Le poison de la division contre le « Café des libertés »

Le poison de la division contre le « Café des libertés »

La division est un mal qui ronge la « gauche » et qui fait des ravages depuis des décennies – même si nous avons fini par nous y être habitués –  mais dans un mouvement social d’ampleur, tel que celui en cours, l’exigence d’unité est forte dans les masses populaires et nous en préserve pour l’instant.

Sur le plan local, la vie politique était plutôt tranquille et consensuelle, le mouvement des gilets jaunes puis celui contre le pass sanitaire » se sont bien intégrés dans le tissus syndical et politique du  04. L’émergence à Forcalquier du « café des libertés » s’inscrivait dans cette lignée. Tou.te.s se sont uni.e.s derrière Walter pour « virer Castaner à tout prix » et le café est venu avec les autres fêter cette victoire, place du Bourguet de belle manière, après avoir contribué à cette victoire par ses actions.

De toute la France on nous envie le café, beaucoup visité c’est une nouvelle richesse à défendre.

Premier épisode :

Pourtant, depuis quelques semaines, des signes de divisions avant-coureurs se manifestaient, les critiques contre le café en général et contre son animateur en particulier se multipliaient. Ces attaques simultanées contre Merlin la veille d’un procès important où il était accusé de vols d’invendus destinés à être redistribués à des gens dans le besoin, tombaient mal. Merlin prend tout sur lui pour protéger les plus fragiles et est confronté à de multiples et couteuses procédures pénales. L’appareil d’Etat et toute la droite et ses relais le mitraillent depuis plus de deux ans, d’où sortent ces nouvelles dénonciations qui viennent confirmer l’adage : Calomniez ! calomniez ! Il  en restera toujours quelque chose…

Ces diviseurs n’ont pas hésité à manier la marque de l’opprobre absolue contre les activistes du Café : Il y a des « fachos » parmi eux …

Ce faisant ces « antisfa » commettent une grave erreur. Le terme de « fasciste » ne doit pas être galvaudé, ça n’est pas une insulte banale, mais une caractérisation politique parfaitement documentée qui en aucun cas ne s’applique ici. Louis Fouché, personnage controversé certes, n’est pas un fasciste comme on ne peut pas dire non plus, que nos « bureaucrates » sont des staliniens.

A voir des « fachos » partout, on en fabrique surtout partout. Une posture totalement contreproductive comme on peut le constater élections après élections.

Forts de ces considérations erronées, des camarades ont cru bon agir pour couper en deux la manifestation du 13 avril convoquée devant la sous-préfecture contre la décision du Conseil Constitutionnel.

Des manifestant.e.s sont parti.e.s de la place Marcel Sicard pour une déambulation dans la ville et au retour, « trois mousquetaires » particulièrement vindicatifs enjoignaient les manifestants incrédules à ne pas rejoindre la sous-préfecture comme initialement décidé, où pourtant tables, chaises, barbecues, étaient installées, avec à boire et à manger pour tenir le plus longtemps possible.

Convaincus par leurs fantasmagories d’affronter un nid de fascistes, qui ont pourtant écouté tranquillement leurs prises de paroles, ils ont quitté le rassemblement en scandant fièrement : « siamo tutti antifascisti »). Ces intervenant.e.s arborant des logos « SUD éducation » se sont livré.e.s à ce qui s’apparente à une provocation afin d’obtenir les « preuves » qu’ils cherchaient – se faire jeter aurait été une aubaine – pour justifier cette entreprise de division visant à légitimer toutes les dénonciations infâmantes du café.

Les efforts prolongés des militant.e.s qui ont tenté de réunir les minoritaires stationné.e.s place du Bourguet au gros du rassemblement à la sous-préfecture ont été vains. L’opération avait été décidée auparavant, ailleurs.

Quels étaient les mandats de ces camarades de SUD éducation s’’exprimant aussi au nom du syndicat Solidaires 04, pour cette intervention très politicienne ? On peut légitimement poser la question !

