé sur Twitter, la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, avait recommandé la «plus grande prudence» en exhortant les manifestants de se désolidariser des «fauteurs de trouble» si des exactions «venaient à être commises». En milieu de journée, la préfète a évoqué lors d’un point presse la présence d’«au moins 6 000 personnes», dont, dit-elle, «un millier de personnes»«en des groupes constitués»«violents, déjà fortement équipés, et qui au vu de ce qu’ils ont emporté avec eux sont prêts à en découdre avec les forces de police». 11 personnes ont été interpellées, dont 7 sont actuellement en garde à vue, selon le parquet de Niort.

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Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est exprimé en fin de journée sur les faits, revenant «sur l’extrême violence qui touche les gendarmes dans les Deux-Sèvres», évoquant un «déchaînement de violence inexcusable» et des «actes inqualifiables» perpétrés selon lui par des «éléments radicaux». Il en appelle aux «élus de la nation, qu’ils soient pour la réforme des retraites ou contre les bassines», à «condamner ces violences cotre les gendarmes». Il n’y aura «pas de ZAD à Sainte Soline», a assuré Gérald Darmanin, évoquant un bilan de 12 gardes à vue depuis vendredi. Plus tard dans la soirée, la Première ministre Elisabeth Borne a évoqué, sur Twitter, «un déferlement de violence intolérable», mettant en cause «l’irresponsabilité des discours radicaux qui encouragent ces agissements».

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