Elnet, le lobby israélien organisateur du meeting islamophobe

Leurs inspirations du passé, nos heures sombres au présent.
Comment un lobby israélien d’extrême-droite a pu organisé en France un meeting islamophobe sous couvert de lutte contre « l’islamisme » ? Avec sa prise de parole et son « à bas le voile », Retailleau nous a prouvé qu’il s’agissait bien ici de haine religieuse et non d’un évènement destiné à lutter contre le terrorisme.
Elnet, le lobby israélien organisateur du meeting islamophobe, diffuse un discours pro-Netanyahou. Depuis 2017, la branche française organise même des voyages en Israël de responsables politiques – une centaine de membres de LR ou de la Macronie en ont bénéficié selon Mediapart. Arié Bensemhoun dirige Elnet et l’association Agir Ensemble. Voici ce qu’il déclare : « Ceux qui sont principalement responsables de ces agressions contre les juifs sont, aujourd’hui, les islamistes, les extrémistes de gauche et les wokistes » ; « Dire qu’à l’extrême gauche il y a les collabos des nouveaux nazis que sont les Islamistes, c’est dire la vérité ! » « Ce qui est en train de s’effondrer sous nos yeux, c’est la République ! La République écartelée entre les pro Hamas et ceux qui combattent l’islamisme et le wokisme. »
Ce lobby justifie donc le génocide des Palestiniens avec les arguments habituels : « terrorisme », « antisémitisme », « islamogauchisme », « wokisme ». Ces justifications des massacres, cette haine raciale et religieuse contre les personnes arabes et de confession musulmane, cette propagande ornée de mots et de concepts inventés m’ont rappelé la propagande nazie des années 30. Avec ce même procédé, le nazisme a réussi à convaincre des millions de personnes que le judaïsme était le mal absolu et aboutir à l’extermination de 6 millions d’êtres humains. Le terme « islamogauchisme » démocratisé par le sociologue d’extrême-droite Pierre André Taguieff, pro-sioniste, affirme qu’il existe un lien entre la gauche et le terrorisme islamiste. Ce terme n’est pas sans nous rappeler le mot « judéo-bolchévisme » affirmant que les Juifs sont, derrière ou parmi les bolcheviks, « les maîtres d’œuvre de la prise de pouvoir par les bolcheviks en octobre 1917 et les véritables dirigeants de l’URSS » ; et ce, pour désigner les juifs comme responsables du communisme. Tagguief a sûrement oublié l’affaire Claude Herman : ancien du service d’ordre du Rassemblement national (ex-Front national). Il a fourni des armes à Amedy Coulibaly qui a tué cinq personnes lors de l’attentat antisémite de l’Hyper Cacher en 2015. Herman a été condamné à sept ans de prison.
Des decénies de propagande contre les juifs à coup de caricatures, de filmographie, de lois ségrégationnistes… tiens ! cela me rappelle quelque chose de très actuel. Comment des caricatures représentant les musulmans ou les arabes sous les traits d’Iznogoud, avec un gros nez, des yeux exhorbités, la mine renfrognée, ont participé à la stigmatisation en se cachant derrière l’humour et la liberté d’expression. Comment des grosses productions occidentales ont systématiquement dépeint le terrorisme comme arabe et/ou musulman inséminant dans les esprits qu’il est la seule forme de terrorisme existante. Les lois ségrégationnistes qui visaient les juifs les excluant de la sphère publique et les privant de certains métiers et de droits fondamentaux mais aussi celles visant à déterminer une pureté raciale où seules les personnes de « sang allemand ou apparenté » pouvaient être citoyens allemands, ne sont pas sans nous rappeler la loi dite « séparatisme » et les débats actuels sur le droit du sol et l’accession à la nationalité française lancée par la Macronie s’inspirant des obsessions identitaires de l’extrême-droite.
Allons plus loin sur la loi Séparatisme. Ce projet de loi porté par Gérald Darmanin s’attaque entre autres aux équilibres de la loi de 1905, aux libertés de culte, d’association et d’enseignement. « Contrairement à ce qui est avancé par ses promoteurs, ce nouveau texte liberticide ne concerne pas seulement les associations cultuelles et celles qui perçoivent des fonds publics, mais constitue une menace très grave pour l’ensemble des associations françaises », expliquait en janvier 2021 une tribune signée d’universitaires, d’avocats, et de multiples associations allant des arts de rue au soutien aux migrants, en passant par la défense des droits de l’Homme et de l’environnement. Et en 2025, lorsque nous faisons le bilan de cette loi ayant entrainé et des dissolutions ou menaces de dissolution d’associations antiracistes ou luttant contre l’islamophobie : Le Bloc lorrain, le Groupe antifasciste Lyon et environs (GALE), CCIF, BarakaCity, Coordination contre le racisme et l’islamophobie, la ligue des droits de l’Homme… et bien sûr toujours sous couvert de luttes contre le « terrorisme ».
