Fête de l’Huma 2024 : un stand commun réussi. Aller plus loin : batailler en commun pour imposer l’unité pour battre Macron, Barnier et Le Pen !

Par aplutsoc le 18 septembre 2024

Il me revient de faire un compte-rendu des différents débats qui se sont déroulés à la Fête de l’Humanité 2024 au stand commun monté par L’APRES, GDS et Ensemble. Je ne serai peut-être pas aussi captivant que l’écho de Flixecourt donné précédemment par Alexis mais …

Le cadre du stand avec sa grande banderole « Pour la Victoire du Nouveau Front Populaire » a illustré les possibilités d’avancer concrètement dès maintenant pour faire face aux défis politiques et sociaux de l’heure. Il serait idiot et réducteur de n’y voir qu’une heureuse mise en commun logistique pour avoir droit de cité dans la grande Fête de l’Huma qui, par delà les déboires et malheurs du PCF, demeure un événement populaire incontournable. Les débats menés principalement par L’APRES ont toujours associé d’une manière ou d’une autre les partenaires de la Gauche Démocratique et Sociale (GDS) et du mouvement Ensemble. Ils (voir le programme des activités ) ont aussi réuni des représentants de Génération-s, d’EELV et de Picardie Debout.

Le meeting de présentation de L’APRES, tenu samedi midi, a montré une association dont les figures fondatrices, issus du groupe des « purgés » ou « insurgés » de LFI en juin dernier, donnent une image équilibrée en termes de genre : les militantes expérimentées et solides sur leurs convictions que sont Clémentine Autain, Raquel Garrido, Danielle Simonnet et Pascale Martin ne le cèdent en rien aux figures masculines du groupe (Alexis Corbière, Guillaume Ancelet, Hendrik Davi). Toutes et tous ont pris la parole lors de cet exercice de présentation.

Plutôt que de rapporter leurs propos, nous allons commenter les différents thèmes abordés. Pour commencer, on a le sentiment, positif, d’échapper à une posture perpétuelle d’orphelins déçus de LFI. Alexis Corbière a fait quelques solides mises au point sur les attaques mensongères ou venimeuses venues de la part de leurs anciens camarades. Ceci ayant été dit, tous se sont tournés vers l’avenir, c’est à dire les taches immédiates pour faire face à la crise politique.

L’impression qui se dégage des introductions comme des discussions est celle du sursis. Le puissant mouvement d’en bas a bloqué la tentative de Macron par la dissolution du parlement proclamée au soir du 9 juin de mettre Bardella à Matignon. Ce mouvement, comme l’ont rappelé plusieurs intervenants, s’est ainsi concrétisé dans la manifestation spontanée au siège d’EELV pour faire pression sur les dirigeants de la gauche pour qu’ils s’unissent.

L’unité réalisée à travers le Nouveau Front Populaire (NFP) a permis d’infliger une défaite à Macron [qui n’a pas réussi sa manœuvre délibérée de propulser le RN à Matignon] et à Le Pen [qui n’arrive qu’en 3ème position en termes de groupe parlementaire alors que la puissance du vote RN aux européennes du 9 juin pouvait lui faire espérer plus ..]. Mais ceci n’est qu’un épisode du feuilleton. La gauche n’en est pas quitte pour autant avec les défis qu’elle doit relever.

A commencer par la question d’éventuelles élections législatives en 2025, celle des prochaines municipales en 2026, et enfin surtout, surplombant le tout, le spectre des présidentielles, que celles-ci viennent à terme en 2027 ou soient avancées par une démission de Macron. L’enjeu est considérable : d’une part, empêcher l’accession au pouvoir d’un RN qui surfe sur son capital de 11 millions de voix, mais aussi, se débarrasser de Macron et de sa politique ultra-libérale et anti-démocratique. La thématique de candidatures uniques à gauche, des municipales aux présidentielles est omniprésente. Chacun comprend que la division ne peut que faire le jeu de Macron et de Le Pen mais comment y arriver : par la seule unité fragile des sommets des 4 partis (LFI, PS, PCF, EELV) ou par un élargissement du NFP à travers une structuration de comités de base du NFP partout, ouverts à tous, encartés et sans parti, y compris syndicats et associations.

Gérard Filoche a fait une vibrante intervention pour la réalisation de l’unité en évoquant les circonstances de la fondation de la SFIO en 1905 avec 11 tendances différentes représentant des divergences doctrinales certaines. On nous dira « oui mais Gérard, il nous fait la même [intervention] à chaque fois ! » sauf que présentement, les circonstances rendent un peu plus pertinents et pressants ses propos.

