Soudan : guerre civile entre deux généraux putschistes

Alors que les médias mainstreams se focalisent sur le départ des expatriés occidentaux, le Soudan vit de nouveau une grave crise politique.
On dénombre déjà plus de 400 morts et plus de 3800 blessés dans les affrontements armées opposant les deux ex-alliés putschistes Abdel Fattah al-Burhane, chef de la junte armée devenu chef d’État du Soudan, et Mohamed Hamdane Daglo, a la tête d’un groupe paramilitaire : les Forces de soutien rapide (FSR).
Afin de mieux saisir la situation, nous devons revenir d’abord brièvement sur la révolution soudanaise qui réussit à déloger l’ancien dictateur Omar el-Béchir.
Au pouvoir depuis vingt ans, l’ancien dictateur laisse derrière lui un pays avec plus de 20 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté (sur 43 millions d’habitants), la perte d’une partie de son territoire après la sécession du sud du pays.
C’est aussi sous son règne qu’a commencé la guerre civile du Darfour qui a fait au moins 300 000 morts, et 2,7 millions de déplacés
L’État soudanais est accusé d’avoir participé à un génocide opéré contre les populations Fours, Zaghawas et Masalits, principalement par la milice des Janjawids mené par Moussa Hilal et l’actuel « vice-président » et chef des Forces de soutien rapide, Mohamed Hamdane Daglo.
Après plus d’un an de lutte acharnée, en 2019, un mouvement social révolutionnaire doté d’une société civile très organisée en quête de démocratie directe et de changement, parvient à renverser le dictateur.
Un gouvernement de transition sera décrété, nommant Abdallah Hamdok en tant que premier ministre.
Cette vague d’espoir sera de courte durée.
Après avoir contribué à la chute du régime, le général de l’armée Abdel Fattah al-Burhane prend les pleins pouvoirs, fait enfermer des ministres dont le premier du gouvernement transitoire, d’anciens cadres de l’ancien régime et « étrangement », son arrivée en Juin 2021.
Les cadres de l’ancien parti seront graciés et el-Béchir ne sera pour le moment pas livré à la cour pénale internationale.
Héritière directe de la milice génocidaire des Janjawids, les Forces de soutien rapide, incorporées au sein de l’armée régulière du Soudan, ont joué un rôle déterminant dans ce coup d’État.
La contestation continue malgré tout et sera réprimée dans le sang à plusieurs reprises.
Pour autant, les révolutionnaires continuent à manifester alors que al-Burhane reporte régulièrement ses promesses de transition et d’accord avec les représentants de la société civile soudanaise, après des négociations qui n’aboutissent pas.
Dorénavant, ce sont les deux principaux organisateurs du coup d’État al-Burhane et Daglo (ou « Hemmeti » qui s’affrontent, opposant donc l’armée régulière soudanaise et les Forces de soutien rapide au détriment des civils.
Tout laisse craindre que la situation s’envenime, notamment au Darfour et la contestation est de facto passée sous silence alors que les grandes puissances occidentales, du Golf, la Chine et la Russie scrutent attentivement les événements espérant anticiper une place économique sans penser une seule seconde au sort des soudanais.
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