
Le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, à Washington, aux Etats-Unis, le 24 mars 2025 ( AFP / Brendan SMIALOWSKI )
Bien décidé à étrangler économiquement Caracas, Donald Trump a annoncé lundi que les pays achetant du gaz ou du pétrole vénézuélien seraient frappés à partir du 2 avril de droits de douane de 25% sur toutes leurs marchandises entrant aux Etats-Unis.
Le président américain, qui multiplie les expulsions de migrants venus de ce pays, a justifié la mise en place de ces droits de douane en écrivant sur son réseau Truth Social que Caracas était « très hostile » aux Etats-Unis.
Ces taxes punitives doivent entrer en vigueur le même jour que les droits de douane « réciproques » que Donald Trump a promis d’infliger tous azimuts aux partenaires commerciaux des Etats-Unis.
Ces droits de douane réciproques visent selon lui à taxer les produits entrant aux Etats-Unis et venant d’un autre pays au même niveau que le sont les produits américains entrant dans ledit pays.
Le président américain parle même du 2 avril comme du « jour de la libération ».
Afin d’accentuer la pression sur Caracas, M. Trump avait annoncé avoir mis fin à la licence permettant au géant pétrolier américain Chevron d’opérer au Venezuela mais le groupe a obtenu lundi auprès du département du Trésor une prolongation de son permis jusqu’au 27 mai, selon des documents que l’AFP a pu consulter.
Donald Trump a fait des droits de douane la pierre angulaire de sa politique économique, sociale et même diplomatique.
Dans l’esprit de l’ancien promoteur immobilier, les taxes douanières sont une arme universelle permettant à la fois de réindustrialiser les Etats-Unis, de réduire le déficit commercial, de résorber le déficit budgétaire, de doper l’emploi, et d’établir un rapport de force plus favorable pour Washington sur la scène internationale.
– Inde et Chine dans le viseur –
Après les avoir utilisés brièvement à l’encontre de la Colombie pour forcer le pays sud-américain à accepter le retour de migrants entrés illégalement aux Etats-Unis, il les a employés contre le Canada et le Mexique pour les inciter à lutter plus efficacement contre le trafic de fentanyl, un puissant opioïde ayant causé une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.
Il avait finalement suspendu une grande part des 25% appliqués aux produits canadiens et mexicains, alors que les échanges avec les deux pays profitent théoriquement d’un accord de libre-échange tripartite (ACEUM) que le président américain avait négocié et signé durant son premier mandat.
Donald Trump a en revanche imposé, pour les mêmes raisons, 20% de points de pourcentage sur les produits chinois, qui viennent s’ajouter à ceux qui étaient déjà en vigueur avant son retour à la Maison Blanche fin janvier.
Le président américain a aussi imposé 25% sur l’ensemble des importations d’acier et d’aluminium entrant dans le pays, cette fois pour protéger l’industrie sidérurgique américaine de la concurrence étrangère, en particulier asiatique.
Ces nouveaux droits de douane visant les acheteurs de pétrole vénézuélien pourraient en particulier toucher l’Inde et la Chine, déjà dans le viseur du gouvernement américain, et viendront « s’ajouter à ceux déjà existants, c’est en plus », a précisé M. Trump lundi, s’exprimant depuis le Bureau ovale.
– Situation « très volatile » –
La Chine importe en effet quotidiennement 500.000 barils de brut vénézuélien, l’Inde en faisant venir nettement moins. Le deuxième client sont cependant les Etats-Unis, avec 240.000 barils quotidiens, selon des experts interrogés par l’AFP.
La prochaine étape de Donald Trump devrait être la mise en place des droits de douane réciproques, qui pourraient devenir effectifs dès le 2 avril.
Mais les marchés s’attendent à ce qu’ils soient moins importants qu’annoncés, se concentrant sur les principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis, avec des exemptions potentielles sur certains secteurs.
Donald Trump n’a jamais caché sa volonté de les appliquer sur l’automobile, les produits pharmaceutiques ou encore les semiconducteurs.
« Nous annoncerons d’autres taxes dans les prochains jours, en lien avec l’automobile, et un petit peu avec le bois de construction, ainsi que les semiconducteurs », a confirmé le président américain.
De nouveaux droits de douane sectoriels « pourraient, ou pas, entrer en vigueur le 2 avril », a déclaré à l’AFP un responsable américain, pour qui la situation reste « très volatile ».
Les partenaires commerciaux des Etats-Unis tentent d’ailleurs de prolonger les discussions, à l’image du commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic, attendu mardi dans la capitale américaine pour rencontrer le secrétaire au Commerce Howard Lutnick.
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