Édouard Louis, Michaël Löwy, Didier Eribon, Enzo Traverso et neuf dizaines d’intellectuels demandent que cesse la campagne de dénigrement de LFI et de ses dirigeants, qui n’a d’autre but que de briser l’unité du Nouveau Front populaire.
La France est à un tournant de son histoire. Après des années de politiques de saccage social, de dérive autoritaire et de banalisation du discours raciste, propulsée par le coup de force d’un président irresponsable, l’extrême droite se trouve aux portes du pouvoir. Face à cette menace, la gauche a su prendre ses responsabilités et se rassembler autour du Nouveau Front populaire. En quelques jours à peine, elle s’est réunie autour de candidatures uniques dans toutes les circonscriptions et d’un programme de rupture. Elle a ainsi déjoué le calcul politicien qui misait sur sa fragmentation pour reconduire le face-à-face mortifère entre le bloc néolibéral et l’extrême droite.
Ce qui est réellement en cause, ce ne sont pas un caractère, des rivalités boutiquières, ni même une personne, mais la ligne politique qui l’emportera à gauche.
La réponse du pouvoir et du système politico-médiatique dominant ne s’est pas fait attendre. S’est enclenchée une campagne de dénigrement systématique dont l’objectif est clair : briser l’unité du Nouveau Front populaire et barrer la route à la seule alternative à l’extrême droite. Force est pourtant de constater que cette campagne cible avec une violence particulière la France insoumise. Toutes sortes d’arguments, aussi fallacieux les uns que les autres, sont mobilisés à cette fin, des odieuses accusations d’antisémitisme au pseudo-débat sur le nom du premier ministre d’un futur gouvernement de gauche. La personne de Jean-Luc Mélenchon est continuellement visée.
Ne nous méprenons pas sur la nature de cette entreprise. Ce qui est réellement en cause, ce ne sont pas un caractère, des rivalités boutiquières, ni même une personne, mais la ligne politique qui l’emportera à gauche : une gauche d’accompagnement, qui reconduira les expériences désastreuses du passé, ou une gauche de rupture avec l’ordre néolibéral, une gauche capable de répondre aux aspirations populaires. Or, la séquence politique des dernières années, de la constitution de la NUPES à celle du Nouveau Front populaire, a montré que seule cette ligne de rupture était porteuse à la fois de dynamique et d’unité. Elle a permis d’atteindre, avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon, 19,7 % des suffrages en 2017 et 22 % en 2022, loin devant les autres composantes de la gauche. Sans ces épisodes électoraux, conjugués bien sûr aux mobilisations d’un mouvement social dynamique, la gauche aurait pu tout simplement disparaître du paysage politique français, comme cela a été le cas dans d’autres pays européens. La campagne des européennes menée par Manon Aubry a conforté cette orientation, en faisant gagner un million de voix à la France insoumise par rapport à 2019.
Dans le moment critique que nous vivons, cette gauche de combat est indispensable à la mobilisation populaire et à la victoire du NFP face au délitement social et politique du pays. C’est pour cette raison que, par-delà nos appréciations diverses sur tel ou tel aspect de ses positions ou de son fonctionnement, nous demandons que cesse la campagne de dénigrement de la France insoumise et de ses dirigeants.
Signataires
- Bruno Amable, économiste
- Azzam Amin, maître de conférences en psychologie sociale
- Cass Andre, streamer, Zawa Prod
- Simon Assoun, porte-parole du collectif Tsedek!
