
C’est un sondage commandé par le quotidien Ouest-France, diffusé ce lundi 10 mars, qui contribue à alimenter la propagande de guerre : 61% des Français seraient «favorables au rétablissement d’une forme de service militaire obligatoire». On aimerait que les sondeurs posent d’autres questions plus pertinentes, par exemple : «Aimeriez vous envoyer Emmanuel Macron sur le front ?». Le résultat serait sans doute savoureux.
La semaine dernière, la chaine LCI, possédée par le milliardaire Bouygues, diffusait un autre sondage expliquant que «57% des jeunes » seraient «prêts à s’enrôler en cas de guerre» et que «42% des jeunes Français se disent prêts à mourir au combat». Quel bel horizon proposé pour les nouvelles générations !
Fin janvier, lors de ses vœux aux armées, Macron avait évoqué le «sens du sacrifice» dont devraient faire preuve les «jeunes générations», et son souhait de « mobiliser » davantage de jeunes volontaires « en renfort des armées ». Il a demandé à l’état-major français de faire des propositions d’ici mai pour «renforcer les rangs» des militaires.
C’est toute l’Europe qui semble vouloir sacrifier sa jeunesse. Le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz annonce que son pays doit se préparer « au pire scénario » et envisage de remettre en place le service militaire. Celui ci a été suspendu en Allemagne depuis 2011, et cela « ne convient plus », selon la droite au pouvoir. Pire, même la gauche allemande aussi se rallie au militarisme et à l’Union Sacrée. Joschka Fischer, ancien ministre et écologiste déclare : «Le service militaire obligatoire doit être réintroduit. Pour les deux sexes. Sans cette mesure, nous ne progresserons pas dans la protection de l’Europe». Cet homme était pour l’abolition du service il y a encore quelques années. La gauche allemande est décidément la plus bête du monde, après avoir soutenu avec ferveur le colonialisme israélien, elle se range derrière les discours bellicistes les plus inquiétants.
Néanmoins, les discours se ressemblent en Belgique et au Royaume-Uni, où le service a été supprimé il y a des décennies. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak estime que les jeunes de 18 ans pourraient choisir «entre un placement à temps plein de 12 mois dans les forces armées» ou «un week-end par mois pendant un an de volontariat au sein de leur communauté», et le nouveau gouvernement belge, qui comprend l’extrême droite, imagine aussi de remobiliser les jeunes dans son armée.
Le Premier ministre polonais veut carrément créer un programme pour que tous les hommes en Pologne suivent une formation militaire. Il s’agit selon lui de « préparer une formation militaire à grande échelle pour chaque homme adulte en Pologne soit formé en cas de guerre ». Il souhaite aussi augmenter les troupes de l’armée polonaise, y compris les réservistes, en passant de 200 000 à 500 000 soldats, soit plus que l’armée française. La Pologne prévoit enfin de consacrer 4,7 % de son PIB à la défense cette année, le taux le plus élevé de l’OTAN.
De son côté, le président de la Lettonie réclame que tous les pays européens instaurent le service militaire obligatoire.
Revenons au sondage de Ouest-France, qui vise à faire passer la pilule dans l’opinion française. Quand on le regarde plus en détail, en fonction des classes d’âge, on constate que les 18-34 ans ne sont «que» 43% à être favorables au service militaire, de même que les 25-34 ans, à peine plus nombreux. C’est déjà trop, nous sommes d’accord, mais ce n’est pas majoritaire.
A l’inverse, le taux de personnes favorables au service explose chez les plus âgés. Ils sont 72% chez les plus de 65 ans. Les paisibles retraités veulent donc envoyer leurs petits enfants au front. Une personne âgée de 65 ans en 2025 est née en 1960, elle a bénéficié des meilleurs services publics, d’une période de paix tout au long de sa vie, de l’esprit hippie des années 1970, une grande part a échappé au service en se faisant réformer … Cette génération est décidément bien généreuse avec sa descendance !
Déjà en 2022, les plus de 65 ans avaient plébiscité Macron et voté à près de 80% soit pour lui, soit pour l’extrême droite. Cela coïncide avec la population qui s’informe encore devant la télé. C’est cette génération post-mai 68 et Mitterrand, amour libre et plein emploi, baisse du temps de travail et droit sociaux, qui a empêché la gauche d’arriver au second tour et qui a offert un second mandat à Macron. En 2023, c’était aussi la seule catégorie favorable au recul de l’âge de départ en retraites, mesure rejetée par 9 travailleurs sur 10. Tout cela est finalement assez cohérent : ceux qui ont profité de la paix et de retraites généreuses les refusent aux générations suivantes.
La catégorie des 45-54 ans n’est guère mieux : celle-ci n’a même pas eu à faire son service militaire suspendu dans les années 1990, mais elle compte 70% de favorable au retour du service obligatoire pour les jeunes !
Le macronisme n’existe plus du tout dans la jeunesse : selon un sondage de 2022, il ne représentait que 4% d’intentions de vote chez les 18-24 ans. En revanche, Macron faisait 29% chez les plus de 70 ans. «Aucun parti ne connaît un tel grand écart» écrivait Le Monde. Sur 100 électeurs de la majorité, les deux tiers ont aujourd’hui plus de 60 ans.
La France est dirigée par une gérontocratie affalée devant BFM et Cnews, pendant que la jeunesse qui lutte pour son avenir et une planète vivable reçoit du gaz lacrymogène … avant d’être envoyé dans les charniers d’une guerre à venir ?
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Une source : https://www.lefigaro.fr/…/six-francais-sur-dix…
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Eliane Mévouillon, Joachim Arke et 2 autres personnes
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