
Plus de cent cortèges contre le racisme sont organisées partout en France ce samedi, comme chaque année. Mais la polémique autour de LFI et son affiche présumée antisémite à l’effigie de Cyril Hanouna est en arrière-plan.
Mais La France insoumise a relégué le sujet du racisme au second plan. D’abord en élargissant le mot d’ordre, début février, pour en faire «des manifestations contre le gouvernement Bayrou, l’extrême droite et ses idées». Puis depuis dix jours, à cause d’un «visuel» présentant le visage de Cyril Hanouna, animateur proche du milliardaire conservateur Vincent Bolloré, sourcils froncés et grimace agressive.
Une image générée par intelligence artificielle, pour laquelle les cadres Insoumis ont reconnu une «erreur», et qui a valu au parti une condamnation en référé vendredi pour «atteinte (au) droit à l’image» de l’animateur – décision dont LFI a aussitôt annoncé faire appel.
Tensions
Mais là où le bât blesse, c’est dans la ressemblance troublante entre cette caricature de Cyril Hanouna, juif d’origine tunisienne, et certaines affiches antisémites des années 1930 et de l’Allemagne nazie. Raison qui avait d’ailleurs poussé LFI à retirer son visuel rapidement – mais pas assez pour éviter les répercussions.
Face aux accusations, qui ont semé le trouble jusque dans ses rangs, Jean-Luc Mélenchon a répliqué par l’invective, accablant les médias et dénonçant encore mercredi en meeting à Brest «le vice» de ses détracteurs qui «ont à la maison les collections d’affiches d’extrême droite que leur avaient laissées leurs grands-parents». «Nous, on n’a pas ces affiches, on n’est pas au courant, on sait pas», a affirmé le patriarche Insoumis au nom des siens.
Cortèges «entachés»
Une «défense aberrante» de l’avis du patron du PS Olivier Faure, «catastrophé» car «personne n’ignore ce qu’est l’antisémitisme», à commencer par Jean-Luc Mélenchon qui en «connaît parfaitement les codes (et) l’iconographie». Bien que les socialistes appellent également à y participer, les manifestations de samedi sont «malheureusement entachées» par cette affiche «indigne d’un grand mouvement de gauche», a-t-il ajouté jeudi sur franceinfo.
Déception partagée du côté des syndicats, en particulier par la numéro un de la CGT Sophie Binet qui a pareillement dénoncé des «affiches très choquantes avec en plus une dimension antisémite qui n’est pas acceptable». Pour bien se démarquer de LFI, elle a souligné vendredi sur RTL que «de nombreuses associations qui luttent contre l’antisémitisme […] seront dans le carré de tête» avec les syndicats, qui ont «initié ces manifestations».
Plus véhémente encore, la codéléguée de Solidaires Julie Ferrua a fustigé auprès de l’AFP la démarche des Insoumis qui «grillent la priorité» aux organisateurs et «s’accaparent la mobilisation». Au point que son syndicat «s’est interrogé sur le fait de (s’en) retirer», a-t-elle confié.
50 000 à 60 000 manifestants attendus
Finalement, chacun défilera sans se mélanger, LFI le plus souvent en queue de cortège comme à Paris, où la délégation sera emmenée par leur cheffe de groupe à l’Assemblée, Mathilde Panot. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il sera présent à Marseille, au côté du coordinateur de son parti Manuel Bompard.
Au total, les autorités attendent 50 000 à 60 000 manifestants dans tout le pays, dont 10 000 à 20 000 dans la capitale, où l’on redoute des «dégradations» et la «recherche d’affrontements» avec la police, et où une source policière évoque la possible présence d’une centaine d’éléments radicaux.
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