La newsletter de Blast, le souffle de l’enquête

La newsletter de Blast, le souffle de l’enquête
Tracer la route

La voici, la voilà ! Denis Robert l’avait annoncée il y a quelques semaines, vous l’attendiez probablement avec impatience et dieu sait si l’impérieuse nécessité de m’y mettre m’a été rappelée entre temps – à juste titre. Mais, que voulez-vous, les journées sont ce qu’elles sont et leur élasticité a ses limites. Cette fois, c’est donc la bonne : voici le premier numéro de la newsletter dédiée aux enquêtes de Blast.

Un nouveau canal pour vous tenir informé du travail de nos journalistes et de la production du service. Cette première (enfin) lancée, vous retrouverez dorénavant de nos nouvelles à échéance régulière, je m’y engage, pour vous faire partager de l’intérieur la réalité de ce métier un peu particulier. Pour toute l’équipe des enquêtes, c’est un instrument précieux, ce lien avec nos abonnés pour parler de notre travail et de nos méthodes, des difficultés auxquelles nous faisons face, et vous faire partager nos réflexions, nos enthousiasmes et nos doutes parfois. Décortiquer pour vous notre quotidien, en vous faisant rentrer au cœur de la machine, c’est je crois à la fois rendre service au journalisme et répondre à une attente forte et légitime.

Trop souvent, les journalistes d’investigation travaillent isolés, dans leur coin. Vous le savez, pour nous être fidèles, Blast place l’investigation au centre de son projet. Une de nos préoccupations initiales, en construisant la maison commune, était de casser cet isolement en créant une véritable communauté de journalistes et de confrères. Travailler et faire route ensemble, animer et faire vivre ce collectif, c’est une protection pour chacun de nous et collectivement, dans une pratique sur le fil du rasoir. Notre protection passe aussi par ces liens noués avec vous, pour défendre le vrai journalisme.

Les signatures, journalistes et collaborateurs du service enquêtes de Blast.

Cette sécurité collective permet de résister à l’adversité, ne pas plier à ses diktats. Elle est bien réelle (l’adversité) pour les journalistes qui enquêtent sur des sujets qui ne sont pas fournis clé en mains, avec un sourire et un dossier de presse tendu par une communicante à la sortie d’un déjeuner (évidemment offert).

Depuis plusieurs semaines, Blast est l’objet d’une série d’attaques. Les fronts sont multiples. Louis Aliot, maire RN de Perpignan, a déclaré devant son conseil municipal qu’il allait porter plainte contre Blast. Il a peu apprécié – on le comprend – nos révélations en mai sur les agissements de sa police municipale, pilier de son projet local et laboratoire pour un futur qu’il voudrait national. Nous reviendrons sur ce dossier et ses suites (il y en a d’autres).

En attendant, vous pouvez profiter de l’été pour revoir et lire ces éléments et documents, qui déplaisent tant à l’édile de la droite extrême.

Tout récemment, nous avons avec Thierry Gadault révélé des éléments qui interrogent sur le rôle du député Renaissance Marc Ferracci. Le meilleur ami d’Emmanuel Macron, cerveau de ses réformes sur le travail, a démissionné de sa fonction de rapporteur de la loi « plein emploi » le 18 juillet, à la suite de nos révélations. Le jour de cette annonce, nous avons reçu la visite d’un huissier. Il venait déposer une plainte contre Blast et l’auteur de cette enquête.
Avec son avocat Me Baratelli (connu pour être également celui de Vincent Bolloré et de Lagardère), Marc Ferracci demande à la justice de condamner Blast à 100 000 euros.

Nous reviendrons là encore et évidemment sur cette histoire.

Politique française toujours, Valérie Pécresse, la présidente LR de la région Ile-de-France, s’est félicitée en mai que la justice ait classée sans suite la plainte que des élus écolos avaient déposé contre elle lors de la campagne présidentielle de 2022, suite aux révélations de Blast. Nous avions consacré à l’époque une enquête en plusieurs volets, très documentée et détaillée, à ses participations financières, notamment ses actions Alstom détenues avec son mari. Et nous pointions les questions que posaient la détention de tels actifs, au regard de son rôle dans les marchés publics des transports d’Ile-de-France.

La presse a repris sans aucune contradiction les éléments de langage transmis par sa communication et l’a laissée expliquer que le PNF avait transmis au procureur de la République la plainte en dénonciation calomnieuse qu’elle-même avait déposée en réplique, contre ces élus écologistes.

Blast a aussi reçu un mail de son conseiller historique, qui nous demandait de reprendre ces mêmes éléments. Nous ne l’avons pas fait pour deux raisons. D’une part, nous n’écrivons pas sous la dictée, même si nous tenons évidemment à présenter les faits de façon complète. Surtout, la lecture et l’interprétation de cette actualité faite par Mme Pécresse (visée par ailleurs par une seconde enquête de la justice sur le financement de sa campagne) sont un… peu rapides. Les choses ne sont pas exactement celles-ci. Nous reviendrons aussi sur ce dossier pour les poser telles qu’elles sont.

Et puis nous avons également été la cible d’une attaque venue de l’étranger. De Suisse, où Moran Kerinec continue à enquêter pour Blast sur ces Français qui profitent de l’engouement pour les médecines alternatives pour piéger ceux qui mordent à l’hameçon, et qui s’en mordent ensuite les doigts.

