L’ancien président, qui a accordé une interview à « La Tribune dimanche », s’est fait remonter les bretelles par une bonne partie des députés PS.
POLITIQUE – Un ancien président devrait-il dire ça ? Dans une interview accordée à la Tribune dimanche ce 19 janvier, François Hollande assure que le Parti socialiste, qui a choisi de s’isoler du reste de la gauche en refusant de voter la motion de censure, constitue « le pôle central de l’Assemblée » et détient « la clé jusqu’en 2027 ». Selon celui qui a retrouvé son siège de député à l’occasion des dernières élections législatives, les socialistes ont « pris une décision majeure » et « pleinement assumé leur rôle, celui d’un parti d’opposition responsable, et utile ».
Des propos en apparence banals qui ont, en réalité, contribué à mettre le feu à gauche, et singulièrement au sein de son propre parti. « Ce n’est pas François Hollande qui dicte la stratégie du Parti socialiste. Il est paradoxal d’avoir à rappeler cela, en 2025, a fustigé la députée européenne Chloé Ridel sur BFMTV. Nous devons conserver un cap clair : le rassemblement de la gauche pour transformer radicalement la société ».
Sur le même ton, le député Laurent Baumel (ex-frondeur sous le quinquennat Hollande) a rappelé que ce n’est pas l’ancien chef de l’État « qui dirige le PS mais Olivier Faure ». « La non-censure n’est pas acquise et l’union de la gauche reste notre boussole pour 2027 », appuie-t-il. François Hollande réaffirme par ailleurs dans cette interview que si les socialistes sont allés négocier avec le gouvernement, c’est bien dans l’objectif d’arracher « un compromis au bénéfice des Français ». Ainsi, il « récuse la posture de LFI dont la seule perspective est de bloquer la vie institutionnelle et de provoquer une élection présidentielle ».
« Il ne représente pas l’avenir du PS »
Une sortie qui contredit la perspective d’unité recherchée par de nombreux socialistes. Huit d’entre eux ont d’ailleurs voté la motion de censure du 17 janvier. « François Hollande n’est plus Premier secrétaire du PS depuis très longtemps, ni membre de la direction actuelle », tient à préciser la porte-parole du groupe Dieynaba Diop sur X.
C’est peu dire que les propos de François Hollande mettent mal à l’aise en interne. De nombreux cadres, à l’exception d’Olivier Faure ou de Boris Vallaud à l’heure où sont écrites ces lignes, se sont empressés de prendre leurs distances avec la position exprimée par l’ancien président. Notamment parmi les jeunes élus. « François Hollande ne représente pas l’avenir du Parti socialiste, n’hésite pas à revendiquer le député PS Iñaki Echaniz. Jean-Luc Mélenchon avait dit “Faites mieux”. L’un comme l’autre doivent accepter de laisser leur place et permettre à une nouvelle génération de construire l’avenir de la gauche, unie, pour espérer des victoires ».
« Les combats de demain »
Le parallèle entre Hollande et Mélenchon, qui se connaissent, se fréquentent et s’affrontent depuis plusieurs décennies (ils étaient tous les deux candidats à l’élection présidentielle de 2012), ne manque pas d’être fait. « L’avenir de la gauche ne passera ni par Mélenchon, ni par Hollande : il se bâtira avec les réalités d’aujourd’hui et les combats de demain », défend le sénateur Rémi Cardon. « Contrairement à François Hollande, nous sommes dans un rapport de force avec le gouvernement », assène aussi le député Arthur Delaporte.
Signe que le débat existe au Parti socialiste, Jérôme Guedj est l’un des seuls à avoir publiquement défendu l’ancien président. « Je préfère que le gouvernement de François Bayrou, contrairement à celui de Michel Barnier qui dépendait du RN, dépende de la position des socialistes, a-t-il déclaré sur Radio J. François Hollande a raison de dire que nous sommes redevenus centraux ». Pour l’anecdote, Jérôme Guedj faisait partie, en 2014, des frondeurs qui avaient refusé d’accorder leur confiance au gouvernement alors dirigé par Manuel Valls. En politique, tout va si vite.
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