Des decénies de propagande racistes antimusulmans et identitaires ont démocratisé les discours xénophobe sur les chaînes d’information. Ainsi Bruno Retailleau peut en toute quiétude clamer haut et fort  » À bas le voile »… un signe religieux. Mais imaginez un seul instant s’il disait cela d’un autre signe religieux comme la kippa par exemple. Cela susciterait, à juste titre, une indignation générale. Sur LCI, ce même Retailleau a pu dire, sans contradicteur, après le cyclone dévastateur à Mayotte et une gestion coloniale et catastrophique de la crise : « ce sont des Musulmans, ils sont noirs » ; Des propos ouvertement racistes qui viennent appuyer l’adoption à l’Assemblée nationale, une proposition de loi restreignant le droit du sol à Mayotte. En 2023, Retailleau déclarait : « La cause des émeutes c’est l’immigration…. il y a comme une sorte de RÉGRESSION vers les origines ethniques ». Non seulement il nie les causes réelles des émeutes, à savoir, les violences policières racistes et meurtrières, MAIS il pense que lesdites émeutes dans les quartiers populaires sont un signe de « régression ethnique ». Pour Retailleau, la violence de ces personnes est donc intrinsèquement liée à leur origine ethnique qui serait « régressive ». Le fameux « sauvage noir » que le blanc doit « civiliser » : une vision racialiste, raciste et suprémaciste que Retailleau puise directement dans les croyances et les imaginaires des esclavagistes.
Si je vous énumère les citations de Retailleau, c’est pour que chacun prenne la proportion du racisme, de la xénophobie et du suprémacisme de cet énergumène. Selon moi, sa citation la plus révélatrice est survenue le jeudi 25 mai 2023, alors qu’il était l’invité des « 4 Vérités » de France 2. Et voilà ce qu’il déclarait : « Il y a une haine de cette civilisation (judéo chrétienne), que certains veulent nourrir dans l’Occident » et « Il y a décivilisation lorsqu’il y a des phénomènes de barbarie, d’ensauvagement de la société, lorsque l’école ne parvient plus à transmettre les savoirs, lorsqu’il y a une entreprise de déconstruction culturelle en France. La décivilisation c’est l’inverse de la civilisation, qui est ce qui permet à une société de contenir des réflexes violents ». On note les mots « Decivilisation », « destruction culturelle ». Les ennemis selon Retailleau sont : l’immigration, l’Islam et le wokisme. Mis bout à bout, les citations du Ministre de l’intérieur me renvoient au discours de Joseph Goebbels, ministre nazi de l’Information et de la Propagande, s’adressant au congrès du parti nazi de Nuremberg, en 1935. Dans ce discours, Goebbels – antisémite fanatique – établit un lien entre le bolchevisme et la communauté juive internationale, tout comme Retailleau entre l’islamisme et la gauche dite radicale. Goebbels met en garde les membres du parti nazi contre une prétendue conspiration juive internationale visant à détruire la civilisation occidentale, tout comme Retailleau quand il utilise les même termes pour désigner les ennemis « wokistes » et Musulmans » et leur haine de l’Occident. Goebbels fut à l’initiative de l’élimination des influences juives et « anti-allemandes » des institutions culturelles de l’Allemagne nazie, tout comme le macronisme qui dissout des associations antiracistes et luttant contre l’islamophobie, qui stigmatise et exclue les femmes voilées des sorties scolaires et de l’espace public, ou qui accuse des écoles et lycées coraniques de « séparatisme » pour les fermer définitivement.
Au début des années 40, l’antisémitisme du Régime de Vichy était bien à droite et à l’extrême-droite, tout comme l’islamophobie et le racisme en 2025 par la bouche de Bruno Retailleau, entre autres. Je ne sais pas si l’Histoire du fascisme se répète mais ce dont je suis certaine, c’est que certains s’inspirent des heures les plus sombres de ce passé pas si lointain.
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