Point rapide de situation, mercredi matin 12 mars 2025. Par VP.

 

Par aplutsoc le 12 mars 2025

Les médias annoncent qu’un accord de « cessez-le-feu » est en vue en Ukraine et qu’on attend … la réponse de Poutine. Rien que cela incite à la prudence, mais en fait, on attend aussi une autre « réponse » : celle de Trump. En effet, c’est Marco Rubio, son secrétaire d’État aux Affaires étrangères, qui a été à la manœuvre à Ryad, et il y a clairement crise dans l’appareil d’État nord-américain, produite par les initiatives « intempestives » de Trump de ces dernières semaines.

Marco Rubio a obtenu de Zelensky (il est probable qu’ils se sont rencontrés en « off » avant la réunion officielle) l’acceptation de principe d’un cessez-le-feu impliquant la renonciation à la libération des territoires occupés dans la période immédiate, et donc la poursuite des déportations, russification, viols, tortures, etc., avec en contrepartie la promesse de – nous disons bien : « la promesse de » – la reprise de l’aide militaire US à l’Ukraine et du partage du renseignement américain – sachant que les jours précédents, c’est du partage ouvert de renseignement américano-russe que l’on se rapprochait.

On attend donc ce que Poutine … et Trump feront de cet « accord » qui, fondamentalement, même s’il peut servir à donner un répit aux Ukrainiens, ne règle rien. Pendant ce temps, Trump a déclaré une telle guerre commerciale au Canada que le spectre, certes ahurissant, mais bien réel, de la guerre, l’accompagne : jusqu’à 250% de tarifs douaniers sur les produits ligneux et laitiers ! Le lendemain, il rétropédale, et ainsi de suite, mais les bourses fléchissent de ces incertitudes. Des secteurs conséquents de la classe capitaliste US sont en train de tirer la sonnette d’alarme. En arrière-plan, les larges masses, le Labor, les migrants, les femmes, les fonctionnaires … observent et sont parcourus de frémissement, leurs organisations n’appelant, ne soyons pas surpris, à aucune action commune et centralisée. C’est leur ébranlement qui menace et qui, également, inquiète en haut lieu.

A propos de Gaza, les contradictions se tendent aussi : les pires composantes du gouvernement israélien veulent passer à la mise en œuvre des promesses de déportation de Trump. Mais les peuples votent avec leurs pieds faute de pouvoir faire autrement : la vraie résistance palestinienne, ce n’est pas le Hamas, ce sont les Gazaouis qui ne veulent pas partir de chez eux et reviennent dans les gravats dès qu’ils peuvent, ce sont les Cis-jordaniens, et aussi les Libanais du Sud qui reviennent ou veulent revenir.

La révolution syrienne est une épine majeure dans le pied des Trump et des Poutine comme des dirigeants européens. Le prétendu « soulèvement alaouite », en fait opération des secteurs d’ancien régime et du Hezbollah appuyés par l’Iran, ne deviendrait un soulèvement réel que si la répression aveugle se poursuivait, dérapage lié à la présence de forces contrôlées par la Turquie et déménagées du Nord du pays suite à un premier accord entre le nouveau régime et le PYD. Et pendant ce temps, l’armée israélienne ne veut pas quitter les zones druzes qu’elle a occupées. Les ingérences iranienne, turque et israélienne concourent, contre la volonté populaire, à « libaniser » la Syrie : c’est leur objectif, et derrière elles, Trump et Poutine appuient.

Le premier échec politique majeur de Trump, qu’il ne saurait naturellement comprendre, est qu’il suscite des sentiments nationaux de défense contre la menace dans toute l’Amérique du Nord.

Les élections de l’Assemblée locale du Groenland ont eu lieu mardi 11 mars. Le parti écolo-libéral et indépendantiste « à terme » au pouvoir, Ataqatigiit (« Communauté populaire ») tombe de plus de 37% à 21,6% et son allié Simiut, social-démocrate, de 30% à 15% ; les vainqueurs sont les Démocrates, de 9% à 30%, et Nalerak, indépendantiste, de 9% à 12,5%, le tout avec une participation de 90% sur les quelques 50 000 électrices et électeurs. Les Démocrates, parti bourgeois libéral, ont tourné en faveur de l’indépendance rapide, à l’instar des Libéraux canadiens en train de s’opposer à Trump.

Ces résultats ne doivent pas être interprétés comme un tournant à droite mais comme un virage pour l’indépendance rapide en opposition à Trump.

Tant l’éventuel cessez-le-feu en Ukraine que les pressions erratiques de Trump sur les tarifs commerciaux avec la déstabilisation des relations entre Canada et États-Unis et Groenland et États-Unis, relèvent d’une logique à présent mondialisée, inaugurée par Poutine en Crimée en 2014 : celle du partage de zones d’influence pouvant aller jusqu’à des annexions territoriales. La Chine observe, prend position tactiquement contre l’abaissement de l’Europe (ça ne lui coûte rien), et évalue si l’annexion de Taïwan est réalisable dans ce cadre d’un partage global. Quelles que soient les variantes, elles ont trois points communs centraux :

  • 1°) l’abaissement de l’Europe vouée à l’extrême droite par Poutine, Trump et Musk,
  • 2°) à terme la guerre mondiale,
  • 3°) le tout dans l’amplification accélérée de la crise bio-géo-climatique produite par l’accumulation capitaliste.

En Europe, prêcher la hausse des dépenses militaires au détriment des services publics, de la protection sociale et de l’écologie, comme le fait Macron qui tente de se remettre en selle par cette situation, c’est faire le jeu de l’abaissement du continent. Et prêcher « la paix » en prétendant qu’il n’y a pas de menace, idem. Une politique indépendante du prolétariat serait la seule qui ne relève pas de l’union sacrée avec les uns ou les autres, la seule qui peut peut-être éviter la guerre tout en s’y préparant.

VP, 12/03/2025 matin.

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