À peine sorti des retraites, Emmanuel Macron se retrouve de nouveau au pied du mur. Celui-ci paraît encore plus délicat à franchir.
POLITIQUE – Deuxième crise en quelques mois. Le conflit social douloureux autour de la réforme des retraites à peine surmonté, Emmanuel Macron se retrouve confronté à l’embrasement des banlieues, un défi plus explosif encore et à l’issue incertaine.
Au sortir du conflit des retraites, le président s’était donné 100 jours, jusqu’au 14 juillet, pour « apaiser » le pays et remettre le quinquennat sur les rails. Un objectif qu’il semblait en passe de tenir. Raté. Le voilà de nouveau au pied du mur avec le spectacle, depuis quatre nuits, de violences urbaines dans toute la France après la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi par un policier à Nanterre.
Une « très mauvaise nouvelle » pour Macron
« C’est une très mauvaise nouvelle pour le chef de l’État et la stratégie qui consistait à laisser glisser (l’agenda de l’exécutif) en pente vers le 14 juillet, à miser sur l’accalmie du mois d’août et à faire un remaniement pour clôturer la parenthèse » des retraites, constate le politologue Bruno Cautrès.
Une semaine auparavant, un ministre se félicitait encore qu’« en un an, on n’ait pas eu de grosse emmerde » de type « Benalla » (ancien chargé de mission de l’Élysée) ou Gilets jaunes, comme sous le premier quinquennat. « Après le Covid, les Gilets jaunes, la guerre en Ukraine, rien ne lui aura été épargné », se désole désormais un cadre de la majorité.
Emmanuel Macron se retrouve aussi en « porte-à-faux sur un point cardinal de son message en 2017 : la lutte contre l’assignation à résidence et les blocages de la société française », fait observer le politologue.
Et sa majorité relative à l’épreuve sur un terrain, celui de la sécurité et du régalien, sur lequel elle n’est pas forcément la plus à l’aise et reste très attendue au tournant par la droite et l’extrême droite. S’il lui avait été reproché un excès d’autorité et de verticalité durant la crise des retraites, le chef de l’État risque cette fois d’être confronté à l’exigence exactement inverse.
« Il sera jugé sur sa capacité à apaiser les tensions. Pour lui, le danger est d’apparaître comme faible et irrésolu », souligne l’universitaire Jean Garrigues, spécialiste d’histoire politique.
Sa première déclaration dénonçant un acte « inexcusable » après la mort de Nahel a déjà suscité l’ire à droite. Le chef de l’État dénonce depuis les violences « injustifiables » qui embrasent les villes de France et se dit prêt à adapter « sans tabou » le dispositif de maintien de l’ordre. Sans aller pour l’heure jusqu’à instaurer l’état d’urgence réclamé par Les Républicains et le Rassemblement national.
« On est passé du stade de l’agression contre l’État à travers ses bâtiments à celui du pillage (de magasins). C’est plutôt un élément qui tend à dire que le pic est passé », veut aussi croire le responsable de la majorité cité plus haut.
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