Allemagne : l’extrême droite remporte pour la première fois un scrutin régional, en Thuringe

Bjorn Hocke, AfD, arrives to vote in the state election in Thuringia, at a polling station in Bornhagen, Germany, Sunday Sept. 1, 2024. (Swen Pfortner/dpa via AP)

 

Une victoire de l’AfD à un scrutin régional constitue une première dans le pays depuis l’après-guerre, même s’il est improbable que la formation dirige un gouvernement, les autres partis refusant toute coalition avec lui.

Le Monde

Publié aujourd’hui

L’extrême droite allemande a remporté son premier scrutin régional, en Thuringe, dimanche 1er septembre. Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), emmené par Björn Höcke, s’est imposé lors du scrutin, selon les estimations, qui le créditent de 33,1 % des voix, devant les conservateurs de la CDU (24,3 %).

Dans la Saxe voisine, le parti de l’ex-chancelière Angela Merkel, qui dispose d’une courte avance (31,7 %), est suivi de près par l’AfD (31,4 %). Les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz enregistrent un nouveau revers électoral avec un score estimé entre 6,6 et 7,8 % dans les deux Länder.

Une victoire de l’AfD à un scrutin régional constitue une première depuis l’après-guerre, même s’il est improbable que la formation dirige un gouvernement, les autres partis refusant toute coalition avec lui. Elle enfonce cependant encore un peu plus l’impopulaire gouvernement de coalition du chancelier avec les Verts et les libéraux du FDP, à un an des élections législatives de 2025.

L’AfD a reçu un « mandat clair pour gouverner », a affirmé le codirigeant du parti au niveau national Tino Chrupalla, se disant prêt « à parler avec tous les partis » pour trouver une majorité absolue. « Les électeurs savent que nous ne faisons pas de coalition avec l’AfD », a rappelé quant à lui le secrétaire général des conservateurs, Carsten Linnemann, qui souhaite former un gouvernement.

Les Verts sortent, eux, du Parlement de Thuringe et les libéraux du FDP ne seraient plus représentés dans aucune des assemblées régionales. Le Thuringe et la Saxe, qui disposent d’importantes prérogatives en matière d’éducation ou de sécurité, pourraient être gouvernés par de larges alliances hétéroclites associant droite et gauche.

Attaque au couteau

Un nouveau venu, le parti BSW, de l’ancienne égérie d’extrême gauche Sahra Wagenknecht, a fait une percée spectaculaire, au-dessus des 10 % dans les deux Länder, et va se poser en arbitre dans la formation des gouvernements locaux. Comme l’AfD, le BSW a séduit par son discours virulent contre l’immigration et appelé à mettre un terme aux livraisons d’armes à l’Ukraine, une position populaire dans ces régions de l’ex-RDA (communiste) où la peur de la guerre reste profondément ancrée.

Les élections dans ces deux Länder ont eu lieu un peu plus d’une semaine après le triple meurtre au couteau imputé à un Syrien à Solingen, dans l’Ouest, qui a bouleversé le pays et relancé un vif débat sur l’immigration. Les dirigeants de l’AfD ont cherché à capitaliser sur le choc suscité par cet acte, accusant les gouvernements fédéraux successifs d’avoir semé le « chaos ».

L’agresseur présumé, soupçonné de liens avec l’organisation djihadiste Etat islamique (EI), avait réussi à se soustraire à une décision d’expulsion. Sous pression, le gouvernement Scholz a annoncé un durcissement des règles du port d’armes et du contrôle de l’immigration.

L’AfD a remporté plusieurs succès électoraux ces derniers mois et a obtenu le meilleur score de son histoire aux européennes de juin. L’ex-RDA s’est avérée un terrain fertile pour le parti, en raison d’inégalités persistantes depuis la réunification de 1990 et d’une profonde crise démographique liée au départ des jeunes vers d’autres régions, malgré une attractivité économique retrouvée.

Parti essentiellement eurosceptique à sa création, en 2013, L’AfD s’est radicalisé après la grande crise migratoire de 2015, la pandémie de Covid-19 puis la guerre russe en Ukraine, qui a affaibli la première puissance économique européenne et fait flamber l’inflation. Il a remporté plusieurs succès électoraux ces derniers mois, obtenant le meilleur score de son histoire aux européennes de juin en séduisant autant par ses discours virulents contre l’immigration et appelant à mettre un terme aux livraisons d’armes à l’Ukraine, position très populaire dans ces régions de l’ex-RDA communiste où la peur de la guerre reste profondément ancrée.

Le Monde

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