LR: ‘Ils feignent’, disait Bossuet, ‘de s’affliger des conséquences tout en s’accommodant des causes.’
Le gouvernement espagnol a annoncé, mercredi 30 octobre, un deuil national de trois jours à la suite de la dépression atmosphérique, des tornades et des inondations dramatiques qui ont fait près de 100 morts – du jamais vu – dans l’est et le sud du pays, le bilan ne cessant d’augmenter. Les villes sont coupées du reste du pays. La région autour est largement touchée et meurtrie par ces intempéries « dantesques ».
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Un mois et demi après la tempête Boris (23 morts) qui a inondé le centre de l’Europe, le sud de l’Espagne subit le même sort, là encore funeste, puisque le dernier bilan de l’organisme de coordination des secours, mercredi à 19h20, faisait état d’au moins 95 morts, quasiment tous dans la seule Province de Valence. Trois jours de deuil ont été décrétés jusqu’au 1er novembre.
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Si les deux événements sont géographiquement assez éloignés, le coupable est le même : une goutte froide, un phénomène météo connu des professionnels du temps, mais qui n’a pas nécessairement cette intensité. Et pour cause, il n’y en avait pas eu de telle dana – son nom espagnol – depuis 1996 dans le pays. Cette année-là, 87 personnes étaient mortes et 180 avaient été blessées dans une crue soudaine près de Biesca, dans les Pyrénées.
À Chiva, un petit village dans l’arrière-pays de Valence, il est ainsi tombé 491 litres d’eau par m2 en seulement huit heures : l’équivalent d’une année de précipitations, selon l’agence météorologique espagnole Aemet, qui parle d’« accumulations extraordinaires ».
Ces images aériennes de Valence et de sa région, tournées depuis l’hélicoptère de la police nationale, donnent une idée de l’ampleur de l’événement des 29 et 30 octobre, sur une partie de la côte est et sud-est de l’Espagne.
À terre, un paysage de désolation :
Parmi les communes les plus touchées figurent l’Alcudia, dans la région de Valence, et Letur, dans la province voisine d’Albacete (région de Castille-La Manche), où six personnes sont portées disparues, la crue soudaine ayant envahi les rues et emporté des voitures.
Mardi, de violents orages, accompagnés de plusieurs tornades, ont balayé les environs de Valence.
Dans ces deux villes, le paysage urbain n’est plus qu’un vaste théâtre apocalyptique.
À Valence, des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des personnes piégées par les inondations, certaines grimpant aux arbres pour échapper aux eaux. Des secouristes ont aussi été vus transportant plusieurs femmes dans la benne d’un bulldozer.
Des témoignages bouleversants ont commencé à affluer. Comme celui de Toni Tarazona, un habitant de Valence longuement cité par le quotidien de référence espagnol El Pais, qui n’a rien pu faire pour sauver sa femme, Lourdes María García et leur bébé de trois mois, emportés dans leur voiture.
« La situation est dantesque (…) Je n’avais jamais vu cela », a déclaré à la TVE Consuelo Tarazona, la maire d’Horno de Alcedo, commune de la banlieue de Valence. La montée des eaux a été « monstrueuse », a-t-elle dit. « Nous avons été inondés tout d’un coup, sans pouvoir prévenir les voisins. »
Carlos Mazon, le président de la région de Valence, a déclaré lors d’une conférence de presse qu’en raison des difficultés d’accès, des personnes restaient encore isolées. « Si (les services d’urgence) ne sont pas arrivés, ce n’est pas à cause d’un manque de moyens (…) mais à cause d’un problème d’accès », a-t-il spécifié.
La mairie de Valence a annoncé que toutes les écoles resteraient fermées mercredi et que tous les événements sportifs étaient annulés. Plusieurs vols devant décoller de l’aéroport de Valence (est) ou y atterrir ont été détournés ou annulés, selon l’opérateur aéroportuaire espagnol Aena.
Les trains entre Madrid et Valence ont été suspendus à cause des effets de la tempête sur les principaux points du réseau ferroviaire. Le trafic à grande vitesse entre la capitale et la grande ville de l’est ne reprendra pas avant dimanche soir. Le corridor méditerranéen entre Barcelone, au nord, et Valence reste également interrompu.
Plusieurs parties du territoire, notamment dans le sud andalou, autour de Cadix, sont en vigilance rouge pour fortes pluies, et la population est invitée à une grande prudence et à éviter les déplacements.
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