Déterminé à trouver un accord avec le gouvernement depuis 10 jours, le PS a finalement validé cet après-midi la non-censure en échange de miettes listées par Bayrou dans un courrier ce matin. Une énième trahison qui ouvre la voie au soutien à un budget austéritaire brutal.
16 janvier
Le 13 décembre dernier, la nomination de Bayrou avait lieu avec la bénédiction du PS. Le parti d’Olivier Faure s’était fortement engagé dans les négociations, propulsant l’idée d’un « accord de non-censure », et multipliant les appels à « une méthode renouvelée qui permette véritablement le respect du débat parlementaire. » Ce processus de rapprochement entre le PS et la macronie a connu une nouvelle étape ce jeudi.
Cet après-midi, la décision de ne pas censurer François Bayrou a en effet été validée en bureau national par 53 voix pour, 10 contre et 2 abstentions. La décision est historique ces dernières années : si Olivier Faure a réaffirmé la place de son parti dans « l’opposition » à l’Assemblée nationale cette après-midi, la deuxième force du NFP acte de fait sa volonté de s’entendre avec le gouvernement Bayrou, à l’aube de l’examen d’un budget austéritaire brutal visant 50 milliards d’économie.
En fin de matinée, François Bayrou adressait un courrier aux socialistes en forme de coup de pression pour rappeler les mesures négociées. Outre l’organisation d’une conférence avec les syndicats et le patronat sur les retraites, qui s’annonce au mieux une impasse au pire la voie vers de nouvelles attaques, on y retrouve, entre autres, un recul sur la désindexation des retraites (déjà effectif du fait de l’absence de budget…), l’abandon de la suppression de 4000 postes dans l’éducation nationale (un retour au statu quo qui sera compensé par l’austérité ailleurs), l’abandon de l’ajout de deux jours de carence pour les fonctionnaires (sans pour autant reculer sur la baisse de l’indemnisation à 90%) ou l’annulation de mesures de déremboursements des médicaments.
Un recul sur certaines des mesures les plus agressives du budget précédent qui ne remet cependant en rien en cause le projet austéritaire, mais sert à faire passer la pilule, au même titre que les quelques taxes provisoires et limitées visant les « riches ». Sur ce plan, François Bayrou a d’ailleurs inclus le maintien de la contribution sur les hauts revenus et de la surtaxe provisoire sur l’imposition des grandes sociétés, déjà prévues par le gouvernement Barnier, dans « l’accord » avec les socialistes.
Dans ce cadre, si à la tribune de l’Assemblée nationale, Olivier Faure a affirmé qu’une censure restait possible, le PS fait un pas décisif dans le soutien au gouvernement. Une position d’autant plus scandaleuse que, par-delà la question du budget, ce dernier mène d’ores et déjà une politique xénophobe et répressive dure sous la houlette du duo Darmanin-Retailleau, qui pourra se poursuivre dans les mois à venir grâce au PS et au RN.
Ces derniers jours, la France Insoumise et d’autres forces du NFP ont dénoncé l’attitude des socialistes. Cependant, c’est bien l’alliance électorale entre les forces de la gauche institutionnelle qui a permis d’offrir au PS une position de force, avec 66 députés à même d’assurer le maintien au pouvoir de la macronie et de défendre la « stabilité » des institutions pourries de la Vème République. Un constat qui souligne l’impasse des politiques de conciliation de classes, qui prépare le terrain aux trahisons et renforcent nos ennemis.
Poster un Commentaire