
Kevin Bossuet : 1053 posts effacés en 24 heures
Il semblerait que Kevin Bossuet ait eu un gros coup de chaud en découvrant l’article le concernant paru samedi dernier sur Blast. Une publication qui établit entre autres que ce chroniqueur sur CNews, prof d’histoire-géo de son état, ne se contente pas de dire des insanités mais qu’il en poste aussi beaucoup sur les réseaux sociaux, et ce depuis bien longtemps. Depuis, il a restreint l’accès à son compte X (ex-Twitter) et supprimé pas moins de 1053 posts. Vous avez dit panique à bord ?
Notre article « Cher Kevin Bossuet » a été mis en ligne samedi après-midi et a connu, dans un premier temps, une circulation « normale » sur les réseaux sociaux. Conscients que certains propos exhumés dans cette publication risquaient de gêner leur auteur, nous avons toutefois pris la peine de vérifier régulièrement, dans les heures suivant sa parution, que les tweets incriminés, qui étaient toujours visibles lors de la mise en ligne à 17h, ne « disparaissaient » pas. Bien nous en a pris : à partir de 19h30, nous avons petit à petit constaté que certains liens renvoyaient désormais vers l’information selon laquelle les posts avaient été « supprimés par leur auteur », visiblement un tantinet gêné par leur mise en circulation.
De quoi parle-t-on ? De plusieurs dizaines de tweets, tous plus répugnants les uns que les autres, allant du sexisme le plus rance (« Manif contre les violences faites aux femmes : elles sont ni putes ni soumises, mais elles veulent bien un petit coup quand même ») au racisme le plus crasse (« Vous mettez Laurent Fabius dans du Nutella et ça donne Harlem Désir ») en passant par des « plaisanteries » dont chacun pourra apprécier la finesse (« Comme j’ai le cœur à gauche, je donne souvent quelque chose aux clochards de ma rue. Des coups de pied dans la tronche notamment… »). Sans oublier une série de publications à propos de Mohammed Merah après que ce dernier eut assassiné de sang-froid sept personnes, dont trois enfants dans une école juive de Toulouse, par exemple : « Il est fort ce Momo ! Les Boches auraient eu un mec comme lui en 14-18, ils auraient gagné la guerre ! »
Nous avions repéré ces posts immondes en préparant un article destiné à la série « Boxing Day », qui consiste à rédiger chaque semaine une lettre à l’attention d’une personnalité du cénacle politico-médiatique en essayant de traiter de son actualité à la lumière de certains de ses faits d’armes passés. Notre choix s’était porté sur Kevin Bossuet, chroniqueur réactionnaire sur CNews et Sud-Radio, ex des « Grande Gueules » de RMC, installé dans le paysage médiatique depuis plusieurs années au point d’avoir été qualifié dès octobre 2021 de « chouchou des plateaux télé » dans un article du Parisien. Anticipant le fait qu’il serait probablement prompt à réagir, voire à démentir, si certaines de ses abjections venaient à être médiatisées, nous avons effectué une série de captures d’écran :
Image compte X Kevin Bossuet / montage Blast
Une précaution dont nous nous félicitons aujourd’hui, alors que Kevin Bossuet efface depuis samedi, à un rythme frénétique, des centaines de posts, démontrant par là-même non seulement l’authenticité de nos informations mais aussi l’ampleur du désastre. Pour être honnêtes, nous devons en effet reconnaître que nous n’avions pas lu l’intégralité des 24 000 tweets alors en ligne sur son compte, nous contentant de quelques milliers d’entre eux, une tâche suffisamment pénible et nous ayant déjà permis de recenser des dizaines d’abjections. Les plus de 1000 suppressions effectuées par Kevin Bossuet depuis samedi soir indiquent qu’elles se comptent en réalité par centaines, sans que leur auteur ait l’air de se rendre compte à quel point son entreprise d’effacement ne sert non seulement à rien mais contribue au contraire à donner davantage de visibilité et de crédit à notre article.
