« Je réduis ma production de 20 % », la crise du BIO n’épargne pas le Poitou

De Théo Caubel

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Depuis près de 2 ans, les ventes de produits Bio connaissent une forte baisse dans les grandes surfaces et les magasins spécialisés. Le Poitou n’est pas épargné avec des agriculteurs obligés de s’adapter.

Mathieu Rullier, le président d’Agro bio 86 association qui soutient la filière Bio dans la Vienne, dans son exploitation à Mignaloux-Beauvoir © Radio France – Théo Caubel

C’est une crise d’une ampleur inédite. Après des années de croissances à deux chiffres, le bio ne séduit plus. L’an dernier, les ventes ont reculé de 7,4% dans les grandes surfaces, selon une étude du cabinet NielsenIQ. La baisse est encore plus marquée dans les réseaux spécialisés avec une baisse de 12%.

« Les consommateurs ont revu leurs priorités »

« Cela a débuté après le dernier déconfinement, explique Mathieu Rullier, le président d’Agro bio 86 association qui soutient et développe la filière Bio dans la Vienne et regroupe plus de 150 agriculteurs bio. Les consommateurs ont commencé à revoir leurs priorités. Et le poste de l’alimentation est facilement reniable. »

Alors pas de chiffre précis sur la baisse des ventes dans la Vienne, mais selon ce maraîcher installé à Mignaloux-Beauvoir « toute la filière est touchée »« Sur mon exploitation, je pense qu’on doit être aux alentours de 20 à 25 % de moins. Mais, je pense que je m’en sors plutôt bien car j’ai une grande variété de cultures et différents clients. Mais cette année, pour la première fois, je vais réduire ma production. »

« Un impact financier mais surtout moral »

Pour l’instant, la filière fait le dos rond en attendant une potentielle remontée des ventes. Mais la crainte est de voir des agriculteurs jeter l’éponge. « Il y en a certains qui se questionnent. Quand vous investissez tout ce que vous pouvez et que vous voyez que votre production ne trouve pas preneur, c’est un crève cœur. Il y a l’aspect financier mais surtout moral. »

Aujourd’hui, Mathieu Rullier en appelle aux consommateurs pour soutenir « une agriculture diversifiée et une économie locale ». Surtout que le fond exceptionnel de 10 millions d’euros promis par le gouvernement lui semble bien maigre face à une filière qui représente 12 % de l’agriculture française.

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