La Russie, l’Ukraine et la « souveraineté limitée »

29 mars 2025

Les partisans d’un nouveau Yalta en Europe prêts à accorder à la Russie carte blanche dans sa « zone d’influence » au nom de la paix réinventent la « doctrine Brejnev », au mépris de la liberté des peuples et des droits de l’homme.

DavidNoel62

Docteur en histoire contemporaine et chargé d’enseignement vacataire à l’Université de Lille. Président de la LDH 62.

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En 1968, pour justifier la répression du printemps de Prague, Brejnev inventait la notion de « souveraineté limitée » dans la zone d’influence soviétique, la fameuse « doctrine Brejnev ».

Aujourd’hui, de soi-disant « pacifistes » qui sont en réalité des partisans de la dictature de Poutine nous racontent qu’être anti-impérialiste en 2025 consisterait à signer un nouveau Yalta avec la Russie, à reconnaître à la Russie une zone d’influence en Europe et à nier à l’Ukraine, à la Géorgie ou à la Moldavie le droit de devenir des démocraties libérales et de choisir leurs alliés.

Ce qui faisait peur à Brejnev, en 1968, c’est que le « socialisme à visage humain » de Dubček ne donne des idées aux habitants de l’URSS.

À l’époque, le PCF et le PCI, la CGT et la CGIL avaient condamné l’intervention soviétique.

Poutine n’a pas peur de l’Otan en Géorgie et en Ukraine. Il a peur de la démocratie et des droits de l’homme, de la liberté de la presse et des élections libres.

C’est parce qu’il en a peur qu’il fait assassiner ses opposants, qu’il est intervenu en Géorgie en 2008 et en Ukraine dès 2014 en instrumentalisant des mouvements séparatistes téléguidés depuis Moscou à la suite de révolutions démocratiques.

C’est parce qu’il a peur de la démocratie qu’il a envahi l’Ukraine en 2022 avec l’intention d’annexer des régions entières et de vassaliser ce qui aurait subsisté de l’Ukraine.

Lorsque Poutine parle de « dénazification », c’est en réalité « vassalisation » qu’il faut entendre.

Il est stupéfiant que des militants du PCF et de LFI, par anti-impérialisme de guerre froide, reprennent cette novlangue propagandiste.

Militer pour un nouveau Yalta en Europe et la souveraineté limitée des pays situés dans la zone d’influence russe, ce n’est en aucun cas être « pacifiste » et « anti-impérialiste » ; c’est être un valet de l’impérialisme russe et afficher son mépris total des droits de l’homme, de la liberté et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

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