Vives tensions à la frontière irano-afghane liées au flux du fleuve Helmand

🇦🇫🇮🇷 Vives tensions à la frontière irano-afghane liées au flux du fleuve Helmand 🚰
Le 27 mai 2023 des échanges de tirs se sont déroulés entre les gardes frontières iraniens et les forces de sécurité de l’Emirat islamique d’Afghanistan, se soldant par la mort d’au moins trois personnes au total.
Depuis, les deux Etats se renvoient la responsabilité de cet affrontement. Bien qu’en apparence anodin, cet événement ne peut être résumé à un simple accrochage sur la frontière. En effet, il résulte d’un long conflit qui traverse les décennies et les différents régimes qu’ont connu l’Iran et l’Afghanistan, puisqu’il est intimement lié au débit du fleuve Helmand.
L’Helmand est un fleuve transfrontalier qui prend sa source en Afghanistan et qui termine sa course dans la région du Baloutchistan iranien. Les conflits portant sur le partage de ses eaux dans cette région aride sont aussi vieux que le tracé de la frontière au XIXe siècle.
Pourtant, ceux-ci sont indéniablement amenés à gagner en intensité au cours des années qui viennent. Il y a encore quelques décennies la province du Sistan-Baloutchistan était une région agricole, dans laquelle on trouvait parmi les plus grands lacs du pays.
Seulement, la gestion catastrophique des autorités iraniennes, l’irrigation massive, les sécheresses successives et la réduction du débit du fleuve en amont ont progressivement transformé la région en un véritable désert. Il en a résulté un appauvrissement généralisé de la population locale, majoritairement sunnite et non-persanophone, à l’égard de laquelle les autorités de Téhéran n’ont rien d’autre à offrir que leur mépris.
Difficile également de blâmer l’Afghanistan qui fait face à des sécheresses à répétition depuis maintenant des années et dont l’économie demeure exsangue après 40 années de conflits et l’imposition de nouvelles sanctions économiques.
L’Asie centrale et l’Asie du Sud sont parmi les régions du monde les plus exposées aux conséquences du dérèglement climatique. Quand nous nous inquiétons de savoir si nous aurons de l’eau au robinet cet été, là-bas la sécheresse tue, elle condamne à la misère et à l’exil des milliers d’individus chaque année, contraints d’émigrer vers les villes s’ils veulent survivre.
Dans ce contexte qui se généralise petit à petit, les tensions autour de l’eau se font de plus en plus régulières et de plus en plus violentes. En témoignent les conflits liés à l’Helmand mais également ceux qui éclatent régulièrement aux frontières entre le Tadjikistan, le Kirghizstan et l’Ouzbékistan.
Dans plusieurs régions du monde l’eau manque déjà, et depuis des années. Les gens qui nous dirigent semblent d’ailleurs prendre la mesure de ce que cela signifie. Si bien que plutôt que d’adopter des politiques qui nous permettraient de gérer collectivement l’usage de l’eau et de mettre en place des modèles plus résilients, ils tentent de la privatiser afin d’en garantir l’accès aux plus riches quand elle viendra à manquer pour les précaires.
Les militant·es en lutte contre l’implantation des méga-bassines à Sainte-Soline déclaraient il y a quelques semaines : « La guerre de l’eau est déclarée ». Iels ne se trompaient pas. C’est une réalité. Et en vérité cette guerre n’oppose pas des Etats, elle nous oppose nous, face au capitalisme mondialisé qui s’accapare des ressources communes, nécessaires à notre survie, dans le but d’en tirer des profits, au détriment des populations les plus précaires, condamnées à dépérir dans l’indifférence la plus totale.

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