Le Festival de Cannes, ce sera sans nous ! Le cinéma qui célèbre les agresseurs participe à la banalisation des violences masculines et à la silenciation des femmes. Boycottons-le !
En 2017, le mouvement #MeToo naît dans l’industrie du cinéma aux Etats-Unis et provoque une prise de conscience mondiale sur le caractère systémique des violences masculines faites aux femmes.
6 ans après, à rebours de ce mouvement, le cinéma français ne cesse de montrer sa solidarité et sa complaisance envers les hommes accusés de violences, dont la carrière et la réputation restent préservées. Cette valorisation sociale, médiatique et professionnelle des agresseurs banalise les violences masculines, dans un mépris total des femmes et des enfants qui en sont victimes.
En 2020, lors d’une cérémonie dans laquelle la gêne était palpable, les Césars récompensent Roman Polanski, poursuivi par la justice américaine pour viol pédocriminel en 1977, et accusé de viols et d’agressions sexuelles par 11 autres femmes.
Cette année, en ouverture du Festival de Cannes, Johnny Depp sera sur le tapis rouge pour le nouveau film de Maïwenn dans lequel il tient le rôle principal, bien que la justice anglaise ait reconnu 12 des 14 accusations de violences conjugales comme « substantiellement vraies ». Johnny Depp vient également d’annoncer la signature du plus gros contrat de parfum avec Dior pour 20 millions de dollars et va réaliser un nouveau film avec Pierre Niney, qui a affiché sur les réseaux sociaux sa fierté d’y participer.
Alors que 13 femmes ont dénoncé des agressions sexuelles et viols commis par Gérard Depardieu aux yeux de tous sur différents tournages, et qu’il est mis en examen pour viol depuis 2020, il enchaîne les films, dont le dernier qui sort aujourd’hui.
La menace des « vies » et des « carrières brisées » des hommes accusés de violences, ressortie complaisamment par les médias à chaque prise de parole courageuse de victimes, ne résiste pas à l’épreuve des faits. Le traitement médiatique biaisé persiste en présentant ces hommes sous un angle subversif (« star déchue », « rock’n roll », « goût de la provoc’ », « C’est Gérard ! »), alors qu’ils sont accusés de violences, délits et crimes au regard de la loi. La solidarité avec ces hommes dans le milieu du cinéma ne s’érode pas non plus : s’il est facile de faire des déclarations de principe sur les violences sexuelles, peu nombreux sont ceux qui sont prêts à faire des choix de carrière en conséquence.
L’absence de condamnation de justice de ces hommes, avancée par certains pour se justifier, est un argument fallacieux quand la justice patriarcale condamne moins de 1% des violeurs en France. Prescription, classements sans suite, ou encore déqualification, permettent trop souvent d’échapper à une condamnation aux assises.
Pendant que ces hommes travaillent et se soutiennent, ce sont bien les femmes victimes qui osent dénoncer les violences qui prennent le risque de voir leur carrière et leur vie brisées. C’est Amber Heard qui vit cachée en Espagne après avoir subi un cyber harcèlement massif et organisé, c’est Adèle Haenel qui décide de se mettre en grève « pour dénoncer la complaisance généralisée du métier vis-à-vis des agresseurs sexuels », ou encore Vahina Giocante qui explique s’être retirée du cinéma depuis plusieurs années face aux violences subies.
On ne peut dénoncer les violences faites aux femmes tout en célébrant ceux qui les commettent. Dès 2017, Osez le Féminisme ! manifestait devant les concerts de Bertrand Cantat, ou devant la Cinémathèque qui mettait à l’honneur Polanski, afin de dénoncer la célébration des agresseurs. En 2023, rien n’a donc changé ?
Cette valorisation traduit l’acceptation sociale des violences masculines et participe ainsi à silencier les victimes : elle envoie un message fort à toutes les femmes sur la valeur inférieure accordée à leur parole face à celle des hommes.
Nous appelons à nous lever contre la valorisation des hommes violents et la silenciation des femmes et des enfants victimes de violences masculines.
Boycottons les agresseurs !
Soutien à toutes les filles et les femmes victimes de violences masculines.
Poster un Commentaire