« Ce n’est pas maintenant qu’il faut nous lâcher », pic de production, fraises à 2 €, les professionnels lancent un appel pour soutenir la filière française

Retardées par un mois de mai maussade, les fraises françaises arrivent sur les étals, en grandes quantités. Des volumes historiques qui inquiètent les agriculteurs. Ils ont lancé un appel aux consommateurs et aux grandes surfaces à consommer des fraises.

Elles aussi, attendaient le soleil. Après un mois de mai froid et pluvieux, les fraises sont enfin prêtes pour la récolte. Le pic de production, attendu ce week-end, est historique, mais inquiète les producteurs.

Deux tonnes par jour

Depuis une semaine, les stocks de fraises récoltés sont dantesques. À Damazan, en Lot-et-Garonne, Sylvie Delaurier-Zanutthigh produit deux tonnes de gariguettes chaque jour.

Elle n’est pas la seule : tous les producteurs doivent aujourd’hui gérer une double production, la première retardée par le mauvais temps et la seconde qui débute actuellement. “Les fraisiers donnent leur première charge de fruit, mais le beau temps amène une nouvelle floraison et donc une nouvelle charge de fruit”, détaille Mickaël Bazile, Directeur général de la Scaafel.

Ça fait un mois qu’on manque de fraises. On savait que ça allait se dérouler comme ça. Ce qui est difficile, c’est de trouver le client à cette période.

Mickaël Bazile

Directeur d’une coopérative à Aiguillon (47)

Cette coopérative lot-et-garonnaise commercialise actuellement 30 tonnes de fraises chaque jour. C’est deux fois plus que d’ordinaire. “La problématique est logistique : le week-end, les commandes des grandes surfaces sont plus faibles, mais comme il fait chaud, on ramasse les mêmes quantités tous les jours”, détaille le directeur général de la Scaafel.

Baisse de 25 %

Si la qualité des fruits rassure les producteurs, ils s’inquiètent en revanche de la dégringolade des prix, liés à un excès d’offre sur les étals. “On est vraiment inquiets parce que si on n’arrive pas à maintenir des prix raisonnables, tout ce qu’on a gagné avant va être perdu”, envisage la fraisicultrice.

Les prix producteurs ont déjà chuté de 8 à 6 euros le kilo, en quelques jours. “Il faut trouver des prix plus attractifs, et rogner sr les marges pour faire face à la concurrence”, concède Mickaël Bazile.

À cette époque pourtant, la concurrence avec les fraises étrangères est faible. “On n’a pas de concurrent particulier parce que l’Espagne ou le Maroc n’ont pas le même créneau”, précise Sylvie Delaurier-Zanutthigh. Les adversaires de la fraise sont en réalité les autres fruits de l’été qui sont aussi arrivés dans les commerces, comme la cerise, la pêche ou encore le melon.

Soutien des consommateurs

Face à la situation, les producteurs ont lancé un appel aux consommateurs. « Nous appelons les consommateurs à se tourner plus que jamais vers le produit français dont l’offre s’annonce abondante dans les prochaines semaines », affirme Émeline Vanespen, directrice de l’Aopn (association d’organisations de producteurs nationale) Fraises Framboises de France.

C’est maintenant qu’il faut nous soutenir, soutenir les agriculteurs.

Sylvie Delaurier Zanutthigh

Fraisicultrice à Damazan (47)

Pour écouler les stocks sans perte, des promotions devraient faire leur apparition dans les magasins. Entre effort des intermédiaires et des grandes surfaces, et des concessions des producteurs, certaines barquettes de fraises pourraient afficher des prix aux alentours de 2 € sur leurs étiquettes. Pour ces producteurs, le maintien de la demande est crucial pour assurer une saison rentable.

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