L’argumentaire des sécessionnistes a été affligeant dans le meilleur des cas, mensonger dans le pire. Celles et ceux qui s’intéressent encore aux chicaneries politicardes sont invité.e.s à examiner la vidéo de la manifestation.

https://www.facebook.com/100072062135021/videos/503577338655953

Florilèges chez les sécessionnistes pour légitimer aux yeux des manifestant.e.s interloqué.e.s  cette affreuse manœuvre de division :

En bas, les syndicats ont été dénoncés… Mais personne ne pouvait préciser ce qui a été dit et par qui,  dans le registre de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours …

« Il y a un fasciste notoire bien connu à Lyon, il est là en bas… » Mais quand on demande à l’accusateur de venir le désigner, pour qu’il soit exclu, plus personne…

Apothéose : Une camarade de SUD éducation explique en experte que « Merlin a une compagne membre des « mamans louves » organisation qui serait hostile aux luttes des LGBT », c’est bien une preuve, bla bla bla…

La critique du « culte de la personnalité » attribué à Merlin est savoureuse venant d’une gauche qui en subit un bon exemple avec JLM, sans discuter.

Cette controverse est bien sûr éminemment toxique, elle divise au moment où on en a pas vraiment besoin. Comme toujours avec la petite bourgeoisie intellectuelle, elle ne porte que sur des questions formelles, des présupposés idéologiques, des « valeurs »  des grands principes, ignorant tout de l’immensité du travail concret – mené trois années durant- avec des centaines d’opérations au service des gens, exécutées par le café des libertés avec des activistes très bigarré.e.s – y compris des sans papiers – et qui ont marqué la vie politique locale comme le concert d’HK avec 27 00 spectateurs.

Déjà Lénine observait que dans un mouvement social, à ses débuts, on pouvait rencontrer « …des masses aux préjugés les plus barbares, luttant pour les objectifs les plus vagues et les plus fantastiques… », Effectivement, on en croise au café qui s’ouvre à toutes les misères et on peut entendre une connerie d’un « micro ouvert ».

Lesquel.l.e.s, parmi ces beaux parleurs ont participé au blocage d’une raffinerie, à une maraude pour les émigré.e.s, à une récupération d’invendus, ont soutenu des salarié.e.s sir les piquets de grève, se sont joint.e.s et participé à toutes les manifs et les blocages, etc.

Aveuglé.e.s par cette hargne contre Merlin, difficilement supportable au sein du mouvement social et progressiste, nos spécialistes des luttes féministes, antifascistes et LGBT n’ont sans doute pas remarqué le camarade  qui présentait fièrement son drapeau « féministes antifascistes ».

Le rassemblement s’est poursuivi tard dans la nuit, non sans qu’un brasero ne soit mis à la disposition des policiers pour qu’ils se réchauffent, eux aussi.

Deuxième épisode

Le lendemain, le samedi 15 était prévu à 19 h place du Bourguet, une réunion convoquée à l’initiative de Dam. ,militant écologiste bien connu, pour répondre à l’appel des « soulèvements de la terre » pour créer un comité local de soutien.

Une trentaine de camarades s’étaient rassemblées et commençaient la réunion quand un « commando » d’une dizaine de personnes s’est présenté, refusant de se joindre à l’assemblée en cours, s’y tenant éloigné, avec le prétexte qu’un comité «  soulèvements de la terre » avait été déjà constitué sur Forcalquier. Une « création » en catimini qui a du se faire dans un cagibi, ses membres tenu.e.s sans doute au secret. De deux écologistes d’un même petit village N et  Dam.,  l’un était affranchi, l’autre pas.

Dam,  surpris mais heureux de ce renfort inattendu, enjoint au rassemblement des bonnes volontés pour envisager rapidement les actions en solidarité avec les soulèvements de la terre.

Que nenni !

Ces écologistes de la dernière heure ne voulaient sans doute pas se mêler aux autres. On reconnaissait la présence de nos « trois mousquetaires »  de la veille, quelle surprise ! Nos parachutés étaient en mission, mais cette fois-ci en civil, sans leurs tenues de SUD éducation. Sous le coup de cette intrusion malveillante, le rassemblement initial a été éclaté en petits groupes épars, non pour mettre au point la réponse à la menace de dissolution des soulèvements brandie par Darmanin au conseil des ministres de mercredi, mais  pour envisager avec qui ces actions pouvaient être conduites en fonction de quels présupposés idéologiques sur le féminisme, les luttes LGBT, bla bla bla… Des questions importantes bien entendu, mais peu utiles pour organiser des collages pour les « soulèvements ». Des questions si importantes qu’il est déplorable de les voir exploiter pour des opérations de divisions partisanes et sectaires.

Cette réunion du 15/04 place du Bourguet dans le froid, a ainsi été sabotée après une heure de palabres absconses, rien n’a pu être décidé dans cette situation de confusion.

