Européennes : Attal s’incruste dans une interview de Hayer

French ruling liberal party "Renaissance" leading candidate Valerie Hayer (L) and France's Prime Minister Gabriel Attal arrive to deliver a speech during a meeting as part of the campaign for the European parliamentary election, in Laval, western France, on May 22, 2024. (Photo by GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Le Premier ministre nourrit notamment les critiques en sexisme. « Les femmes ne sont pas des paillassons », lui a répondu à distance l’écologiste Marie Toussaint.

GUILLAUME SOUVANT / AFP
Européennes : Attal s’incruste dans une interview de Hayer, et alimente un triple procès (photo d’illustration prise le 22 mai à Paris)

POLITIQUE – Trois minutes et autant de motifs de critiques. Le Premier ministre a décidé de prendre part à une interview de Valérie Hayer ce lundi 3 juin, en s’incrustant dans l’amphithéâtre de Radio France, là où la candidate du camp présidentiel aux européennes répondait aux questions des journalistes et invités.

Résultat : un happening de trois minutes en forme de monologue sur l’Europe, le climat ou la jeunesse. Et de quoi accréditer plusieurs procès qui sont faits à la macronie pour ces élections européennes, entre sexisme et débat biaisé. Les adversaires du camp présidentiel n’en demandaient pas tant.

« Le Premier ministre s’invite quand il veut ? »

Tout d’abord, cette intervention vient donner du grain à moudre à ceux qui fustigent une certaine confiscation du débat entre la famille politique d’Emmanuel Macron et le Rassemblement national. Le tout, alors que l’exécutif est au cœur des critiques après l’annonce d’une intervention télévisée du chef de l’État dans les JT de 20 heures jeudi. Soit trois jours avant le scrutin.

Dans ce contexte, François-Xavier Bellamy, qui s’était déjà insurgé de la joute organisée entre Jordan Bardella et Gabriel Attal sur France 2, en a remis une couche ce lundi, dans l’amphithéâtre de Radio France. Il dénonce l’omniprésence du couple exécutif, et sa facilité à accéder aux médias pour faire campagne.

Dans le même esprit, la gauche dénonce sur les réseaux sociaux le retour de « l’ORTF », quand le service public audiovisuel n’était pas indépendant. Le député écologiste Benjamin Lucas se plaint par exemple de voir le chef du gouvernement s’introduire sans problème « dans une émission à laquelle il n’était pas invité. »

« Ils s’essuient les pieds sur Valérie Hayer »

Difficile également de ne pas voir derrière ce happening, un nouvel artifice qui invisibilise, de fait, la tête de liste officielle. « Il ne reste plus beaucoup de temps à Valérie Hayer du coup », « vous nous laissez l’interroger quand même », a d’ailleurs fait remarquer à plusieurs reprises la journaliste Émilie Tran Nguyen pour essayer de reprendre le fil de l’interview.

Dans ce contexte, les oppositions dénoncent en chœur la « définition » même du « mansplaining » ce lundi, à la maison de la radio. Derrière cet anglicisme, une manière de décrire l’habitude prise par les hommes d’expliquer aux femmes quelque chose qu’elles savent déjà, voire dont elles sont expertes.

« Il y a un côté un peu macho, que le Premier ministre débarque en disant ’écoute moi bien Valérie, je vais être plus efficace que toi’ », a même fustigé François-Xavier Bellamy, sur le plateau de ce grand oral, avant que Marie Toussaint, la candidate des écologistes enfonce le clou en estimant que « le Premier ministre et le président de la République s’essuient les pieds sur » leur candidate. « Les femmes ne sont pas des paillassons ! »

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