Emmanuel Macron à Muttersholtz : « Tout se passe calmement et on nous bouscule. C’est une honte. »

Avant l’arrivée du président de la République à Muttersholtz, une trentaine de manifestants ont été repoussés par les forces de l’ordre en fin de matinée ce 19 avril. Un important dispositif policier a protégé le cortège de voitures d’Emmanuel Macron, hué par des militants.
« Il m’a foutu un coup de pied cet enfoiré ! » Un manifestant s’emporte alors que le groupe d’opposants est repoussé par les gendarmes. (Vidéo Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc)

« Je trouve pas les mots tellement je suis énervée »

Emmanuel Macron n’est pas encore arrivé dans cette petite commune, voisine de Sélestat. Mais l’entame de sa tournée de réconciliation avec les Français commence mal. « C’est une honte, tout se passe calmement et on nous bouscule. Je trouve même pas les mots tellement je suis énervée », souffle Claudine, membre de la CFDT Métallurgie.

Manifestant emporté par la police hors du trajet présidentiel. (Photo Abdesslam Mirdass)

C’est seulement une demi-heure plus tôt, à 10h30, que la préfecture du Bas-Rhin a publié sur son site un arrêté préfectoral spécial pour la visite présidentielle. Ce dernier instaure plusieurs périmètres de protection à Muttersholtz et à Sélestat et interdit les manifestations dans ces zones. La presse n’a pas été informée par la préfecture et les manifestants ne peuvent pas connaître cette interdiction préfectorale. Énième sentiment d’injustice pour les opposants à la réforme des retraites.

« Où qu’il aille, il trouvera des opposants »

Depuis l’annonce du passage d’Emmanuel Macron à Muttersholtz, les opposants à la réforme des retraites s’organisent pour manifester leur mécontentement. Mais le déroulé détaillé de la visite présidentielle n’est connu de personne. Dans les groupes militants, chacun y va de son hypothèse : le président viendra en hélicoptère directement sur le site de l’entreprise Mathis, Emmanuel Macron passera par la mairie de Sélestat en milieu d’après-midi… Au cours d’une réunion à Muttersholtz, dans la soirée du mardi 18 avril, les activistes ont acté du flou total autour de cette visite : « Les gens ont quand même envie qu’il y ait des images de contestation. Où qu’il aille, il trouvera des opposants », glisse un habitant de Muttersholtz et participant à la réunion.

Depuis l’annonce du passage d’Emmanuel Macron à Muttersholtz, les opposants à la réforme des retraites s’organisent pour manifester leur mécontentement. (Photo RG / Rue89 Strasbourg / cc)

Au milieu des manifestants dès 10 heures du matin, le maire de la commune de Muttersholtz Patrick Barbier ne souhaitait pas « faire un procès » au président de la République : « S’il ne sortait pas de son palais, on lui reprocherait de ne pas aller au contact. » L’élu écologiste, indépendant du parti EELV depuis 2017, sait seulement de cette visite présidentielle qu’il a rendez-vous dans l’entreprise Mathis à 13h30 pour le discours présidentiel. Il note l’important déploiement de forces de l’ordre nécessaire pour la venue d’Emmanuel Macron : « Je n’ai jamais vu autant de cars de gendarmerie dans ma commune. Il y a plus de gendarmes que de manifestants pour l’instant. C’est ça qui est exceptionnel. »

Les gendarmes ont dégagé les abords de la mairie aux alentours de 11 heures. (Photo RG / Rue89 Strasbourg / cc)

Le cortège du président hué

Des opposants supplémentaires affluent vers Muttersholtz à 12h car l’intersyndicale a appelé à un rassemblement pour accueillir le président avec des casseroles. Ancien candidat de la France insoumise aux dernières élections législatives, Samy Ahmed-Yahia est bloqué à l’entrée de Muttersholtz, comme d’autres manifestants :

« La police a commencé par nous laisser entrer tout en nous interdisant de porter le moindre signe distinctif, casserole ou drapeau syndical. Puis ils ont fini par bloquer complètement l’entrée. Il s’agit d’une atteinte grave à notre droit de manifester notre mécontentement. »

Les manifestants ont hué le cortège de voitures du président de la République. (Vidéo Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc)

À 13h30, Emmanuel Macron arrive avec un cortège de voitures copieusement hué et sifflé par les militants qui ont réussi à entrer dans la commune, maintenus à distance par les forces de l’ordre. Certains scandent « Macron démission ». Plusieurs petits groupes de manifestants sont éparpillés dans Muttersholtz.

Dans la commune, plusieurs petits groupes de personnes sont bloqués à distance d’Emmanuel Macron. (Vidéo RG / Rue89 Strasbourg / cc)

L’eurodéputée du groupe Agir et ancienne maire de Strasbourg Fabienne Keller a également été invectivée à son passage.

Fabienne Keller a répondu aux manifestants par un doigt sur la bouche. (Photo RG / Rue89 Strasbourg / cc)

Interrogé sur la présence de manifestants dans la commune, le président a rétorqué que les manifestants « cherchent à faire du bruit » et que « ce n’est pas les casseroles qui feront avancer la France ». Il est attendu à Sélestat plus tard dans la journée. Les opposants à la réforme des retraites prévoient également de lui faire un comité d’accueil.

3 Comments

  1. Aucune illusion il en a pour 4 ans pour chacune de ses sorties il aura droit à des manifestations, car sa réforme on ne la voulons pas là seule chose c’est de ne pas tout casser, voitures de citoyens dégradations de biens publics

    • Et encore une fin de non recevoir !!!!!
      A part critiquer et dire ce qu’il faut ou ne faut pas, tu fais quoi Jeannine Martinez ?
      Tu seras dans le rassemblement pour dire que çà ne sert à rien ?

Répondre à JEANNINE MARTINEZAnnuler la réponse.