Condamné en appel pour corruption de mineurs, Jean-Marc Morandini est toujours à l’antenne de CNews

L’animateur de la chaîne d’extrême droite a été condamné en appel, vendredi, à deux ans de prison avec sursis pour corruption de mineurs sur trois adolescents. La cour a aussi confirmé son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

David Perrotin

Jugé pour corruption de mineurs sur deux jeunes de 15 ans et un de 16 ans, Jean-Marc Morandini a été condamné en appel, vendredi 21 mars, à deux ans de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende. L’animateur de la chaîne d’extrême droite CNews a aussi l’interdiction définitive d’exercer une profession en contact avec des mineurs et est désormais inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles.

Il a ainsi l’interdiction de recevoir des stagiaires mineurs dans les locaux de son émission. Condamné à un an de prison avec sursis en première instance, il a donc vu sa peine alourdie.

Dans un communiqué, Jean-Marc Morandini a annoncé se pourvoir en cassation, indiquant qu’il « prend acte de la décision » et réfutant « toute notion de corruption ». Se posant en victime de sa célébrité, il dénonce aussi la sévérité de la peine : « Faut-il croire que la sévérité est sélective en fonction du statut, de la notoriété, des origines ou de l’employeur du mis en cause ? »

Jean-Marc Morandini au palais de justice de Paris, le 13 juin 2023, à Paris. © Florian Poitout / ABACA

Jean-Marc Morandini, qui a toujours juré ne pas avoir d’attirance pour les enfants, plaidant tantôt l’humour, tantôt l’amnésie, n’a pas réussi à convaincre la justice. Les faits étaient nombreux et accablants. Dans de nombreux messages envoyés à deux jeunes de 15 ans, de 2013 à 2016, il évoquait des scénarios sexuels et, au second adolescent, il a demandé d’envoyer une photo de lui dénudé.

Il était aussi accusé d’avoir attiré un autre jeune homme dans un « traquenard » : un casting où ce dernier devait se masturber devant l’animateur. Jean-Marc Morandini avait aussi demandé pas moins de 41 fois, en moins de deux mois, une photo de nu d’un mineur de 15 ans.

Dans une enquête vidéo publiée par Mediapart, d’autres témoignages accablants dessinaient un véritable système et montraient que l’animateur avait continué à solliciter des photos pédopornographiques alors qu’il était déjà poursuivi par la justice.

Déjà condamné en appel et soutenu par Vincent Bolloré

Le 27 janvier, dans une autre affaire, la cour d’appel de Paris avait reconnu l’animateur coupable de harcèlement sexuel contre un jeune comédien et l’avait condamné à dix-huit mois de prison avec un sursis probatoire de deux ans, aggravant la peine de six mois de prison avec sursis prononcée en première instance, en août 2023. Le présentateur s’est depuis pourvu en cassation.

Évincé par ses employeurs de l’époque (Europe 1, NRJ12), Jean-Marc Morandini est aujourd’hui soutenu par Vincent Bolloré, qui lui a confié une émission quotidienne sur CNews. Après une grève historique pour protester contre son arrivée, le groupe Canal+ avait pourtant promis que l’animateur serait licencié sans indemnités s’il était condamné. Depuis, la promesse a été totalement balayée.

« Puisqu’il a fait appel des condamnations prononcées contre lui, il bénéficie de la présomption d’innocence. Nous l’avons déjà dit dans la presse : pour nous, il est innocent. Nous ne sommes pas juges, nous ne jugerons pas Jean-Marc Morandini à la place de la justice »,déclarait Gérald-Brice Viret, chargé des programmes et des antennes de Canal+.

Après la condamnation en appel de janvier, Vincent Bolloré et le groupe Canal+ ont finalement décidé de maintenir Jean-Marc Morandini. Qu’en sera-t-il après cette nouvelle condamnation ? Sollicitée par Mediapart, la direction du groupe ne souhaite pas s’exprimer. « Pour nous, il continue d’être présumé innocent et il reste à l’antenne »a déclaré la direction de la chaîne info de Vincent Bolloré au Parisien. Lundi 24 mars, l’animateur présentera donc sa 1 621e émission.

L’enquête de Mediapart sur le système Morandini. © Vidéo Mediapart

Jean-Marc Morandini condamné : la direction de CNews ignore ceux qui demandent son départ de la chaîne

L’animateur est pour le moment maintenu à l’antenne de chaîne info de Vincent Bolloré, dont les dirigeants mettent en avant la « présomption d’innocence ».

Jean-Marc Morandini lors de son arrivée au tribunal de Paris en 2022 pour son procès en première instance, où il avait été condamné à un an de prison avec sursis probatoire de deux ans.

ALAIN JOCARD / AFP
Jean-Marc Morandini lors de son arrivée au tribunal de Paris en 2022 pour son procès en première instance, où il avait été condamné à un an de prison avec sursis probatoire de deux ans.

MÉDIAS – « CNews serait bien inspirée d’en tirer les leçons »Jean-Marc Morandini a été condamné en appel ce vendredi 21 mars pour des faits de corruption de mineurs. Il écope d’une peine de deux ans de prison avec sursis et de 20 000 euros d’amende, plus lourde que celle prononcée en première instance en 2022.

La cour a également prononcé une interdiction définitive d’exercer toute profession en contact avec des mineurs, tout en confirmant son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles. Cette nouvelle décision de justice, contestée par l’animateur qui a annoncé se pourvoir en cassation, a relancé les appels à la direction de CNews pour qu’elle l’écarte de son antenne.

« Là, c’est à CNews d’apprécier si Monsieur Morandini a encore une crédibilité pour commenter des faits divers », a ajouté l’homme, habitué des plateaux de la chaîne, qu’il a invitée à « tirer les leçons » du jugement de ce vendredi.

« Une injustice et une gifle pour les victimes »

« Pour nous, il continue d’être présumé innocent et il reste à l’antenne », a glissé une source de la direction de CNews au Parisien. Un argument qu’avait déjà mobilisé Maxime Saada, PDG du groupe Canal+, après la condamnation de Jean-Marc Morandini en première instance. « Il a fait appel et donc pour le moment on ne suspend pas à la justice, […] on attend que ça se déroule », avait-il déclaré au micro de RTL en janvier 2023.

La présidente de La Voix de l’Enfant, Martine Brousse, a lancé un nouvel appel au départ de l’animateur dans le Parisien, demandant qu’il « n’apparaisse plus sur la chaîne, comme les patrons de CNews l’avaient promis lorsqu’il y aurait confirmation de la condamnation ». Son maintien serait « une injustice et une gifle pour les victimes », a-t-elle insisté, « combien de mineurs vont se dire : “A quoi ça sert que je parle ?” ».

Le fait que Jean-Marc Morandini soit resté à l’écran malgré sa condamnation a aussi été dénoncé par une de ses victimes, qui a déposé plainte pour des faits qui remontent à 2015, quand elle était âgée de 15 ans. Le jeune homme, interrogé par Les Jours, a fustigé l’inaction de CNews, affirmant que « le groupe Canal+ a choisi son camp et ce n’est pas celui des mineurs ».

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