Les élections sont un mirage pour tous ceux qui espèrent un vrai changement

Cerveaux non disponibles

Maintenant que la trop longue séquence électorale de 2024 est passée, il nous parait important de dire certaines choses. Pour ceux qui sont très pressés (ou flemmards), ce texte pourrait se résumer en deux phrases :
1/ Les alliances pour faire « barrage à l’extrême droite » sont non seulement inutiles mais surtout contre productives.
2/ Les élections sont un mirage pour tous ceux qui espèrent un vrai changement sociétal. Et chaque échéance est utilisée par le système pour éloigner toute possibilité de renversement.
Cela fait plus de 25 ans que l’on nous sert la même recette qu’on espérait périmée : l’appel incessant aux alliances et à la mobilisation dans les urnes pour « faire barrage à l’extrême droite ». Les partis, incapables de susciter l’adhésion par leurs idées, utilisent cette menace comme un épouvantail pour maintenir leur mainmise sur le pouvoir.
Chirac, Sarkozy ou Macron ont été élus présidents dans des élans « républicains ». Et tous ont gouverné de façon libérale, autoritaire et ont mené des politiques racistes.
La séquence 2024 est peut être la plus pathétique de ce quart de siècle. Pour sauver la démocratie et éviter le fascisme, la gauche sociale démocrate (LFI) s’est, dans un premier temps, alliée avec tout ce que la gauche avait promis de rejeter : les traîtres du PS, des écolos et du PC. Cette alliance a permis de remettre sur selle des Hollande, Cazeneuve, Hidalgo et autres Glucksman. Puis, dans l’entre deux tours, ce pseudo « Front populaire » a décidé de faire un « Front républicain » pour faire barrage au Front National (renommé RN). Le NFP a donc passé des accords de désistement avec la Macronie. Tout ça pour quoi ? Pour avoir un gouvernement de droite dure et même d’extrême droite, notamment via le nouveau ministre de l’intérieur qui est totalement validé par le RN.
L’enfumage est total. Et surtout, personne n’a sauvé la démocratie ni même combattu le fascisme avec cette farce électorale.
Pour aller plus loin, sachez que nous sommes assez convaincus que même si le NFP avait réussi à gouverner, l’échec aurait été tout aussi cuisant. Avec une couche supplémentaire de trahison, et une montée de l’extrême droite (dans les urnes mais surtout dans les actes) toujours aussi forte.
Car les trahisons idéologiques à gauche sont trop nombreuses pour être listées. C’est d’ailleurs en grande partie par les politiques racistes de gouvernement étiquetés à gauche que le FN a pu se légitimer et dédiaboliser aussi rapidement. Cette dédiabolisation vit sa dernière étape dans la création d’un nouvel ennemi : la diabolisation de Jean Luc Mélenchon et de la France insoumise. Cela ne veut pas dire qu’il faut se ranger derrière eux, loin de là. Mais que la classe dirigeante change d’ennemi pour pouvoir diriger avec son ancien ennemi le RN.
Les trahisons se trouvent même à l’intérieur de la LFI : Ruffin et son racisme, Léaument et son amour pour la police et les CRA… Et n’allez pas nous parler de brebis galeuses. Ces personnes font partie du système. Voter pour eux, c’est remettre une pièce dans la machine.
Aujourd’hui, le RN n’est pas au pouvoir. Mais ses idées le sont de plus en plus. A côté de cela, ceux qui ont voté pour le RN sont renforcés par l’idée que le RN est le seul parti anti-système. Puisque tous les autres partis se sont alliés contre eux. C’est donc une défaite idéologique et stratégique.
Il était impossible de tenir un tel discours pendant la période électorale, sous peine d’être traités d’alliés de l’extrême droite. C’était l’époque où tout le monde était antiraciste. Hollande et Cazeneuve étaient à deux doigt de faire un Siamo avec les militants socialistes (on exagère à peine). Aujourd’hui que Retailleau mène une politique raciste, on a du mal à voir le front antiraciste…
Le mécanisme du « ça reste mieux que laisser le pouvoir au RN » est une arnaque intellectuelle, une insulte à l’idée même d’idéal révolutionnaire et libertaire.
Car oui, il est toujours possible de garder un cap antiraciste sans tomber tous les deux ans dans l’injonction électoraliste. Même en gardant une vision très pragmatique de la situation, en ayant conscience qu’un système de type municipalisme libertaire n’arrivera pas du jour au lendemain dans nos sociétés, il reste possible (et souhaitable) de se souvenir que ce système actuel ne peut être changé de l’intérieur.
Cela n’empêche pas de décider, conjoncturellement, d’aller mettre un bulletin dans l’urne. Mais cela doit se faire en ayant conscience des limites de cet acte . Le combat antiraciste et révolutionnaire est bien plus grand qu’un isoloir.
On ira même plus loin : pour ceux qui espèrent de réels changements (dans le bon sens) par les élections, gardez à l’esprit que les femmes et hommes politiques sont guidés en grande partie par des intérêts (personnels et de partis). Aussi, le meilleur moyen de les pousser à des politiques anticapitalistes et antiracistes, c’est d’avoir une force capable de pousser ces idées en dehors des circuits politiques. Il suffit de voir comment, pendant les mois les plus intenses de la révolte des Gilets Jaunes, de nombreux partis et syndicats ont revu leur ligne et leur discours.
Des gens qui veulent vivre de la chose politique. Il y en aura toujours. Ainsi, si une partie importante du peuple se mobilise dans son quotidien autour de luttes émancipatrices, nul doute que des partis emprunteront ce chemin.
Dans une époque où tout semble bouché, il est vital d’ouvrir des brèches, de détruire les fronts, tous les fronts.
Ce champ est nécessaire.

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