Le clou de ce spectacle lamentable a été l’arrivée de Merlin sur la place en toute fin de réunion, elle a provoqué le départ de nos écologistes officiels, comme une voilée de moineaux apeurés devant un épervier, comme si le diable en personne était apparu. Une scène hallucinante, mais aussi ridicule, il faut la voir pour la croire.

C’est la dizaine  de restant.e.s transi.e.s de froid qui a pu décider dans le calme des actions à mener rapidement.

Dam. s’est fendu d’un communiqué pour appeler à l’union… La prochaine réunion du comité local des soulèvements de la terre risque d’être pittoresque : Service d’ordre à l’entrée pour filtrer, commission des mandats, contrôle de la tribune et de la sono, etc. Les anciens se souviendront des réunions de l’UNEF.

Epilogue

Tout le monde comprend bien et l’accepte que Léo ne peut apprécier de se faire prendre en photo sur fond de palettes en feu devant la sous-préfecture.

Mais on a bien compris aussi que les organisations traditionnelles n’aiment pas les mouvements de masse ; elles, craignent les débordements quand d’autres les espèrent. (Revoir la vidéo de Georges Séguy hué à Billancourt en 68). Nous voici face à un mouvement social d’ampleur identique à celui de mai 68. La « gauche » l’a trahi et s’est précipitée dans le piège électoral pour y prendre une magistrale déculottée.

IL est grand de mettre un terme à ces luttes intestines anachroniques. Le caractère surréaliste de cette controverse en plein mouvement social, le plus puissant en France depuis longtemps est le révélateur de la dégénérescence de cette gauche, de ses organisations traditionnelles syndicales et politiques, ses groupes multiformes et ses sectes. Il est grand temps de se rencontrer, de se parler, y compris dans des assemblées populaires ouvertes à tou.te.s, comme au temps des gilets jaunes

La leçon des gilets jaunes n’a pas suffit, le succès du FN qui engrange non plus ?

LF le 16 04 2023

 

3 Comments

  1. Se garer sur les places rêservées aux personnes handicapées pour décharger le matos et dire aux flics de Forca qu’ils sont violents n’est pas du goût de tout le monde. La première action est largement évitable, la deuxième est plus complexe à défendre bien que la police tue et fracasse des manifestants. Le partage du brasero avec la police montre qu’il n’y a pas d’animosité envers les policiers mais bien envers l’institution qu’ils défendent, ça c’est une belle action. On ne se divise pas, on va gagner!

  2. De source sûre, on apprend que Dark-malin, le sinistre préposé à la répression, envisagerait un voyage éclair dans la cité comtale afin de remettre la médaille de Citoyen Collaborateur Occasionnel et Bénévole au maintien de l’Ordre à l’auteur du libelle ci-dessus…

  3. Le vendredi, à midi, au cours d’un partage de repas, à six, avec deux membres du Café des Libertés, c’est uniquement moi qui ait demandé l’occultation des caméras de surveillance dans le cas où la gendarmerie territoriale serait présente. Ceci afin de ne pas confondre sécurité et maintien de l’ordre établi et afin de « manifester » notre opposition au fichage et à la surveillance continue des citoyennes et des citoyens de ce pays.

    Concernant l’intervention brutale de l’OPJ à la suite de cette occultation, le temps d’un débat, elle était totalement déplacée. C’est un manquement grave à Article R. 434-10 du Code de déontologie de la Police Nationale et de la Gendarmerie Nationale. Cet article traite du discernement qui dispose (et donc ordonne) que le gendarme fait, dans l’exercice de ses fonctions, preuve de discernement. Que voulait « bouffer » et « provoquer »cet OPJ ? La liberté fondamentale de manifester est inscrite dans le droit français depuis 1935.

    Au cours de ce même repas, il a été décidé, entre autres :

    – que les « territoriaux » (gendarmes ou policiers) ne devaient pas d’être assimilés à des « Robocop » et qu’ils méritaient notre confiance (https://lesgiletsjaunesdeforcalquier.fr/2023/04/la-violence-commanditee-par-letat-sexerce-au-nom-de-la-loi/),

    – que la liberté ne se divise pas et qu’il fallait « ouvrir » le micro du « Café des Libertés » à toutes et tous, y compris à celles et ceux qui qualifient ses membres de fascistes. Et ceci, même s’il faut en attendre aucune réciprocité.

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