En direct, Michel Barnier premier ministre : environ 110 000 manifestants à travers la France, dont 26 000 à Paris, selon le ministère de l’intérieur
Deux jours après la nomination du premier ministre, La France insoumise (LFI) et des organisations de jeunesse avaient appelé à des rassemblements. La cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, a revendiqué 160 000 manifestants à Paris, et 300 000 en France.
Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a dit samedi, lors d’un entretien au journal de 20 heures de TF1, ne pas vouloir participer « au désordre institutionnel et au chaos démocratique » en censurant d’emblée le futur gouvernement de Michel Barnier, avec qui il n’a eu « aucune discussion directement ».
Le nouveau premier ministre, « je le jugerai sur pièces, ce qui ne sous-entend pas qu’il n’y aura pas de censure durant son action », a précisé M. Bardella. « Si en revanche il est le nouveau prête-nom du macronisme et qu’il poursuit la politique qui a été conduite par Emmanuel Macron et qui a été très sévèrement sanctionnée dans les urnes en juillet, alors ce gouvernement tombera », a-t-il menacé.
« Le Rassemblement national est devenu premier parti de France (…), et rien ne peut se faire sans le Rassemblement national », a affirmé l’eurodéputé. Plus tôt dans la journée, il avait estimé que M. Barnier était un « premier ministre sous surveillance (…) d’un parti politique qui est désormais incontournable dans le jeu parlementaire ». « Moi, je suis sous la surveillance de tous les Français », a rétorqué Michel Barnier en marge de son premier déplacement en tant que chef du gouvernement, à l’hôpital Necker à Paris.
Le ministère de l’intérieur annonce 110 000 manifestants en France
Le ministère de l’intérieur a annoncé samedi, dans la soirée, que 110 000 personnes avaient défilé en France contre le « coup de force » d’Emmanuel Macron, qui a nommé Michel Barnier au poste de premier ministre.
Environ 150 rassemblements étaient prévus à travers le pays.
Pour son premier déplacement officiel, Michel Barnier s’est voulu « à l’écoute » des soignants, au SAMU de Paris
Alors que des milliers de personnes défilaient contre sa nomination samedi, le nouveau premier ministre, Michel Barnier, a effectué son premier déplacement en tant que chef du gouvernement au SAMU de Paris, « à l’écoute » des soignants, assurant que même « sans faire de miracle » pour la santé « on peut faire des progrès ».
Accueilli par plusieurs élus de droite, le locataire de Matignon, issu des Républicains, s’est rendu au siège du Service d’aide médicale urgente de Paris, logé à l’hôpital Necker, dans le 15e arrondissement, où il a visité la salle de régulation et participé à une table ronde avec le personnel. Michel Barnier a salué notamment « le calme » et « le professionnalisme » des agents qui prennent les appels. « Ce sont des qualités utiles aussi quand on est premier ministre », a souligné le chef du gouvernement, car « la France est aussi en état d’urgence ».
Sur la santé, une des « priorités » de son gouvernement, il a souhaité devant la presse « que des progrès rapides soient visibles dans les campagnes dans l’offre de soins (…) en même temps qu’on continuera à s’occuper de mieux faire fonctionner l’hôpital, avec les personnels ». Michel Barnier devrait davantage détailler ses orientations en la matière dans la déclaration de politique générale qu’il prononcera devant l’Assemblée, a-t-il dit, « début octobre ».
Le directeur du SAMU de Paris, Frédéric Adnet, a vu dans cette visite « un symbole fort », un message « rassurant ». Cette visite « n’est pas neutre », lui a répondu Michel Barnier, car elle signifie « l’attention personnelle » qu’il entend porter aux services publics.
Bonjour,
Vous êtes toujours nombreux à vous interroger sur les écarts de décompte des manifestants. Voici un article qui tentait de les expliquer, publié en janvier 2023, au moment de la mobilisation contre la réforme des retraites.
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Pourquoi constate-t-on de tels écarts dans le décompte des manifestants ?
Environ 26 000 personnes ont défilé à Paris, selon la Préfecture de police
Selon les estimations de la Préfecture de police (PP) de Paris, environ 26 000 personnes ont défilé samedi dans les rues de la capitale contre la nomination de Michel Barnier.
Il y a quelques minutes, la cheffe de file des députés de La France insoumise, Mathilde Panot, avait revendiqué 160 000 manifestants à Paris.
Cinq personnes ont par ailleurs été interpellées, pour port d’arme prohibé, jets de projectile et dégradations lors de cette manifestation qui s’est élancée vers 14 h 30 de la place de la Bastille en direction de Nation, a ajouté la PP.
Manifestations partout en France contre la nomination de Michel Barnier
LFI revendique 160 000 manifestants à Paris
Sur X, la cheffe de file des députés « insoumis », Mathilde Panot, a revendiqué 160 000 manifestants à Paris et 300 000 en France. « Contre le coup de force autoritaire de Macron, la révolte de la jeunesse est le ferment qui lève la France », a-t-elle également commenté.
La préfecture n’a pas encore communiqué ses chiffres.
