RDC: les combats se durcissent dans les environs de Goma, dans le Nord-Kivu

En République démocratique du Congo (RDC), ce samedi 25 janvier, dans les environs de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, les combats opposent, l’armée congolaise et ses alliés au groupe M23, soutenu par le Rwanda. Treize soldats – sud-africains, malawites et uruguayen – déployés au sein la force régionale de la SADC ou au sein de la mission de l’ONU (Monusco), ont été tués dans les combats. La RDC rappelle ses diplomates au Rwanda. La réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU prévue lundi a été avancée à dimanche. Emmanuel Macron a appelé à la « fin immédiate de l’offensive du M23 » lors d’entretiens téléphoniques avec les dirigeants de RDC et du Rwanda.

Durant la journée de vendredi, les combats ont été intenses sur ces deux fronts, mais les lignes n’ont quasiment pas bougé. « Le verrou sécuritaire est solide », confiait, vendredi soir, un responsable militaire congolais, avant d’ajouter « surtout au nord où le terrain est plus propice » à l’armée congolaise et ses alliés. Des combats qui ont fait des victimes. Vendredi, on a appris la mort du gouverneur du Nord-Kivu, général major Peter Cirimwami, mortellement blessé jeudi.

Kinshasa rappelle ses diplomates à Kigali et donne 48h au Rwanda pour cesser toutes les activités diplomatiques en RDC

Kinshasa a annoncé samedi soir rappeler ses diplomates à Kigali, après l’intensification des combats dans l’est de la RDC. Dans une lettre adressée par le ministère congolais des Affaires étrangères à l’ambassade du Rwanda à Kinshasa et transmise à la presse par la présidence congolaise, la RDC informe « du rappel des diplomates de l’Ambassade de la République Démocratique du Congo à Kigali avec effet immédiat » et « demande aux autorités rwandaises compétentes de tirer toutes les conséquences de cette décision en cessant, dans un délai de 48 heures, toutes les activités diplomatiques et consulaires de l’ambassade de la République du Rwanda à Kinshasa ».

« Le Rwanda est déterminé à s’emparer de la ville de Goma », a déclaré lors d’un point presse samedi soir à Kinshasa le porte-parole des forces armées congolaises, le général major Sylvain Ekenge, assurant que les forces congolaises sont déterminées à « repousser l’ennemi ».

Ce samedi, l’armée sud-africaine a annoncé la mort vendredi de 9 militaires dans l’est de la RDC, où ils combattaient au sein de la force régionale de la SADC ou de la force de maintien de la paix de l’ONU (Monusco). L’armée malawite a fait état de trois de ses soldats tués déployés au sein de la force de la SADC et l’Uruguay a annoncé la mort d’un Uruguayen déployé au sein de la Monusco. La Monusco – engagée dans les combats – avait fait état plus tôt de neuf Casques bleus blessés. Pas de bilan officiel du côté de l’armée congolaise qui a communiqué dans l’après-midi pour « féliciter » les forces engagées. Le vice-gouverneur de la province du Nord-Kivu, le commissaire divisionnaire Jean-Romuald Ekuka Lipopo a déclaré que si le M23 et l’armée rwandaise arrivaient à Goma, « ce sera leur cimetière ».

Neuf militaires sud-africains tués : 7 de la force de la SADC, 2 de la Monusco

« Après deux jours de combats acharnés contre le groupe rebelle M23 dans l’est de la RDC, le contingent sud-africain et ses homologues ont pu stopper l’avancée du groupe rebelle vers Goma, la capitale provinciale de l’est de la RDC. Les forces hostiles du M23 avaient lancé une attaque à grande échelle contre nos troupes dans l’intention de prendre le contrôle de Goma, mais elles n’ont pas pu avancer en raison de la résistance héroïque de nos vaillants combattants. Nos forces ont non seulement pu stopper l’avancée du M23, mais elles ont pu le repousser. L’intention du M23, entre autres, est également de prendre le contrôle de la ville de Goma, mais il a rencontré une forte résistance de la part du contingent SANDF, qui a réussi à l’empêcher d’entrer dans Goma », précise les forces armées sud-africaines dans le communiqué.

« Au cours de cette vaillante résistance contre les rebelles du M23, la Force de défense nationale sud-africaine (SANDF) a perdu neuf (9) membres vendredi 24 janvier 2025, après deux jours de combats acharnés. Sept (7) de ces membres faisaient partie du contingent sud-africain déployé à l’est de la RDC en décembre 2023 dans le cadre du bloc régional de 16 membres de la Mission de la SADC en République démocratique du Congo (SAMIDRC) et deux (2) membres étaient de la Monusco. Le nombre de blessés reste à confirmer, mais quelques-uns ont subi des blessures d’une gravité variable », ajoute le communiqué.

Un soldat uruguayen faisant partie de la force de l’ONU déployée en République démocratique du Congo a été tué lors de combats avec le groupe armé antigouvernemental du M23, dans l’est du pays, a annoncé samedi l’armée uruguayenne.

« Ces dernières 24 heures, nous avons enregistré une détérioration de la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu […]. Un soldat a malheureusement perdu la vie », a-t-elle indiqué, ajoutant que quatre soldats uruguayens ont aussi été blessés. « Ils achevaient leur mission d’un an dans la région. Les suivants devaient commencer la semaine prochaine, mais les vols ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre », a déclaré à l’AFP le porte-parole de l’armée, le colonel Fernando Botti.

