Alors que le procès de l’affaire des soupçons d’emplois fictifs du Rassemblement national au Parlement européen s’ouvre le 30 septembre, un ancien assistant raconte à Mediapart les coulisses du « système » que le parti est accusé d’avoir mis en place entre 2004 et 2016.
C’est un récit inédit, de l’intérieur. Ancien collaborateur de trois eurodéputés Front national (FN, devenu Rassemblement national en 2018), Nicolas Franchinard a accepté de raconter à Mediapart les coulisses de l’affaire des soupçons d’emplois fictifs du parti d’extrême droite au Parlement européen.
Le procès s’ouvre le 30 septembre au tribunal correctionnel de Paris. Marine Le Pen, son parti et vingt-six autres personnes sont renvoyés pour détournement de fonds publics et complicité de détournement de fonds publics. Ils sont accusés d’avoir rémunéré, entre 2004 et 2016, des assistants parlementaires avec les fonds européens, alors que ceux-ci travaillaient en réalité pour le parti.
Lors du déclenchement de l’affaire, en 2015, Nicolas Franchinard avait transmis des mails internes importants à l’administration du Parlement européen. Aujourd’hui, ce témoin clé relate à Mediapart comment le « système » reproché au parti aurait été mis en place, et le rôle qu’aurait joué la présidente du FN.
Il affirme qu’à partir de 2014, année où le Front national a fait élire vingt-quatre eurodéputé·es, accédant à des millions d’euros de subventions, le parti se serait « organisé pour optimiser ces fonds [européens] » et embaucher le maximum d’assistants du FN, sur « instruction » de Marine Le Pen, dit-il. Il assure que « certains [collaborateurs] n’étaient pas employés à faire leur activité au Parlement européen ».
Il raconte également la « panique » qui a envahi le parti et ses eurodéputé·es lors de l’ouverture de l’enquête judiciaire, après un signalement du président du Parlement européen.
L’ancienne présidente du FN/RN, elle, a toujours contesté tout système frauduleux et tout emploi fictif. Lors de son audition chez les juges d’instruction, en 2019, elle a affirmé que « chaque député a[vait] la maîtrise totale de son enveloppe budgétaire et de ses embauches », qu’elle ne leur « imposai[t] » rien, et qu’à sa connaissance, « l’intégralité des assistants parlementaires travaillaient pour leur député ».
L’affaire n’étant pas encore jugée, elle bénéficie, ainsi que les vingt-six autres personnes mises en cause, de la présomption d’innocence.
Sollicités, Marine Le Pen, son ex-directeur de cabinet Nicolas Lesage, son ancien assistant Charles Van Houtte et l’ex-eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser n’ont pas donné suite. Wallerand de Saint-Just, l’ancien trésorier du parti, nous a répondu qu’il réservait ses réponses « au tribunal ».
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