Le chroniqueur de CNews ne semble ainsi pas avoir entendu parler de l’« effet Streisand », pourtant bien connu sur internet, qui qualifie le processus par lequel la tentative d’empêcher la parution d’une information peut donner à cette dernière une beaucoup plus grande audience qu’elle n’en avait au départ. C’est exactement ce qui se passe avec les posts de Kevin Bossuet : la circulation de notre article a en effet connu une soudaine accélération à partir du moment où nous avons fait savoir que le destinataire de notre « Boxing Day » était en train de supprimer ses tweets. Et ces derniers, que nous n’avions pas spécialement mis en avant et qui n’occupent qu’une place relativement marginale dans notre article (moins de 10% du texte), lequel repose essentiellement sur des interventions à la radio et à la télévision, ont acquis en quelques heures une très importante visibilité.
L’ampleur des suppressions constitue d’ailleurs une réponse à ceux qui nous accusent de vouloir faire du « buzz » sur la base de quelques anciens tweets isolés. On parle ici d’un phénomène systématique, venu de quelqu’un qui ne revendique pas le statut d’humoriste, même médiocre, et qui n’a jamais cessé, comme le montre notre article paru samedi, d’être violemment outrancier. Un phénomène d’ampleur qui ne résiste pas davantage à l’argument de « l’erreur de jeunesse » tant ces immondices s’étalent dans le temps et n’ont, même pour les plus anciennes d’entre elles, rien à voir avec des mauvaises plaisanteries d’adolescent : c’est ainsi, par exemple, que tout juste un mois après sa série de posts sur Mohammed Merah et à peine quelques heures après avoir affirmé que les femmes en lutte contre les violences « veulent bien un petit coup quand même », Kevin Bossuet l’enseignant nous informait, sur le même compte, que « préparer un cours sur « paysans et seigneurs (XIe-XVe siècle) » à 2h45 [du matin], ce n’est que du bonheur ! » (1).
Kevin Bossuet n’est visiblement pas prêt à assumer l’ensemble de son œuvre qui présente pourtant, et ce malgré certains opportunistes revirements idéologiques signalés dans notre « Boxing Day », une remarquable cohérence. De ses propos violents, racistes et sexistes des années 2010 à ses interventions ultra-réactionnaires sur CNews, Kevin Bossuet est en effet demeuré le même, et ce ne sont pas de pathétiques suppressions de tweets, même par milliers, qui y changeront quoi que ce soit. Nous attendons toutefois avec une certaine curiosité les misérables justifications qu’il ne manquera pas de tenter d’apporter même si, convenons-en, nous préférerions qu’il se taise pour de bon. À l’heure actuelle, CNews n’a toujours pas non plus réagi, on a pourtant connu la chaîne plus prompte à traquer les moindres faits et gestes de telle ou telle personnalité médiatique, il est vrai plutôt lorsque cette dernière ressemble un peu trop à l’idée que l’extrême droite se fait d’un musulman ou d’une musulmane, comme en témoignent les cas de Muhammad Abdallah Kounta ou Merwane Benlazar.
« Votre insignifiance a fini par devenir significative », écrivions-nous à l’adresse de Kevin Bossuet dans notre article publié samedi. La médiatisation de ce scribe haineux et multirécidiviste est en effet un cas exemplaire de la longue dérive des chaînes d’information, avec ces chroniqueurs ultra-réactionnaires qui peuplent de plus en plus les plateaux et portent une immense responsabilité dans la propagation — notamment — du racisme sous toutes ses formes. Ainsi, si le « chouchou des plateaux télé » continue à déverser sa bile malgré la somme des évidences rapportées dans notre article, cela sera, de la part de ceux qui l’inviteront, en toute connaissance de cause et, dès lors, un aveu supplémentaire. Et si, fait extraordinaire, il disparaissait de CNews et/ou de Sud-Radio, on sourira en pensant à toutes celles et tous ceux sur lesquels Kevin Bossuet crache depuis des années. Avant de s’y remettre en se disant : « Au suivant ».
Jules Blaster et la rédaction de Blast
(1) Post non supprimé à cette heure,
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