L’Allemagne connaît un large mouvement de contestation

Depuis plus d’une dizaine de jours, l’Allemagne connaît un large mouvement de contestation, initié par le monde agricole et rejoint depuis par d’autres secteurs socio-professionnels.
C’est l’annonce de la fin de la subvention fédérale sur le diesel agricole qui a mis le feu aux poudres. Seulement, à l’image des gilets jaunes il y a cinq ans, la colère suscitée par cette annonce cache un mal-être bien plus profond.
Dans de nombreux pays d’Europe, les métiers du secteur agricole comptent parmi les plus précaires. Pris en étau entre une grande distribution impitoyable et des institutions nationales et européennes qui les méprisent, de nombreux agriculteurs sont condamnés à la précarité et à la dépendance aux différentes subventions.
Il y a également ce sentiment qui persiste que les timides réformes en matière de politique environnementale sont dirigées contre eux. Et on peut les comprendre. Car la France, l’Allemagne et l’Union européenne refusent de remettre en question le modèle de l’agriculture conventionnelle.
Il est clair que celui-ci n’est pas viable, qu’il est à repenser dans son ensemble. Pour autant il est tout simplement impensable d’en faire porter la seule responsabilité aux seuls agriculteurs, qui ont été enfermés dans ce modèle par ces mêmes institutions et qui en sont aujourd’hui les premières victimes.
Cancer, espérance de vie réduite, taux de suicide qui explose les moyennes nationales, il ne fait clairement pas bon de travailler dans le monde de l’agriculture.
Pourtant, nombre d’entre eux se tournent vers des organisations aux pratiques quasi-mafieuses pour défendre leurs intérêts. Ce qui peut sembler surprenant dans la mesure où les organisations telles que la FNSEA défendent le modèle même qui a conduit nombre d’entre eux à la précarité.
Mais comment s’en étonner quand on voit le peu d’intérêt que la gauche bourgeoise et citadine porte à la question agricole, sans parler du mépris dont elle peut parfois faire preuve à l’égard des acteurs du secteur primaire.
Aujourd’hui des mesures telles que l’interdiction de tel ou tel pesticide ou engrais chimique ne peuvent suffire (bien que nécessaires) si elles ne sont pas associées à une politique de transition et d’accompagnement sur le long terme des agriculteurs.
Les Etats et l’Europe doivent financer cette transition, ils ne peuvent en faire porter le poids aux agriculteurs, sans quoi ils les réduiront encore davantage à la précarité.
Il est donc indispensable que la gauche s’empare de ces questions-là, qu’elle mette les mains dans la merde et qu’elle cesse de jouer les donneuses de leçon depuis le haut de son piédestal.
Des mouvements tels que celui des agriculteurs allemands doivent être soutenus, de même que pour les mobilisations d’agriculteurs en France, sans quoi cela revient à laisser le monopole de la contestation à des organisations telles que la FNSEA, dont les objectifs sont aux antipodes de nos intérêts et de ceux des petits exploitants.
Il est donc impératif que la gauche électoraliste élargisse son agenda politique dans le domaine de l’agriculture. Il existe aujourd’hui nombre d’agriculteurs qui tentent ou qui aimeraient s’extraire du modèle conventionnel afin de mettre en place des pratiques vertueuses, qu’il s’agisse du bio, de l’agriculture de conservation des sols, de l’agroforesterie, etc, et qui pourtant ne bénéficient de quasiment aucune aide pour les accompagner.
Comme nous l’avons déjà évoqué ici, la refonte de notre modèle de production agricole doit se faire en tenant compte de la situation des travailleurs du monde agricole. Cette transition doit se faire avec eux, et non contre eux, car ils sont tout autant les victimes des logiques prédatrices du capitalisme.

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