INTERNATIONAL – Les migrants sont montés ce samedi matin à bord d’un navire pour l’Italie. Un tribunal italien a invalidé, vendredi 18 octobre, la rétention dans des centres albanais des premiers demandeurs d’asile transférés par Rome cette semaine. Une décision qui constitue un véritable camouflet pour le gouvernement ultra-conservateur de Giorgia Meloni.
La Première ministre a aussitôt réagi : « les Italiens m’ont demandé d’arrêter l’immigration illégale, et je ferai tout ce qui est possible pour tenir parole », a-t-elle promis dans un message posté sur X. Son gouvernement a signé fin 2023 avec Tirana un accord prévoyant la création de deux centres en Albanie, d’où les hommes adultes et en bonne santé, secourus en Méditerranée, pourront effectuer une demande d’asile.
L’arrêt de la Cour européenne de justice sur les « pays sûrs » invoqué
Seize premiers migrants sont arrivés mercredi en Albanie, mais quatre d’entre eux ont immédiatement été ramenés en Italie, deux affirmant être mineurs et deux autres ayant besoin de soins médicaux.
Le tribunal italien a invalidé la rétention des douze autres demandeurs d’asile, originaires du Bangladesh et d’Égypte, invoquant un récent arrêt de la Cour européenne de justice sur les pays de provenance considérés « sûrs » par les pays d’accueil. Le tribunal a tranché qu’aux termes de cet arrêt, les douze migrants ne remplissaient pas les critères de rétention en Albanie et qu’ils devaient être renvoyés en Italie.
Rome a récemment étendu la liste des pays d’origine « sûrs », définis comme des États où il n’y a pas de persécution, de torture ou de menace de violence aveugle, à 22 pays. Mais cette liste comprend des pays dont certaines régions ne sont pas jugées « sûres ». Or la Cour européenne de justice estime que les États membres de l’UE ne peuvent désigner comme sûrs que des pays entiers, et non des parties de pays.
Une position jugée inacceptable par Meloni : « Je ne crois pas qu’il soit de la compétence des juges de décider quels pays sont sûrs et lesquels ne le sont pas, c’est une compétence du gouvernement », a-t-elle affirmé vendredi. Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a annoncé vendredi que le gouvernement ferait appel.
L’opposition italienne et les ONG félicitent cette décision
Après cette décision des juges italiens, ces douze hommes ont embarqué ce samedi 19 octobre au matin à bord d’un navire des garde-côtes italiens, le « Guardia Costiera CP 422 », qui, selon les autorités portuaires albanaises, les transportera jusqu’à Brindisi, dans le sud de l’Italie.
L’opposition de gauche en Italie, vent debout contre l’externalisation de la politique migratoire, a salué la décision des juges romains. « Nous l’avions dit, non pas parce qu’on a la boule de cristal mais parce que nous lisons les lois », a ainsi réagi Elly Schlein, la patronne du principal parti d’opposition, le Parti démocrate (PD, centre-gauche). « Maintenant je lance un appel au gouvernement et à Mme Meloni : arrêtez-vous et revenez sur vos pas. Vous devez tout démonter et demander pardon aux Italiens », a-t-elle ajouté.
« Le spectacle médiatique organisé par le gouvernement Meloni se heurte au droit national et international », s’est aussi félicitée sur X l’ONG Sea-Watch Italy qui secourt des migrants en Méditerranée.
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