Le parti au pouvoir met sur le même plan un groupuscule néo-nazi et la première force d’opposition au Parlement –
Lundi 7 août, le Ministre de l’Intérieur annonçait sa volonté de dissoudre l’organisation Civitas. Il s’agit d’un groupuscule intégriste qui veut rétablir la royauté de droit divin et renverser la République, qui s’oppose aux droits des femmes et qui s’allie à différents réseaux néo-nazis. Civitas, fondé en 1999, rend hommage chaque année au régime de Vichy et à Pétain en se recueillant sur sa tombe, pour exprimer sa nostalgie d’une époque où la France déportait, torturait et assassinait des dizaines de milliers de juifs, de tziganes, de résistants. Civitas est aussi lié au parti nazi grec Aube Dorée, aujourd’hui démantelé, et à Alain Soral. Récemment Civitas a empêché physiquement plusieurs concerts jugés anti-catholiques, et participé aux mobilisations fascistes à Saint-Brévin, qui ont abouti à l’incendie de la maison du maire.
Le groupuscule souhaite également retirer la citoyenneté française aux juifs, accusés d’être responsables de l’immigration. En 2016, le porte parole du groupuscule dénonce «un nouvel ordre mondial, et son messianisme judéo-maçonnique». Après avoir été un élément moteur des «Manifs Pour Tous» homophobes, Civitas défilait en 2014 dans un cortège d’extrême droite intitulé «Jour de Colère», qui scandait des cris antisémites tels que «Juif, la France n’est pas à toi». Dévoré par sa haine des juifs, l’organisation trouve le RN trop complaisant avec le «sionisme».
Que signifie ce projet de dissolution ? Il s’agit d’un leurre. Après avoir dissout en rafale des structures antifascistes, anti-colonialistes ou musulmanes, et plus récemment les Soulèvements de la Terre, coalition écologiste réunissant des dizaines de milliers de personnes, Darmanin détourne l’attention avec cette annonce contre un minuscule groupe fasciste. Il s’agit d’une mise en scène entre deux factions de l’extrême droite : celle au pouvoir et celle qui gesticule. En attendant, Darmanin couvre depuis des mois des dizaines d’actes de violence commis par l’extrême droite et reprend à son compte les mots et les idées du RN. Rappelons que Macron lui-même avait reçu à l’Élysée en 2019 le royaliste et membre de l’Action Française Elie Hatem, qui avait pris un selfie avec le couple présidentiel. Coïncidence : cet homme avait été candidat de Civitas lors des législatives de 2017. Aucune dissolution ne sera jamais la solution face aux fascistes.
Dans ce contexte, la députée Macroniste Caroline Yadan publiait après l’annonce de dissolution ce message : «Et la dissolution de LFI pour lutter contre l’antisémitisme c’est une idée aussi non ?» Rappelons d’abord que Caroline Yadan n’a pas été élue : elle était suppléante de Stanislas Guérini, bras droit de Macron qui a depuis été nommé ministre. Elle a donc récupéré un siège de député.
Cette représentante du parti au pouvoir réclame ainsi la suppression du premier parti d’opposition en France, une force politique qui compte 74 députés au Parlement et qui a obtenu 22% des voix aux dernières présidentielles. Jamais aucun Macroniste n’a demandé la dissolution du RN.
Cette demande est un symptôme du totalitarisme qui s’installe et un signe de plus de l’alliance de fait du bloc bourgeois et du bloc fasciste contre la gauche. En clair : une partie du macronisme souhaite désormais un parti unique et un État policier. Le clan qui gouverne à coup de grenades et de 49-3 veut en finir avec ce qui reste de démocratie.
En juin, Caroline Yadan avait déjà attaqué le journaliste Taha Bouhafs, qu’elle a accusé à tort de s’être présenté sur une liste électorale de l’antisémite Alain Soral. Cette liste datait de 2009, quand Taha Bouhafs n’avait que 12 ans… Le journaliste a d’ailleurs toujours dénoncé l’extrême droite et l’antisémitisme. Plus c’est gros, plus ça passe.
Le 1er août, la même Caroline Yadan, accusait le rappeur Médine, invité par Europe Écologie, d’adhérer «à des thèses favorisant la haine de la République, l’antisémitisme, l’homophobie et le séparatisme islamiste». Encore une salve de diffamations. Le tort de ces deux hommes, Médine comme Taha Nouhafs, est d’être d’origine maghrébine, donc forcément «islamistes» et «antisémites» aux yeux de cette élue…
Caroline Yadan est elle-même liée à l’extrême droite israélienne. Juste après la victoire d’une coalition raciste, intégriste et fasciste en Israël en janvier dernier, elle tweetait depuis un avion : «En route pour Tel-Aviv ! Avec la délégation parlementaire nous partons visiter Israël, ce beau pays démocratique au cœur du Moyen-Orient.»
La stratégie du pouvoir est claire : pour liquider l’opposition de gauche, il faut l’assimiler au nazisme et la diffamer sans relâche. Les macronistes mettent ainsi sur le même pied Civitas, groupuscule pétainiste qui ne cache pas son désir d’éliminer les juifs, et la France Insoumise, qui dénonce occasionnellement les crimes coloniaux en Israël. Aurore Bergé avait déjà réclamé la dissolution d’Amnesty International pour avoir parlé «d’apartheid» en Israël.
Il s’agit d’une stratégie de confusion délibérée, malsaine et extrêmement dangereuse qui ne bénéficiera qu’aux fascistes.
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