Ces expatriés, nous l’avions raconté en janvier, ont expérimenté des méthodes de marketing direct particulièrement agressives dans les rangs de la droite française la plus réactionnaire.
Avant de les appliquer désormais dans leur florissant business. Début juin, nous avons été notifiés par le tribunal civil de Genève d’une ordonnance « de mesures provisionnelles et superprovisionnelles ». Sur le moment, on s’est regardé en se demandant ce dont il s’agissait… Pour faire simple, l’un des acteurs principaux de ces histoires a saisi la justice suisse après avoir reçu les questions de Moran, et nous voilà en gros interdit pour le moment d’écrire sur cette personne dans le cadre de notre enquête ! Une nouvelle forme de censure par anticipation, inédite pour nous.

L’en-tête de l’ordonnance adressée à Blast en juin, qui prétend nous interdire de faire notre travail en évoquant le rôle d’un acteur de notre enquête, au nom de « [l’]atteinte illicite » « imminente »…

Mais rassurez-vous. D’une part, nous avons bien l’intention de publier les deux prochains volets de cette série. Par ailleurs, Moran se rendra en Suisse en août et il racontera cette procédure suisse singulière, qui prétend empêcher un média français de faire son travail a… priori, dans un autre article.

Vous l’avez compris, Blast ne se laissera pas faire. Ces attaques répétées sont en réalité le signe de la place que nous sommes en train de conquérir – une sorte de revers de la médaille. Nous faisons face sans arrogance mais avec confiance et sérénité, parce que sûrs de nos méthodes et du travail produit, quand nous décidons de publier une enquête.

Nous menons le combat pour la liberté d’informer grâce à vous, je tiens ici à le souligner, c’est fondamental. Grâce à votre soutien, parce que nous savons que vous êtes là, derrière nous.

Ces attaques sont aussi destinées à effrayer nos confrères, dans le cas où quelques-uns un peu courageux envisageraient de reprendre nos scoops, ou de suivre notre exemple. Quand nous défendons Blast, notre travail, c’est le journalisme tout entier que nous défendons.

Ce combat, nous l’avons mené de façon exemplaire en créant un pôle dédié pour enquêter sur les DrahiLeaks et les secrets de la galaxie Altice et de son patron avec nos confrères de Streetpress et de Reflets – qui était attaqué par Patrick Drahi et ses conseillers, pour empêcher ces révélations. Grâce à cette réaction dont nous sommes à l’initiative, la réponse est cinglante : les enquêtes sur Altice et son propriétaire se sont multipliées, conjointement sur nos trois médias, grâce à cette force décuplée.

Le pool Drahileaks reviendra d’ailleurs à la rentrée, pour une 3ème journée spéciale, et des révélations et une enquête par heure.
S’en prendre à trois médias solidaires, c’est nettement plus compliqué qu’en attaquer un, seul et isolé, surtout pour celui qui est aussi patron de presse (BFM, RMC, etc…).

Ensemble et solidaires pour résister… C’est bien et encore la même équation.

L’actualité récente témoigne de l’importance de ce travail, et de nos informations. Ce qui se passe aujourd’hui au Portugal, où l’associé de Patrick Drahi et numéro 2 de son groupe est pris dans les mailles de la justice, en donne une démonstration retentissante : ce sont les mêmes pratiques et les mêmes méthodes que l’on retrouve, celles que nous avons déjà révélées sans réaction à ce jour de la justice dans notre pays.

Publiée le 23 juillet, l’enquête de Florence Gaillard consacrée à ces développements judiciaires au Portugal pointe tout cela, avec quelques documents exclusifs au passage issus des Drahileaks.

Ce lundi 31 août, nouveaux éléments, et nouvelles révélations : nous avons publié une nouvelle enquête produite et réalisée par le pool constitué pour éplucher et faire parler les DrahiLeaks. Et nous faisons un peu plus le lien entre toutes ces affaires.
Cette enquête montre documents à l’appui que Patrick Drahi peut difficilement affirmer qu’il ignorait les pratiques de son ami de 30 ans.
 Ces nouvelles révélations, exclusives, nous les publions conjointement avec nos amis de Reflets et de Streetpress.

J’en profite également… Lisez aussi ou relisez cette autre enquête de Florence publiée début juillet sur l’école Polytechnique, où on forme les élites de la Nation. On le fait au nom de la rigueur académique et de la science, mais dans la pratique aussi en répondant aux diktats de l’industrie. Par exemple quand il s’agit de définir un enseignement sur les questions de l’environnement et de la transition écologique, ce sont les industriels qui dictent la doxa enseignée. Et toute voix discordante est écartée.

Depuis ce dimanche, Blast propose un nouveau long format sur un sujet qui tenait particulièrement à cœur à son auteur, ainsi qu’à Blast. Yanis Mhamdi a enquêté sur la politique de la ville, sur laquelle la nouvelle responsable de ce dossier au gouvernement tient des propos inquiétants. La secrétaire d’État Sabrina Roubache-Agresti explique en substance qu’on a trop donné aux banlieues (!). Et que la crise qui menace, dont on a vu les effets – les émeutes consécutives à l’affaire Nahel (sur laquelle Blast a été très mobilisé) en ont donné un avant-gout de cendres – n’est pas une histoire de moyens… Vraiment, madame ? Je vous invite pour vous faire une idée à regarder l’enquête long format de Yanis, ce qu’elle révèle, et ce que disent les acteurs de ce dossier majeur.

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