- Olivier Azam, réalisateur
- Daniel Bachet, professeur émérite à l’université d’Evry-Paris-Saclay
- Michel Barrué, architecte DPLG honoraire et enseignant-chercheur honoraire
- Marion Beauvalet, militante et doctorante
- Christian Benedetti, acteur, metteur en scène, membre du parlement de l’Union populaire
- Judith Bernard, dramaturge et metteuse en scène
- Eric Berr, économiste et co-animateur du département d’économie de l’Institut La Boétie
- Daphné Bitchatch, Guyot artiste peintre
- Francesco Brancaccio, école doctorale de Sciences Sociales Université Paris 8
- Sebastian Budgen, éditeur, Verso Books
- Dany Caligula, streamer, Zawa Prod
- Laurent Cesari, professeur des universités en histoire contemporaine
- Louise Chevillotte, comédienne
- Edwige Chirouter, professeure des Universités en philosophie de l’éducation
- Julie Crenn, historienne de l’art
- Pierre Crétois, philosophe
- Isabelle d’Artagnan, historienne
- Geoffroy de Lagasnerie, philosophe
- Natalie Depraz, professeure des Universités, philosophe, Université Paris Nanterre
- Renato Di Ruzza, professeur honoraire des universités
- Nicolas Dot-Pouillard, chercheur en sciences politiques, Beyrouth
- Vincent Dufrène, photographe
- Cédric Durand, économiste
- Marie Duret-Pujol, maîtresse de conférences en Études Théâtrales, Université Bordeaux Montaigne
- Didier Eribon, philosophe
- Guillaume Etiévant, expert économique auprès des CSE
- Françoise Fressonnet, anthropologue
- Florian Gaité, philosophe et syndicaliste
- Davide Gallo Lassere, maître de conférences en politique internationale, ULIP
- Fanny Gallot, historienne
- Isabelle Garo, enseignante, philosophe
- Sandrine Ghali, enseignante
- Linda Gil, maîtresse de conférences en littérature, Université Paul-Valéry Montpellier 3
- Cécile Gintrac, enseignante de géographie
- Thomas Giry, enseignant et syndicaliste
- Olivier Goujon, auteur, scénariste
- Patrick Guyot Bitchatch, ancien cadre des ministères sociaux
- Patrick Haimzadeh, auteur et ancien diplomate au Moyen-Orient et en Libye
- Razmig Keucheyan, sociologue
- Stathis Kouvélakis, philosophe
- Kitterie Lageyre, médecin généraliste
- Martin Laquet, artiste insoumis
- Frédéric Lebaron, sociologue
- Frédéric Lordon, philosophe
- Édouard Louis, écrivain
- Mathilde Louvain, chargée des relations avec les publics
- Michael Löwy, sociologue
- Baptiste Luaces, médecin généraliste
- Sandra Lucbert, autrice de littérature
- Elli Medeiros, artiste
- Martin Mendiharat, dramaturge et metteur en scène
- Jacqueline Merville, autrice
- Brahim Metiba, écrivain
- Monica Michlin, professeure en études américaines contemporaines, Université Paul-Valéry Montpellier 3
- Olivier Minard, professeur de philosophie
- Clément Mouhot, mathématicien, professeur à l’université de Cambridge en Angleterre
- Ugo Palheta, sociologue
- Stefano Palombarini, économiste
- Alexandra Peralta, docteure en philosophie ancienne
- Léonie Pernet, musicienne
- Olivier Rabourdin, acteur
- Raz, streamer, Zawa Prod
- Cecilia Rikap, économiste
- Marlène Rosano, docteure en sciences politiques
- Léo Rosell, doctorant en histoire
- Jean-Marie Roux, militant syndical et associatif
- Arnaud Saint-Martin, sociologue au CNRS
- Michel Samuel, anthropologue
- Samira Sarter, chercheuse microbiologiste, CIRAD
- Sbeih Sbeih, chercheur associé, IREMAM
- Jean-Marc Schiappa, historien
- Benoît Schneckenburger, enseignant en philosophie
- Raphaël Schneider, cofondateur du site hors-série.net
- Ferhat Tamssaouet, enseignant-chercheur à l’Université de Perpignan (UPVD)
- Federico Tarragoni, professeur des universités en sociologie politique, membre de l’Institut universitaire de France
- Julien Théry, historien
- Enzo Traverso, historien
- Julien Trevisan, professeur agrégé et docteur en mathématiques
- Yves Vargas, philosophe
- Carlo Vercellone, économiste, professeur en sciences de l’information et de la communication
- Nicolas Vieillescazes, éditeur
- Gisèle Vienne, chorégraphe et metteuse en scène
- Nathalie Vienne-Guerrin, professeure, université Paul-Valéry Montpellier 3
- Abdourahman Waberi, écrivain, professeur à la George Washington University
- Louis Weber, éditeur
- Wissam Xelka, streamer, Zawa Prod
- Hela Yousfi, maître de conférences, université Paris dauphine PSL
- Laurick Zerbini, maître de conférences (HDR) Université Lyon 2
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