3 janvier 2024 à 09h27Mis à jour le 3 janvier 2024
Le Pas-de-Calais est à nouveau en état d’alerte face aux risques d’inondations et de crues. Une situation amenée à se reproduire dans ce territoire, sous l’influence du changement climatique.
Le nouvel An à peine fêté, voilà que ressurgissent les traumatismes de 2023. Le 2 janvier, neufs départements du quart nord-ouest de l’Hexagone étaient placés en vigilance orange « pluie et inondation ». Si au petit matin du 3 janvier, la Manche, l’Orne, la Mayenne, la Sarthe, la Loire-Atlantique, la Vendée, le Finistère et le Morbihan sont désormais tirés d’affaires, un autre reste sur la sellette : le Pas-de-Calais, passé en vigilance jaune pour les inondations et rouge pour les crues.
Un nouveau renforcement des pluies, parfois accompagné d’orages, menace. Sept cours d’eau risquent de sortir de leur lit, a averti l’organisme public Vigicrues. Parmi eux, la Canche, la Liane ou encore la Hem. Autant de rivières ayant vécu le même scénario au mois de novembre. Ces inondations avaient touché plus de 260 communes, transformant les rues en torrents et condamnant les meubles des quelque 5 849 logements sinistrés.
« L’hiver, les précipitations vont devenir de plus en plus abondantes »
Alors les Pas-de-Calaisiens sont-ils voués à se réveiller, de plus en plus souvent, les pieds dans la gadoue ? Les restrictions d’eau, privations d’électricité et fermetures d’écoles deviendront-elles leur nouveau quotidien ? Ces questions en appellent une autre : celle de l’attribution de ces phénomènes extrêmes au changement climatique. « L’hiver, dans les Hauts-de-France comme dans le nord de l’Europe, les précipitations vont devenir de plus en plus abondantes », précise François Gourand, prévisionniste à Météo-France, qui s’appuie sur le travail du Giec.
Mettre sur le dos du changement climatique un unique épisode météorologique n’est jamais évident. « Pour la simple et bonne raison qu’il y en a toujours eu », poursuit le spécialiste. « En revanche, dès qu’on dézoome, l’augmentation de la fréquence de ces fortes précipitations dans le département saute aux yeux. »
Effet domino
L’un des principaux phénomènes physiques expliquant cette recrudescence trouve son origine dans le réchauffement des océans : plus l’eau est chaude, plus l’évaporation est importante et plus l’atmosphère se charge en humidité. « Puis toute cette vapeur d’eau, par le biais du mécanisme de la formation des dépressions, passe à nouveau à l’état liquide… et s’abat sur nos territoires », détaille François Gourand.
Publiée le 27 novembre par le CNRS, une étude confirmait le rôle du changement climatique dans l’exacerbation des inondations survenues cet automne en France et en Italie. En comparant les modèles de pression d’événements similaires observés entre 1979 et 2000, le climatologue Davide Faranda et ses deux confrères ont noté « une augmentation de 1 à 3 millimètres » de pluie « par jour », soit « 15 à 30 % de précipitations supplémentaires ». De forts cumuls provoquant parfois une saturation des sols en eau… et par effet domino, des inondations.
D’après Météo-France, le Pas-de-Calais sera l’un des départements les plus touchés par la hausse des précipitations, avec entre 20 et 50 mm de cumuls supplémentaires par an. D’autres facteurs entrent aussi en jeu, comme la variabilité climatique naturelle, l’aménagement du territoire ou encore la géographie de la région touchée. Les terrains plats du Pas-de-Calais limitent notamment les capacités de drainage. Le 2 janvier au soir, certains riverains ont quitté leur village, de crainte que l’histoire ne se répète.
Poster un Commentaire