Nouvelle-Calédonie : 165 ans d’une histoire mouvementée 

NEW CALEDONIA - JULY 23: French President Chirac On Visit To New Caledonia On July 23, 2003 In Noumea, France. Speech And Walkabout Of President Chirac On The Place Des Cocotiers. (Photo by Gilles BASSIGNAC/Gamma-Rapho via Getty Images)

26 mai 2024
Nelpal
LOUISE MICHEL LES KANAKS

  1. Nouvelle-Calédonie : 165 ans d’une histoire mouvementée 
  2. Le glossaire Kanak de Louise MICHEL
  3. Louise Michel, le procès (2)
  4. Louise Michel, les Kanak …
  5. Louise Michel, militante anarchiste
  6. Rescapés de la Semaine sanglante , 4500 communards sont condamnés au bagne, Louise Michel en est. En prison avant le départ puis en Nouvelle-Calédonie les fédérés côtoient les combattants kabyles du plus grands soulèvement anticolonial d’Algérie de 1871. Ce lien érode leur adhésion forte au projet colonial de la République1. Trop peu pour interroger la question Kanak. Ainsi, Communards et révoltés Kabyle seront au côté de l’administration française, contribuant pour une part à l’anéantissant la grande révolte Kanak de 1878.
  7. Louise Michel et les Kanaks (2/2) – écrire la légende et faire converger les luttes 
  8. Nouvelle-Calédonie : la grande révolte kanak de 1878 contre les colons français 
  9. Louise Michel, Légendes Canaque
  10. Louise Michel, une femme libre au bagne, blog de la BNF

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Épisode méconnu, l’appel au boycott de l’école coloniale et la création d’une éducation populaire kanak (1) à l’occasion des « événements » qui ont secoué la Nouvelle-Calédonie au milieu des années 1980, est l’une des rares expérimentations à grande échelle (entre 6 et 15 % des enfants kanak concernés, selon les sources (2)) d’une « pédagogie sociale » par, à travers et pour le milieu. Elle s’inscrit dans une longue tradition de lutte et de résistance que nous avons choisi de faire débuter ici, avec l’arrivée de Louise Michel et des communards en terre kanak. Décembre 1873 : c’est à bord de La Virginie, vieille frégate à voile reconvertie en « bateaucage » pour le transport des bagnards, que les proscrits de la Commune de Paris atteignent la Nouvelle-Calédonie. Cela fait tout juste vingt ans que le « Caillou » a été officiellement intégré à l’Empire colonial français et sert de prison à ciel ouvert pour des insurgés venus du bout du monde. Outre les révoltés parisiens, on y croise également une poignée de rebelles kabyles rescapés de la féroce répression de 1872 (3). Démoralisés, livrés à eux-mêmes et ruminant leur échec, les communards vivent en vase clos. Rares sont ceux qui s’intéressent au sort des indigènes, ces Kanak qui refusent pourtant, les armes à la main, de se soumettre à l’ordre colonial. Louise Michel sera de ceux-là. Ancienne institutrice (4), elle reprend du service au sein de la communauté des déportés. Mais très vite, elle se découvre une proximité avec le peuple kanak, faisant l’effort d’apprendre sa langue et s’ouvrant à sa culture et ses traditions (elle publiera un recueil de contes et légendes kanak à la suite de son séjour (5)). Fidèle à sa devise d’ « apprendre toujours et de partager ce savoir », partageant leur révolte dans un même élan de résistance et d’espérance, elle devient à la fois leur élève et leur enseignante – ce qui lui vaudra, selon la légende, une relégation au « quartier des Incorrigibles (6). » Elle raconte dans ses Mémoires comment elle enseignait aux Kanak, à partir des rudiments de langue qu’elle maîtrisait, mettant au point des méthodes nouvelles de lecture et d’écriture à l’aide de lettres mobiles. 

Je reviendrai ! En 1878, elle prend fait et cause pour le soulèvement d’Ataï, quand nombre de déportés n’hésitent pas à se ranger du côté de leurs anciens bourreaux. Une fois l’ordre rétabli, le gouverneur Olry expédie les têtes coupées des chefs rebelles (7) à Paris pour l’Exposition universelle. Les vaincus sont vendus comme esclaves à des négriers. Un demi-millier de Kanak sont ainsi transportés sur les côtes du Chiapas pour connaître le servage des peones tzotziles ou tzeltales, où ils seront décimés par une épidémie de vérole (8). Quelques mois avant que Jules Ferry – père de l’école républicaine mais également chantre du colonialisme français – ne proclame ses lois scolaires, l’exemple de Louise Michel se dresse comme un contre-modèle éducatif, inspiré des idéaux pédagogiques de la Commune, où l’instruction – considérée comme un outil d’émancipation et non de domestication – s’acquiert dans le respect des cultures opprimées (9). On prétend que la communarde a fait don aux insurgés kanak de la fameuse écharpe rouge qu’elle arborait sur les barricades. « Je reviendrai ! », leur promet-elle, depuis le pont du navire la ramenant vers la France.

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