L’avion interpellé en France avec des passagers indiens, une affaire qui résonne en Inde

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À la Une en Asie, cet avion transportant 303 passagers, principalement indiens, qui est resté cloué sur le tarmac d’un aéroport de la Marne, en France. À l’issue d’une escale technique, il devait partir pour le Nicaragua, mais les autorités françaises de lutte contre le crime organisé soupçonnent qu’il serve à une filière d’immigration clandestine. L’affaire fait grand bruit en Inde.

Un agent de la gendarmerie française à l’aéroport de Vatry, dans la Marne, où avion de Legend Airlines transportant 303 passagers, principalement indiens, est resté immobilisé. AP – Christophe Ena

De notre correspondant à Bangalore, 

Cette affaire fait évidemment la Une des médias indiens. Quelque 300 Indiens bloqués en France, ce n’est pas rien. Mais on n’en sait pas beaucoup plus en Inde qu’en France.

Il s’agit donc d’un vol de la compagnie roumaine Legend Airlines, parti de Dubaï et qui effectuait une pause technique pour rejoindre Managua. Deux passagers suspectés d’être à la tête du réseau clandestin sont soupçonnés d’avoir planifié ensuite de passer la frontière des États-Unis.

L’ambassade d’Inde en France semble dans l’expectative, elle a obtenu un accès consulaire et affirme enquêter sur la situation et s’assurer du bien-être des passagers. Ils ont été évacués samedi vers un terminal où ils ont pu se reposer sur des lits, mais restent en détention. D’autant qu’il y a onze mineurs non accompagnés dans ce vol.

Une première information est tombée ce dimanche via le ministère des Affaires étrangères indien : les ressortissants indiens seraient majoritairement pauvres et issus des États du Gujarat et du Pendjab. Ce qui renvoie à une réalité bien connue des Indiens, car ce sont deux États où l’on émigre énormément, en particulier aux États-Unis.

L’immigration indienne aux États-Unis en plein boom

Affréter un avion entier est peut-être une nouvelle méthode, mais il est clair que pour certains Indiens, les États-Unis sont un saint Graal pour lequel ils sont prêts à prendre tous les risques. Le processus est souvent le même : on atterrit dans un pays proche où l’on peut facilement obtenir un visa, puis on franchit illégalement la frontière à pied.

Si le voyage se déroule sans encombre, c’est là que les ennuis peuvent commencer. En avril dernier, quatre Indiens du Gujarat sont morts de froid en essayant de rentrer aux États-Unis par la frontière canadienne. Cela avait déjà remué l’Inde. S’il y fait plus chaud, le parcours à partir du Nicaragua est aussi très dangereux, exposé aux mafias locales ou aux insectes mortels.

Moins médiatisé que l’immigration mexicaine, l’immigration indienne est en plein boom aux États-Unis. Pour s’en donner une idée, les douanes américaines ont attrapé 20 000 Indiens en situation illégale en 2020, contre près de 100 000 en 2023. Ils sont désormais la troisième population de travailleurs illégaux sur place.

Il existe bien sûr une immigration indienne légale aux États-Unis, qui passe par les universités ou les entreprises technologiques notamment. Mais elle est réservée à l’infime minorité des Indiens qui peuvent se payer les frais d’inscription et le coût de la vie. Les plus défavorisés espèrent, eux, trouver un petit boulot auprès de la diaspora déjà installée, par des moyens illégaux et dangereux. Un film de Bollywood raconte même le parcours d’un groupe d’amis déterminés à rejoindre les États-Unis via une route secrète.

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