Le rassemblement de soutien à Marine Le Pen

Lors d’un rassemblement à Paris, Marine Le Pen dit être la cible d’« une chasse aux sorcières » ; plusieurs milliers de personnes place de la République à la contre-manifestation

Un rassemblement de soutien à Marine Le Pen se termine place Vauban à Paris (7ᵉ), tandis que les macronistes sont réunis en congrès en Seine-Saint-Denis et qu’une partie de la gauche s’est retrouvée pour une contre-manifestation place de la République.

Le Monde avec AFP

Publié aujourd’hui à 13h40,

La cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, a dénoncé, dimanche 6 avril, une « décision politique » et une « chasse aux sorcières », après sa condamnation en première instance − quatre ans de prison dont deux ans ferme aménagés sous bracelet électronique et cinq ans d’inéligibilité avec application immédiate − ainsi que celle de son parti lundi pour détournement de fonds public, lors d’un rassemblement de soutien à Paris, sur la place Vauban, devant le dôme des Invalides.

Devant ses soutiens, dont Jordan Bardella a assuré qu’ils étaient « plus de 10 000 », Marine Le Pen s’est érigée en combattante, après un jugement qui, selon elle, n’est « pas une décision de justice, c’est une décision politique (..) qui a non seulement bafoué l’Etat de droit, mais aussi l’état de démocratie ». La cheffe de file du RN a appelé à une « résistance pacifique et démocratique, populaire et patriote » invoquant la figure de Martin Luther King engagé pour les droits civiques aux Etats-Unis dans les années 1960. Une référence dont l’entourage de Mme Le Pen use depuis plusieurs jours.

Se considérant comme la cible d’une « chasse aux sorcières », la triple candidate à l’élection présidentielle a accusé la justice de « s’ingérer dans la façon dont les élus conduisent leur mandat. Dès lors qu’il n’y a pas de corruption ou d’enrichissement personnel, elle n’a pas non plus à choisir les candidats aux élections », a-t-elle tranché.

Jordan Bardella fustige une « démocratie française exécutée »

Avant elle, le président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella, a fait du 31 mars 2025, date du prononcé du jugement dans l’affaire des assistants parlementaires des eurodéputés du Front national, « une date sombre dans l’histoire de France » durant laquelle une « décision judiciaire injuste et scandaleuse » a visé à éliminer Marine Le Pen de la course à l’Elysée. Une cheffe du file du RN « injustement condamnée. C’est la démocratie française qui est exécutée sur une simple décision de justice », a-t-il tonné.

Jordan Bardella prononce un discours lors du rassemblement de soutien du RN, sur la place Vauban, à Paris, le 6 avril 2025.
Au rassemblement du RN en soutien à Marine Le Pen, sur la place Vauban, à Paris, le 6 avril 2025.

« ll ne s’agira jamais pour nous de mettre en accusation ou de jeter le discrédit sur l’ensemble des juges ou de l’institution judiciaire », a voulu rassurer M. Bardella avant d’attaquer le Syndicat national de la magistrature, cible récurrente du parti d’extrême droite, dont il estime qu’« il érige le délinquant en victime et promeut une insupportable culture de l’excuse ».

Dans une prise de parole frontale contre la justice, Louis Aliot, premier vice-président du RN et condamné à 6 mois ferme sous bracelet électronique et à une peine d’inéligibilité de 3 ans, a qualifié la condamnation de Marine Le Pen d’« affaire de persécution », rejetant la culpabilité reconnue en première instance. « Aucun argent public n’a été détourné, [il n’y a eu] aucun préjudice à l’égard du Parlement européen », accusant ce dernier de complicité et d’avoir commis des faux en écriture.

Et d’attaquer « le système [qui] est une construction fictive pour (…) condamner [le RN] alors que le seul et vrai système est celui qui (…) fait la guerre [au RN] pour détruire ce qu’[il] représent[e] » tout en disant que, selon M. Aliot, « la justice est utilisée à des fins purement partisanes et politiques », faisant valoir la popularité de Marine Le Pen dans les sondages à deux ans de l’élection présidentielle.

Quelques heures auparavant, la cheffe de file de l’extrême droite a déclaré qu’elle contesterait ce jugement par la voie « démocratique » et « pacifique », invoquant le combat pour les droits civiques aux Etats-Unis du pasteur Martin Luther King car « ce sont les droits civiques des Français aujourd’hui qui sont mis en cause », a-t-elle déclaré par visioconférence aux congressistes de la Lega, le parti anti-immigration italien de Matteo Salvini, réuni à Florence.

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Et martelé que le RN multiplierait les voies de recours légales et les manifestations pacifiques, même s’il conteste la légitimité de cette condamnation en première instance dans l’affaire des assistants parlementaires européens et s’attaque avec virulence aux magistrats.

Gabriel Attal accuse l’extrême droite d’« attaquer les juges »

« Nous allons nous battre, nous ne céderons jamais à cette violence, nous ne céderons jamais à cette violation de la démocratie. Nous allons utiliser tous les moyens de droit possibles pour pouvoir concourir à cette élection présidentielle et mettre en échec cette tentative de mettre fin au fonctionnement démocratique de la France », a assuré Marine Le Pen. « Merci Marine, nous ne voulons pas te prendre plus de temps », lui a répondu Matteo Salvini, « aujourd’hui sera une journée importante pour toi, pour la France », a-t-il dit.

Gabriel Attal s’exprime lors du meeting du parti Renaissance, à la Cité du cinéma, à Saint-Denis, au nord de Paris, le 6 avril 2025.

Le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a estimé dimanche que le RN montrait son « vrai visage », en organisant un rassemblement à Paris en soutien de Marine Le Pen après sa condamnation judiciaire durant laquelle 15 000 personnes se sont réunies, selon les organisateurs ; 3 000 personnes selon une source policière jointe par l’Agence France-Presse. « Il ne suffit pas de porter des cravates à l’Assemblée nationale. L’extrême droite est un parti dangereux, dangereux pour la démocratie et dangereux pour l’Etat de droit. C’est un parti violent qui menace y compris les juges quand les décisions prises par la justice ne leur convient pas », a déclaré M. Bompard à la presse, au début d’un contre-rassemblement place de la République. Appelé par une partie de la gauche, il réunissait quelques centaines de personnes dimanche en début d’après-midi, « une première étape » avant le 1er mai, selon M. Bompard.

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Plus tôt dans la journée, en ouverture d’un meeting Renaissance à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Gabriel Attal a accusé l’extrême droite d’« attaquer [les] juges, attaquer [les] institutions ». « Gardons intact cet attachement à la moralisation de la vie politique et à nos institutions au moment où elles sont contestées par l’extrême droite qui se réunit aujourd’hui pour attaquer nos juges, attaquer nos institutions. (…) Nous, ici, nous ne disqualifierons jamais une décision de justice », a lancé M. Attal, en ouverture d’une table ronde avec les principaux dirigeants du bloc central, dont le premier ministre, François Bayrou, et Edouard Philippe.

Le Monde avec AFP

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