En tout cas, ceci pose immédiatement le besoin d’une force politique à gauche œuvrant pour l’unité, pour la structuration démocratique de cette unité, afin d’imposer le changement social et écologique, à partir des mesures inscrites dans le programme initial du NFP et surtout le changement démocratique en se débarrassant des institutions bonapartistes de la 5ème République. Ici la responsabilité des initiateurs de L’APRES est grande, mais elle incombe aussi à la GDS et à Ensemble.

La crainte du piège du juridisme ou de l’acceptation du cadre des institutions actuelles même pour en sortir, est cependant amoindrie quand on entend des interventions comme celle de Rachel Garrido évoquant la convocation d’une assemblée constituante. Ces propos méritent d’être plus discutés et approfondis car une authentique Constituante ne saurait être octroyée, surtout dans le cadre de la 5ème et même avec la meilleure volonté du monde.

« Il faut des manifestations pour les salaires, pour la retraite à 60 ans, contre les mégabassines. Il faut aussi des manifestations pour une assemblée constituante. »@raquelgarridofr sur le sujet « Crise démocratique et hyper-présidentialité : l’urgence d’une nouvelle République ». pic.twitter.com/KdBclS3Sm0

— L’Après (@Apres_fr) September 14, 2024

L’opération « destitution de Macron » initiée par LFI souffre du cadre de la 5ème qu’elle prétend respecter .. pour la dépasser. Pire, elle s’inscrit dans une stratégie de candidature de JLM prétendant être le dernier président de la 5ème pour l’éternité sans égard du danger Le Pen et sans égard du maintien effectif de Macron d’ici 2027. Une stratégie présidentialiste enfermée dans l’indépassable cadre présidentiel.

Un angle aveugle de la discussion renvoie à la place du mouvement social dans ces perspectives. Résister à la déferlante anti-sociale de Macron, ce qu’ont fait à leur manière le mouvement des Gilets jaunes ou le mouvement contre la réforme des retraites du premier semestre 2023, ne saurait se limiter à une seule affaire de syndicalistes. Pour gagner contre l’agenda anti-social, les syndicalistes ne doivent pas craindre de mettre à bas le pouvoir, ainsi la grève générale de 1968 n’a pas seulement donné des accords de Grenelle, elle a aussi abouti au départ différé de de Gaulle en 1969, départ qui aurait pu être largement précipité si les directions politiques et syndicales de la gauche n’avaient accepté le cadre de la 5ème République et respecté ses institutions.

Pour ne pas être condamné à reproduire des journées d’action syndicale à l’infini, il faut ne pas se limiter à la seule préparation des échéances électorales. Il faut combiner politique et syndical (*) dans la perspective de l’affrontement social. C’est à cette condition que l’ambition de reconstruire un mouvement ouvrier sous ces multiples formes, politique, syndicale, associative, culturelle, intégrant les revendications et les besoins de toutes les couches et catégories du peuple travailleur, des tours aux bourgs !, se concrétisera et permettra d’arracher à la passivité les « résignés », à l’abstention les « déçus » ou à la tentation lepeniste les électeurs « fâchés ».

Trop de militants à gauche ne voient que le verre à moitié vide, ne captent pas l’ampleur et la valeur du coup d’arrêt infligé à Macron-Le Pen les 30 juin et 7 juillet. Pour que la gauche ne soit pas en sursis, il ne faut pas accorder de sursis à Macron jusqu’en 2027. Il faut être à l’offensive pour empêcher le projet austéritaire que Barnier, premier ministre minoritaire sans gouvernement depuis une semaine ni investiture, prétend élaborer avec des ministres, démissionnaires à perpétuité, à l’insu des parlementaires appelés à voter un budget 2025 en aveugle et à la va-vite. Barnier et Macron n’ont aucune légitimité à dégrader nos vies, qu’ils cèdent la place devant la démocratie !

Pour engager tout cela, les animateurs d’un certain stand de la Fête de l’Huma 2024 portent une responsabilité cruciale pour aider à la réalisation de l’unité et à la concrétisation de la démocratie à tous les étages du mouvement général. La qualité du débat démocratique ce samedi à Brétigny augure favorablement des possibilités. Maintenant, réalisons celles-ci !

OD, le 18/09/2024.

Notes :

* la formule « politique et syndical » ne vise pas à exclure les mouvements sociaux et revendicatifs qui portent sur les questions écologiques, féministes, anti-racistes, LGBT, etc … elle entend les intégrer en une forme concentrée.

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