aNationalité : Israël
Né(e) à : Linz, Autriche , le 10/09/1946
Shlomo Sand est un historien israélien spécialisé dans l’histoire contemporaine.
Il a passé ses deux premières années de vie en camps de réfugiés juifs polonais, en Allemagne. Il a grandi en Israël où ses parents ont émigré.
Après l’expérience traumatisante de la guerre des Six Jours (1967) à laquelle il a participé comme simple soldat, il a milité dans l’extrême gauche israélienne favorable à un État binational judéo-palestinien.
Au milieu des années 1970, il a complété ses études universitaires à Paris où il a soutenu, sous la direction de Madeleine Rebérioux, une maîtrise sur Jean Jaurès et une thèse sur Georges Sorel qu’il a rédigée et soutenue en français. Il a relancé en France les études soréliennes en y organisant le premier colloque sur Sorel, en 1982, et en cofondant en 1983 les Cahiers Georges Sorel, devenus ensuite « Mil neuf cent: Revue d’histoire intellectuelle ».
Retourné en Israël, il s’est intéressé à l’histoire du cinéma, à l’histoire des intellectuels et, plus récemment, à l’histoire du peuple juif. Sur ce dernier thème, il a notamment publié, en 2008, Comment le peuple juif fut inventé (Prix Aujourd’hui 2009) qui est un ouvrage principalement historiographique, et qui propose aussi une critique de la politique identitaire de son pays.
Il est professeur à l’Université de Tel Aviv depuis 1985.
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Historien engagé et volontiers polémiste, Shlomo Sand a dénoncé à grand bruit le mythe de l’existence éternelle du peuple juif. Poursuivant ici son œuvre de déconstruction des légendes qui étouffent l’État d’Israël, il s’intéresse au territoire mystérieux et sacré que celui-ci prétend occuper : la « terre promise » sur laquelle le «peuple élu» aurait un droit de propriété inaliénable.
Quel lien existe-t-il, depuis les origines du judaïsme, entre les juifs et la «terre d’Israël» ?
Le concept de patrie se trouve-t-il déjà dans la Bible et le Talmud ? Les adeptes de la religion de Moïse ont-ils de tout temps aspiré à émigrer au Moyen-Orient ? Comment expliquer que leurs descendants, en majorité, ne souhaitent pas y vivre aujourd’hui ? Et qu’en est-il des habitants non juifs de cette terre : ont-ils – ou non – le droit d’y vivre ?
Sivan Cohen-Wiesenfeld (Traducteur)Jeannine Levana Frenk (Traducteur)
Dans le sillage de la «contre-histoire» née en Israël dans les années 1990, Shlomo Sand nous entraîne dans une plongée à travers l’histoire «de longue durée» des juifs. Les habitants de la Judée furent-ils exilés après la destruction du Second Temple, en l’an 70 de l’ère chrétienne, ou bien s’agit-il ici d’un mythe chrétien qui aurait infiltré la tradition juive ? Et, si les paysans des temps anciens n’ont pas été exilés, que sont-ils devenus ? L’auteur montre surtout comment, à partir du XIXe siècle, le temps biblique a commencé à être considéré par les premiers sionistes comme le temps historique, celui de la naissance d’une nation.
Ce détour par le passé conduit l’historien à un questionnement beaucoup plus contemporain : à l’heure où certains biologistes israéliens cherchent encore à démontrer que les juifs forment un peuple doté d’un ADN spécifique, que cache aujourd’hui le concept d’«État juif», et pourquoi cette entité n’a-t-elle pas réussi jusqu’à maintenant à se constituer en une république appartenant à l’ensemble de ses citoyens, quelle que soit leur religion ? En dénonçant cette dérogation profonde au principe sur lequel se fonde toute démocratie moderne, Shlomo Sand délaisse le débat historiographique pour proposer une critique de la politique identitaire de son pays.
Construit sur une analyse d’une grande originalité et pleine d’audace, cet ouvrage foisonnant aborde des questions qui touchent autant à l’origine historique des juifs qu’au statut civique des Israéliens. Paru au printemps 2008 en Israël, il y est très rapidement devenu un best-seller et donne encore lieu à des débats orageux.
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Elle sera d’emblée récusée par nombre de laïcs déterminés à se définir comme juifs. Pour d’autres, je ne serai qu’un traître infâme, rongé par la haine de soi. Des judéophobes conséquents ont déjà qualifié d’impossible, voire d’absurde, une telle question, parce qu’ils considèrent qu’un juif sera toujours d’une autre race. La judéité est perçue comme une essence immuable et compacte, qui ne saurait être modifiée.
L’État dont je suis citoyen définit ma nationalité comme «juif». Pourtant, j’aurais pu être enregistré sous la nationalité autrichienne ; en effet, je suis né, fortuitement, dans un camp de personnes déplacées, dans la ville de Linz, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Le problème est que je ne crois pas en un être suprême. Si l’on excepte une brève crise mystique, à l’âge de douze ans, j’ai toujours pensé que l’homme a créé Dieu et non pas l’inverse ; et cette invention m’est toujours apparue comme l’une des plus problématiques, des plus fascinantes et des plus meurtrières de l’humaine société. Par conséquent, je me retrouve, pieds et poings liés, pris au piège de mon identité démente.
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