Michel Barnier répond à Jordan Bardella : « Je suis sous la surveillance de tous les Français »
Michel Barnier a souligné samedi être « sous la surveillance de tous les Français », répondant ainsi au patron du Rassemblement national, Jordan Bardella, qui avait, plus tôt dans la journée, affirmé que le nouveau premier ministre était « sous surveillance » de son parti. « La réalité, c’est que, désormais, rien ne peut se faire sans nous, rien ne peut se faire sans le Rassemblement national », avait ajouté le dirigeant d’extrême droite.
« Moi, je suis sous la surveillance de tous les Français. Le gouvernement est sous la surveillance démocratique de tous les Français et de tous les groupes politiques », a déclaré Michel Barnier lors de son premier déplacement en tant que chef du gouvernement, à l’hôpital Necker à Paris.
« Résistance », « destitution » : la gauche défile contre Emmanuel Macron
Des milliers de manifestants de gauche défilent en France samedi contre « le coup de force » du président de la République. Avec quelque 150 mobilisations prévues dans tout le pays, la gauche, La France insoumise (LFI) en tête, a choisi la rue comme tour de chauffe d’un automne politique qui s’annonce brûlant.
« Déni de démocratie », « les Français n’ont pas voté pour ça », « qu[e Macron] démissionne » : dans les cortèges, les mêmes mots, souvent, pour dire l’indignation et la colère face à la nomination de Michel Barnier (Les Républicains, LR) comme premier ministre.
Cindy Rondineau, photographe de 40 ans, et son compagnon Aubin Gouraud, paysan de 42 ans, ont le cœur à gauche mais disent à l’Agence France-Presse ne pas avoir l’habitude de manifester. Samedi matin, ils ont pourtant fait le déplacement de Chaumes-en-Retz jusqu’à Nantes – une trentaine de kilomètres – pour participer à la mobilisation. « Nous avons vraiment l’impression de ne pas être écoutés en tant qu’électeurs », lâche le couple. Leur fille de 8 ans porte une pancarte « Macron t’es foutu, les CE2 sont dans la rue » au milieu d’un cortège familial et bon enfant qui a défilé derrière une banderole « Une seule solution : destitution ». La manifestation a rassemblé entre 2 500 personnes, selon la préfecture, et 8 000 personnes, d’après les organisateurs.
L’affluence était moindre à Nice. Dans un département où Rassemblement national (RN), LR et les listes d’union Eric Ciotti-RN se partagent l’ensemble des neuf circonscriptions, de 900 à 1 000 personnes, selon les sources, ont marché derrière la banderole « Défendons notre démocratie ».
« Je pense que dans tous les cas exprimer son suffrage ne servira à rien tant que Macron sera au pouvoir », fustige Manon Bonijol, 21 ans, venue manifester à Paris. Place de la Bastille, Abel Couaillier, 20 ans, étudiant, confesse être « abasourdi » par la nomination de Michel Barnier : « Un vieil éléphant de la politique qui n’a aucun rapport avec les aspirations montrées par les Français. » « J’ai envie de croire qu’on peut changer les choses et je continuerai d’aller voter, c’est la seule manière qu’on a de faire changer les choses », poursuit-il. Alexandra Germain, 44 ans, cheffe de projet, se montre, elle, plus amère : « C’est une dictature qui se met en place. Ça fait un moment qu’on n’était plus écoutés dans les rues, maintenant on n’est plus écoutés dans les urnes. »
« Emmanuel Macron n’écoute pas la rue, ni les institutions, ni les corps intermédiaires »
Bernard Salandre, 74 ans, agent contractuel retraité du ministère de l’équipement (qui deviendra le ministère de l’écologie), se qualifie de « militant du Nouveau Front populaire ». Il défile contre le « coup de force d’Emmanuel Macron », samedi à Paris, car « il y a un déni de démocratie dont le seul objectif, pour [le chef de l’Etat], est de garder tous les pouvoirs. C’est très grave ». Les citoyens « ont exprimé, dans les urnes, une volonté de changement. Une volonté de juguler les superprofits et de faire en sorte que les revendications sociales soient prises en compte », dit-il, citant en exemple l’abolition de la réforme contestée des retraites. « Mais le président n’en retient rien, sinon de donner au RN une position d’arbitre pour la constitution du futur gouvernement. »
Après les législatives, Bernard Salandre y a cru, mais pas longtemps. « Emmanuel Macron a estimé que le NFP était pénalisé car il n’avait pas de candidat unique… mais, en fait, c’est le programme du NFP – porteur de rupture, sans être trop extrémiste – dont ne veut pas le président. Je suis certain qu’il était possible de bâtir des majorités sur des sujets précis. [Emmanuel Macron] n’écoute pas la rue, ni les institutions, ni les corps intermédiaires. Il est au service de la finance et des actionnaires des grands groupes. »
Noémie, Parisienne de 17 ans, milite « de temps en temps » au Mouvement lycéen (première organisation) : « Je fais régulièrement des manifs. La dernière ? Celle pour les législatives. On veut être écoutés, mais on ne l’est pas. Ce n’est pas possible de dissoudre pour, soi-disant, écouter la voix du peuple et nommer à Matignon le parti qui a récolté le moins de voix ! Macron ou un nouveau président, ça ne marchera pas si le peuple n’est jamais écouté. Il faut que ça change. Michel Barnier, je ne savais pas qui c’était avant qu’il soit nommé. Et depuis, j’ai appris qu’il avait voté contre la dépénalisation de l’homosexualité il y a quarante ans… J’ai eu du mal à y croire. »
Unmecperdu