Trois soldats malawites de la force de la SADC ont également été tués « dans l’exercice de leur mission lors d’une rencontre avec le groupe rebelle M23 opérant dans l’est de la RDC », a de son côté indiqué à l’AFP un porte-parole de l’armée malawite, Emmanuel Mlelemba, sans plus de détails.

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Emmanuel Macron appelle à la « fin immédiate de l’offensive » dans des entretiens avec Kagame et Tshisekedi

Pour sa part, le président français Emmanuel Macron a appelé à la « fin immédiate de l’offensive du M23 et des forces rwandaises ainsi qu’au retrait de ces dernières du territoire congolais », lors d’entretiens téléphoniques avec les dirigeants de RDC et du Rwanda, selon l’Elysée. « Le chef de l’État a exprimé sa très vive préoccupation quant à la situation dans le Nord Kivu, notamment autour de Goma et quant aux violations de l’intégrité territoriale de la RDC », dans un échange séparé avec Félix Tshisekedi, président de la RDC, et Paul Kagame, son homologue rwandais. Emmanuel Macron a aussi appelé « à la reprise du dialogue au plus vite et a dit sa détermination à appuyer les efforts de paix. »

Goma sous pression… des organisations internationales et pays appellent à évacuer

La situation a fait monter une tension sécuritaire d’un cran, à Goma, déjà saturée de déplacés, depuis de longs mois. Selon l’ONU, plus de 400 000 personnes ont été déplacées par les combats depuis le début de ce mois de janvier. C’est le double des chiffres annoncés la semaine dernière, de nouveaux déplacés qui ont, pour beaucoup, rejoint Goma où il y avait déjà plus de 600 000 personnes dans les camps environnants.  Plusieurs organisations internationales ont déclenché leur plan d’évacuation. C’est le cas des Nations unies qui annoncent la relocalisation de tout son personnel non essentiel, mais qui assure continuer ses opérations.

L’Allemagne a appelé ses ressortissants à quitter la région provinciale du Nord-Kivu. « Les ressortissants allemands qui se trouvent dans la province du Nord-Kivu sont invités à quitter le pays », a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un avis publié sur son site internet. « Les voyages non indispensables dans les autres régions de la République démocratique du Congo, y compris la capitale Kinshasa, sont actuellement déconseillés », a-t-il ajouté.

Les hôpitaux sont saturés par les blessés, des militaires, mais aussi des civils. Pour la structure de Ndosho, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) fait état de plus de 250 patients pour une capacité de 140 lits. Il n’y quasiment plus d’électricité dans la ville, après que les combats ont fait des dommages sur deux lignes d’alimentation dans le Rutshuru et Kalehe. Et l’approvisionnement en eau est difficile.

Les organisations humanitaires sur place font part de leur vive préoccupation pour les civils, comme en témoigne Joseph Amadomon, coordinateur de MSF à Goma.

Cette semaine, nous avons observé des mouvements de panique dans les camps de déplacés en périphérie de la ville à cause d’affrontements très proches. Certains déplacés ont pris tout ce qu’ils pouvaient, bagages sur la tête, les enfants avec eux et se sont dirigés vers Goma pour se réfugier. La situation ici est très tendue. Ces derniers jours, la ligne de front se rapproche progressivement de là où se trouvent les camps de déplacés…

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Joseph Amadomon, coordinateur Médecins sans frontières à Goma

Paulina Zidi

L’Union africaine appelle à la « cessation immédiate » des hostilités

Sur le plan diplomatique, plusieurs déclarations ont condamné cette offensive du M23 et son allié rwandais et cette pression sécuritaire sur Goma. L’Union africaine (UA) a, par la voix du président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, exprimé sa vive préoccupation et a rappelé l’importance de revenir au processus de Luanda dans un communiqué où le M23 n’est en revanche pas mentionné.

Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, « appelle à la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties et la cessation immédiate de toutes les hostilités » et « exhorte intensément les parties à préserver la vie des populations civiles », dans un communiqué.

L’Union européenne pointe la responsabilité du Rwanda

L’Union européenne (UE) a réagi, ce samedi 25 janvier 2025, à ces combats autour de Goma. Elle se dit « profondément préoccupée par l’escalade du conflit » et pointe la responsabilité du Rwanda. Sans évoquer et sans utiliser le terme de sanctions dans son communiqué, l’UE prévient qu’elle prendra ses responsabilités si les combats se poursuivent.

Fermeté et pression diplomatique. Dans son communiqué, diffusé au cœur de la nuit de vendredi à ce samedi 25 janvier, l’Union européenne vise directement le Rwanda qui doit « cesser son soutien au M23 et se retirer ».

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L’UE indique ainsi « condamner fermement la présence militaire du Rwanda en RDC, la considérant comme une violation flagrante du droit international. »

Pour évoquer les menaces éventuelles, il faut aller au dernier paragraphe de ce communiqué : « L’Union européenne examinera tous les outils à sa disposition afin de demander des comptes aux responsables du conflit armé, de l’instabilité et de l’insécurité en RDC ».

Poursuites judiciaires, gels des avoirs, interdiction de circuler sur le territoire européen, l’UE ne donne aucune précision sur ces éventuelles mesures restrictives qui touchent déjà 31 personnes (des militaires et des membres de milices). Les premières sanctions remontent à 2016.

Et si l’instance européenne pointe, en premier lieu, les autorités rwandaises, elle exhorte également celles de RDC à cesser toute « coopération avec les FDLR et d’autres groupes armés ». L’Union européenne réaffirme enfin « son soutien total et inébranlable au processus de Luanda ».

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